Économie

Semence d’ail : « On produit en Algérie ce qu’on ramenait avant de Chine »

Plus de 90% des semences potagères utilisées en Algérie sont actuellement importées. En août, lors de l’inauguration de la banque nationale de semences, le premier ministre s’en était ému. Dans la foulée, il a annoncé que l’Algérie va interdire l’importation de semences maraîchères à partir de 2023.

Des producteurs d’ail d’Oum El Bouaghi tentent de relever le défi en produisant leur propre semence. Mais avec quelles conséquences sur la qualité des produits ?

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« Avant, on ramenait de l’ail de Chine »

À Ouled Hamela (Oum el Bouaghi), dans le hangar où il stocke sa récolte d’ail, Rabal Tourchi confie à Ennahar TV : « On produit de la semence à partir de notre production. On garde de l’ail qu’on replante l’année suivante. »

Dans le hangar, des monceaux d’ail sont entreposés sous forme de gerbes empilées les unes sur les autres et côtoient des caisses remplies de gousses d’ail. Gacem, un autre producteur, se souvient qu’auparavant : « On ramenait la semence de l’étranger dans des boîtes en cartons. Elle nous coûtait 800, 900, voire 1000 DA. »

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Dans son champ, Messaoud confirme : « Avant, ils ramenaient des semences de Chine, maintenant, on produit notre propre semence. Cela fait un moment. »

Quand on lui demande si cette semence donne de bons résultats, il répond par l’affirmative. Les maladies qui touchent les cultures d’ail sont fréquentes et sont la cause de fortes pertes de rendement. Il se plaint du coût des pesticides : « le produit qui coûtait 1000 DA coûte maintenant 2000 DA. Une augmentation de 100%. »

L’Institut national de protection des végétaux multiplie les journées de sensibilisation concernant les maladies de l’ail et de l’oignon comme à Béni Amrane (Boumerdès) en mars 2018.

Raphaël Reboul, spécialisé dans la production de semences d’ail

Dans le sud de la France, Raphaël Reboul, lui aussi produit de l’ail mais uniquement de la semence. Récemment, il confiait à la revue Bulletin Semences sa façon de faire. Il cultive chaque année 35 hectares d’ail sur les 140 que compte son exploitation.

Pourquoi seulement 35 hectares d’ail ? Car, explique-t-il, le retour de l’ail sur une même parcelle ne doit pas se faire avant 5 années. But, éviter une prolifération des nématodes inféodés à l’ail. Ces minuscules vers du sol peuvent causer des dégâts en s’attaquant aux racines.

L’autre ennemi de Raphaël est le puceron. Il suffit d’une seule piqûre pour transmettre des virus provoquant des chutes de rendement.

Des filets pour éviter les pucerons

Aussi, durant la culture des 5 générations d’ail issues des plants de base, il tend des filets insect-proofs au-dessus des rangs d’ail. Des filets qui ne laissent passer aucun puceron.

Malgré ces précautions, si un plant présente le moindre jaunissement du feuillage et donc un risque de maladie, il est systématiquement arraché : « Pour les cultures de plein champ, on épure manuellement, du mois de mars jusqu’à la récolte. » Autre astuce de ce producteur de semences : « Sur mon exploitation, je favorise des gros blocs de culture, pour éviter que le puceron n’entre au cœur des parcelles.»

Raphaël, Gacem, Messaoud et Rabah sont tous passionnés par la culture de l’ail, mais avec des façons différentes de procéder. On peut imaginer les discussions entre ces producteurs s’ils se rencontraient.

Lors d’un récent conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé d’intensifier le partenariat étranger dans le domaine agricole. L’occasion de développer de tels échanges…

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