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Sommet arabo-musulman : le « véto » des amis arabes d’Israël

Sommet arabo-musulman : le « véto » des amis arabes d’Israël

Au sommet arabo-musulman tenu samedi 11 novembre en Arabie Saoudite, les pays arabes amis d’Israël ont mis leur « véto » contre des mesures fermes contre l’État hébreu.

Malgré la présence exceptionnelle de la Turquie et de l’Iran et la gravité de la situation en Palestine, le sommet s’est terminé comme toutes les précédentes réunions des dirigeants de la région, c’est-à-dire par un communiqué condamnant Israël mais sans mesure concrète et contraignante à même de faire cesser l’agression sur la bande de Gaza.

Certains pays participants ont mis leur « véto » à des propositions très fermes à l’égard d’Israël et de ses soutiens.

Le sommet a été convoqué par le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed Ben Salmane (MBS) alors que la situation ne cesse de se dégrader dans la bande de Gaza, soumise à des bombardements intensifs et discontinus de l’armée israélienne depuis le 7 octobre.

Le bilan a dépassé les 11 000 morts et 28 000 blessés parmi les civils palestiniens. Le Conseil de sécurité de l’ONU a échoué à imposer un cessez-le-feu à cause du véto américain et français.

Le sommet de Riyad s’est tenu dans un contexte de montée de l’indignation mondiale devant les crimes de l’armée israélienne. Le même jour, des centaines de milliers de manifestants ont marché dans les rues de Londres pour la Palestine. La veille, le président français Emmanuel Macron avait appelé directement à un cessez-le-feu et exhorté Israël de cesser de tuer des femmes et des bébés.

Avec la présence de l’Iran, premier soutien du Hamas palestinien, et de la Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdogan a fini par adopter un ton très ferme et menaçant à l’égard d’Israël, le sommet devait être l’occasion de faire de nouveau de la question palestinienne une cause de tout le monde musulman et surtout de rompre avec les déclarations monotones et inutiles des sommets arabes.

La déclaration finale est une condamnation sans équivoque d’Israël. Pour les participants au sommet de Ryad, Israël ne mène pas une guerre de « légitime défense » comme il le prétend, mais exerce un terrorisme contre le peuple palestinien.

Ils se sont néanmoins contentés d’un appel au Conseil de sécurité, qu’ils savent vain à cause du véto inéluctable des États-Unis, pour une résolution contraignante exigeant un cessez-le-feu.

Mesures punitives contre Israël : le camp de la normalisation a mis son véto

Ils ont aussi appelé à cesser les ventes d’armes à Israël, sans conviction aussi car le premier fournisseur d’armes de l’État hébreu reste son allié américain qui, rien que depuis le 7 octobre, lui a livré 7 000 tonnes d’armements et d’équipements militaires via un pont aérien et maritime.

Sur l’essentiel, c’est-à-dire les mesures douloureuses et réellement contraignantes, les États arabes ont affiché au grand jour leurs divisions sur la question, du reste connues de tous.

En 2020, quatre nouveaux pays ont normalisé leurs relations avec Israël. Il s’agit des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan et du Maroc.

Ils avaient rejoint l’Égypte et la Jordanie qui entretiennent des relations diplomatiques avec l’État hébreu depuis 1979 et 1994 respectivement. Avant le déclenchement de la guerre en cours, l’Arabie Saoudite était proche d’un accord de normalisation et des intentions de rapprochement avec Israël étaient aussi prêtées à la Mauritanie.

Au Sommet de Ryad, des propositions ont été faites pour l’utilisation des nombreux atouts diplomatiques, géostratégiques et économiques dont disposent les pays de la région.

Il a été proposé de rompre tous les liens diplomatiques et économiques avec Israël, d’imposer un embargo pétrolier contre ce pays et ses soutiens comme en 1973, de fermer l’espace aérien des pays de la région aux avions desservant Israël et d’empêcher le chargement d’armements à destination de l’État hébreu à partir des bases américaines de la région.

Ces propositions n’ont pas été retenues faute de consensus. Selon deux diplomates arabes cités par l’AFP, il était prévu de tenir un sommet arabe et un autre islamique séparément, mais les profondes divergences ont justement amené l’Arabie Saoudite à jumeler les deux réunions en un seul sommet.

Les propositions de mesures punitives ont buté sur le véto de trois pays, dont les Émirats et Bahreïn, selon de nombreux médias internationaux.

Selon l’agence Reuters, l’Algérie fait partie des pays qui ont proposé des mesures fermes et concrètes, mais l’opposition est venue d’ « un bloc de pays arabes ayant établi des relations diplomatiques avec Israël ».

Selon Times of Israël, il s’agit de l’Égypte, de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan, du Maroc, de la Mauritanie et de Djibouti.

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