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Titre de séjour France : les médecins étrangers sont « maltraités » par les préfectures

Titre de séjour France : les médecins étrangers sont « maltraités » par les préfectures

Les difficultés liées au renouvellement des titres de séjour en France touchent de plein fouet des secteurs sensibles, à l’image des services de santé et des soins. Des médecins étrangers indispensables au fonctionnement de nombreux centres hospitaliers sont expulsés ou menacés d’expulsion.

Cela touche en particulier les praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue), confrontés à la fois aux difficultés de renouvellement de leurs titres de séjour, et à l’obligation, instaurée depuis plus d’un an, de passer des épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour pouvoir rester en France.

Le cas du psychiatre tunisien de l’hôpital de Millau, dans le sud de la France, expulsé sans ménagement fin mai dernier, a choqué. Malgré la mobilisation des soignants, des patients et de la société civile – une pétition a recueilli 15.000 signatures-, la Préfecture n’a pas reculé. Pourtant, les conséquences sont désastreuses : 300 patients se retrouvent sans psychiatre, souligne Radio France.

La situation souvent précaire de ces praticiens est palpable un peu partout en France. À l’hôpital de Gonesse, dans le département du Val-d’Oise, en région Île-de-France, la situation des médecins étrangers ne fait pas exception, explique le journal Le Parisien dans un reportage publié vendredi 7 juin.

Titres de séjour et EVC : les médecins étrangers vivent souvent dans la précarité

« Sans eux, certains services baissent carrément le rideau », déclare un délégué de la confédération générale du travail (CGT), cité ce vendredi 7 juin par le journal français. Selon lui, cela touche particulièrement les services de la psychiatrie, de la pédopsychiatrie et les urgences adultes.

Le syndicaliste parle de 203 Padhue (bientôt 229 si l’on prend en compte les nouveaux arrivés), sur 477 médecins au total, internes compris, ce qui représente un taux de 48 % des praticiens étrangers au sein de cet établissement hospitalier.

Bien qu’ils soient indispensables au fonctionnement de l’hôpital, ces médecins vivent souvent dans la précarité, une situation qui s’est aggravée ces derniers mois avec les difficultés de renouvellement des titres de séjour constatées sur l’ensemble du territoire français.

En outre, ces praticiens sont également confrontés à la règle nationale les obligeant depuis plus d’un an à passer des épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour pouvoir continuer à exercer en France.

Selon les organisations syndicales, plus de 2 600 praticiens sont bloqués à cause de ce concours, car la plupart n’ont pas réussi à le décrocher ou n’ont même pas pu le passer, faute de régularités de séjour, bloquées au niveau des préfectures.

« Nous ne sommes pas décisionnaires sur les délivrances de titres de séjour »

En plus des médecins étrangers, l’EVC bloque les aussi des binationaux, comme c’est le cas pour Belkacem, un franco-algérien ayant obtenu son diplôme en Algérie en 1993. Pour renouveler son contrat, il est contraint de passer l’EVC de médecin généraliste et non celui en pédopsychiatrie, spécialité qu’il exerce en France.

« Comment on explique que ces mêmes médecins maltraités administrativement en France sont accueillis à bras ouverts en Allemagne ou en Suisse ? », s’interroge-t-on du côté de la CGT.

De son côté, l’hôpital de Gonesse réitère sa volonté d’accompagner ces médecins, à travers notamment des « liens privilégiés avec la préfecture, des renseignements sur les démarches et un accompagnement aux concours… ».  

Or, malgré ces efforts, « nous ne sommes malheureusement pas décisionnaires sur les délivrances de titres de séjour et les autorisations d’exercice de la médecine des praticiens. Cela dépend du ministère de l’Intérieur en lien avec le ministère de la Santé », indique la direction de l’hôpital. 

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