Économie

Transport à Alger : le projet du monorail est-il viable ?

À la recherche de solutions pour décongestionner Alger qui fait face à des embouteillages monstres, les autorités explorent plusieurs pistes en matière d’infrastructures de transport, comme le monorail ou le métro aérien.

En visite à Alger, cette semaine, le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Brahim Merad a parlé, entre autres, du monorail comme solution dans le domaine du transport pour la capitale.

Le monorail fait partie des solutions explorées pour désengorger la capitale. Dans une vidéo de Sabq Press, on peut voir une exposition du projet.

Ce monorail est prévu pour relier le palais des expositions de la Safex, à l’Est d’Alger, à Zéralda à l’Ouest de la capitale. « Pour l’instant, il ne s’agit que d’une idée qui a besoin d’une réflexion plus profonde compte tenu de l’importance du projet », a déclaré le ministre de l’Intérieur au sujet du monorail ou du métro aérien d’Alger.

Dans la vidéo, on voit le passage virtuel du monorail où on peut deviner le tronçon. Du Palais d’exposition, c’est par la pénétrante de Drid Hocine que les rames passeront sur des viaducs vers la rocade menant vers Zéralda en passant par les Annassers.

Alger : un monorail des Pins Maritimes jusqu’à Zéralda

C’est par cette autoroute que se dirigera le monorail jusqu’à sa destination finale en passant par Saïd Hamdine, Ben Aknoun puis les Grands Vents et le parc Dounia.

« On pourrait aller vers l’enregistrement de ce projet tant qu’il contribue à atteindre l’objectif de décongestionner la capitale en matière de transport », a ajouté Brahim Merad concernant le monorail.

Un autre tracé de monorail est à l’étude également. Il s’agit d’une ligne qui reliera Oued Smar à Birtouta, selon le journal Horizons.

L’idée est de couvrir les zones de l’intérieur de la capitale, d’autant plus qu’elles connaissent une progression démographique en raison notamment de la construction de nouvelles cités, ce qui nécessiterait un accompagnement en matière de mobilité qui est l’un des points faibles de la capitale algérienne.

L’idée du monorail ou du métro aérien d’Alger n’est pas nouvelle. Elle a déjà été avancée par le groupe Cosider comme le rappelle Aniss Mezoued, architecte, urbaniste et chercheur académique sur le blog de Mediapart.

Ce dernier se pose des questions sur la rentabilité d’un tel projet. « Est-ce le bon investissement en considérant toute la complexité de l’urbain et est-ce adapté à la réalité algéroise ? Et surtout, avons-nous épuisé toutes nos cartes avant de penser à faire un tel investissement ? », se demande l’urbaniste.

Aniss Mezoued estime, citant le plan stratégique d’Alger, que la solution d’un « macro-maillage autoroutier qui devait laisser place à terme à des voies réservées au transport à haut niveau de services (HNS) », serait peu coûteuse et tout aussi efficace en matière de performance que le monorail.

« Des bus à HNS en site propre peuvent décongestionner à eux seuls les grands axes autoroutiers. Ils se sont avérés efficaces dans de nombreux contextes, contrairement au monorail, et sont rapides à mettre en œuvre », soutient-il.

L’urbaniste préconise également la valorisation du réseau ferroviaire pour en faire un véritable RER. Il cite en exemple la région de Sidi Abdellah (Zéralda) concernée par le monorail et qui dispose déjà d’une gare avec une fréquence de trains très faible et donc sous-exploitée.

Le monorail, est-il suffisant pour désengorger Alger ?

Contacté par TSA ce mardi 25 avril, l’architecte Nacym Baghli, qui a déjà travaillé sur des pistes de solutions pour désengorger Alger, estime que le monorail peut être une bonne solution à « condition qu’il soit intégré dans un plan global ».

Pour Nacym Baghli, il s’agit d’une solution intéressante si elle englobait également la partie Est d’Alger qui est enclavée et moins desservie que la partie Ouest qui elle est concernée par le monorail à l’étude actuellement.

L’architecte rappelle le projet du pont d’Alger entre la baie centre et Est de la capitale dans lequel le monorail était déjà intégré.

« Nous avions déjà proposé le monorail dans le projet du viaduc dans la partie inférieure. Son utilisation ne serait pas uniquement dans le but du déplacement, mais elle entrerait dans une optique d’aventure touristique », détaille Nacym Baghli.

Pour ce qui est du coût du projet, l’architecte affirme qu’il ne serait pas plus coûteux qu’une autre solution. « Il reviendrait moins cher qu’un métro par exemple. Il faut l’aborder globalement. Le monorail serait complémentaire à d’autres solutions dans une logique globale avec l’objectif de créer une dynamique de l’emploi », note-t-il.

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