Économie

Tourisme : pourquoi la Tunisie attire tant les Algériens

Les frontières terrestres algéro-tunisiennes ont rouvert vendredi 15 juillet après deux ans de fermeture à cause du Covid.

 L’annonce a été faite par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, mardi 5 juillet dernier à l’occasion des célébrations du 60e anniversaire de l’indépendance nationale, en présence du président tunisien, Kaïs Saïed.

| Lire aussi : Algérie : ces « barrières artificielles » qui freinent le tourisme

Accueil chaleureux pour les premiers vacanciers algériens 

Vendredi, les autorités tunisiennes n’ont pas fait dans la dentelle et ont réservé un accueil chaleureux aux premiers vacanciers algériens arrivés aux postes frontaliers.

Selon le journal El Khabar, le ministre tunisien du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, a reçu lui-même, les premiers touristes algériens au poste frontalier de Melloula arrivés à minuit à Tabarka (gouvernorat de Jendouba).

Le président du Syndicat national des agences de voyages confirme qu’il n’y a pas de rush sur la destination tunisienne pour des raisons pratiques, la période de la réouverture intervenant la veille de l’annonce des résultats du Bac 2022 en Algérie.

« Pratiquement toute la population attendait les résultats du BEM et du BAC. C’est ce pourquoi il n’y a pas de rush », affirme Nadir Belhadj, dans une déclaration à TSA.

Les tarifs ont augmenté de 30 %  

En revanche, le président du SNAV prévoit une hausse des départs de touristes algériens dans les tout prochains jours.

« Il va y avoir un grand rush (vers la destination tunisienne) à partir du 23-24 juillet. Les gens vont se libérer des examens », prévoit-il, ajoutant que la « ruée » sera sur toutes les destinations « pas uniquement la Tunisie ».

Selon Nadir Belhadj, cette tendance est observée chaque année, en dehors de la parenthèse de la Covid durant laquelle les frontières terrestres et aériennes étaient fermées ou partiellement fermées.

« Aujourd’hui, les échos sont très favorables pour les agences de voyages qui veulent opérer sur la destination Tunisie », dit-il, ajoutant qu’il y aura un « grand boom » des vacanciers algériens.

Le président du SNAV confirme la récente hausse des tarifs dans les hôtels tunisiens qui ont profité de la réouverture des frontières pour surenchérir.

 « La spéculation y est à 100 %. Quand les Tunisiens ont appris qu’il va y avoir la réouverture des frontières, les tarifs ont augmenté de 25-30 % », dévoile M. Belhadj.

« Après avoir vu qu’il n’y a pas eu de rush, les hôtels ont repris leurs tarifs initiaux », relève-t-il.

Une « aubaine » et « une très bonne opportunité » pour les agences de voyages algériennes, se félicite-t-il.

Pour éviter la surenchère lors du prochain rush des vacanciers algériens, les agences de voyages ont d’ores et déjà pris les devants en réservant dans les hôtels et pris option sur des dates, des contrats ont été signés, etc.

Ce qui exclut toute augmentation des tarifs, assure Nadir Belhadj. Mais il estime que pour les prochaines réservations, les augmentations seront inévitables, sous l’effet mécanique de la hausse de la demande.

Prix concurrentiels 

Nous avons interrogé le président du SNAV sur les prix  des nuitées en Tunisie.

Il confirme que la politique des tarifs qui est pratiquée par les hôteliers tunisiens est des plus alléchantes d’où l’engouement que suscite cette destination chez les vacanciers algériens.

« En prenant en compte les tarifs normaux hors inflation, un hôtel 4 étoiles en all inclusive (pension complète) le tarif est de 5 000 DA par journée et par personne. Vous pouvez trouver des hôtels 3 étoiles à 3000-3 500 DA (la nuitée). Ce sont les tarifs actuels », dévoile Nadir Belhadj.

« Ces tarifs peuvent augmenter de 30 à 40 % » avec le rush attendu des vacanciers algériens, fait-il observer.

Hammamet, Nabeul, Sousse et Monastir sont les destinations tunisiennes les plus prisées par les Algériens, note le président du SNAV.

Interrogé sur l’engouement que suscite la destination tunisienne auprès des Algériens qui sont des centaines de milliers à s’y rendre chaque année pour leurs vacances, Nadir Belhadj cite en premier lieu le facteur lié à la qualité/prix plus avantageux par rapport à ce qui se pratique en Algérie.

« La formule all inclusive (en Tunisie) ce n’est même pas le petit-déj ici en Algérie », illustre-t-il.

En plus des tarifs attractifs, il y a aussi les commodités, les attractions et l’ensemble des prestations proposées, ajoute-t-il.

Le président du SNAV revient sur le fait que la destination tunisienne jette une lumière crue sur l’état du tourisme en Algérie.

La faiblesse de l’offre touristique locale est dans une large mesure la cause qui pousse les vacanciers algériens à se tourner vers d’autres destinations touristiques, moins chères mais aussi plus intéressantes en matière d’accueil et de prestations.

Le président du SNAV met en avant la richesse des sites dont regorge l’Algérie.

Un potentiel qui n’est pas exploité. Il met en avant tous les bénéfices notamment en matière de créations d’emplois que la relance du tourisme en Algérie peut entraîner.

M. Belhadj lance un appel aux autorités afin d’accorder la plus haute importance à ce secteur lequel « s’il se développe deviendra une source impérissable » de développement.

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