Économie

Transports : des limogeages en cascade

Les changements se succèdent dans le secteur des transports en Algérie. Visiblement, ce secteur stratégique a du mal à retrouver un fonctionnement normal après deux années de restrictions et de chamboulements dus à la crise sanitaire de Covid-19.

En l’espace de deux jours, il a été mis fin aux fonctions de deux premiers responsables d’entreprises qui comptent parmi les plus importantes du secteur.

Il y a près de trois mois, c’est le ministre des Transports qui a dû céder son poste.

Il y a quelques jours c’est le PDG de Serport Achour Djelloul, qui a été arrêté et écroué en compagnie du DG du port de Mostaganem dans le cadre  d’une enquête sur une affaire de corruption. Le groupe Serport chapeaute tous les ports commerciaux d’Algérie.

Hier, le DG du port de Bejaia a été à son tour remplacé.

Depuis lundi 31 mai, Tahar Allache n’est plus le directeur de l’Entreprise de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (EGSIA) qu’il a dirigée pendant plus de 15 ans. L’EGSIA a sous sa coupe notamment l’aéroport international d’Alger.

Le concerné a confirmé au site spécialisé VVA que la décision de fin de fonction lui a été notifiée, tout en assurant ignorer les raisons qui l’ont motivée.

En revanche, celles qui sont derrière le limogeage du directeur général de l’ENTMV (Algérie Ferries) sont connues. Kamel Issad et le directeur d’escale à Alger de la compagnie ont été relevés de leurs fonctions ce jeudi 2 juin, sur décision du président de la République.

« Sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le ministre des Transports, M. Abdellah Moundji a mis fin, ce jour, aux fonctions du Président directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), Kamel Issad et de son Chef d’escale à Alger, Kamel Eddalia pour leur attitude attentatoire à l’image de l’Algérie et préjudiciable aux intérêts des citoyens », a indiqué un communiqué de la présidence repris par l’agence officielle.

« Faute grave »

Le communiqué ne précise pas en quoi consiste l’ « attitude attentatoire à l’image de l’Algérie ». Cela fait néanmoins penser à tout ce que vit la compagnie maritime depuis la reprise des liaisons maritimes internationales.

A la mi-mai, les agences d’Algérie Ferries en France, prises d’assaut par les voyageurs, ont dû être fermées suite à des scènes de pagaille.

Le député de la communauté nationale établie à l’étranger, Tewfik Khedim, a fait un constat accablant, dénonçant « une humiliation de la communauté et du pays » et « un échec sans pareil dans la gestion du dossier du transport ».

Selon le parlementaire, des instructions ont été données pour la fermeture des agences afin d’éviter « l’enregistrement de victimes dans les bousculades et agressions, l’intervention des services de sécurité français pour fermer les agences pour atteinte à l’ordre public, l’évacuation des employés par les forces anti-émeutes françaises et la présence des médias qui rapporteraient une image négative de l’Algérie ».

Dans une lettre au Premier ministre, le député a regretté que « les responsables de cette situation sont toujours en poste et ne rendent pas des comptes ».

C’est, semble-t-il, la gestion de ce même dossier de reprise des liaisons avec l’étranger qui a coûté son poste à l’ancien ministre des Transports il y a près de trois mois.

Le 10 mars, la présidence de la République a annoncé que le chef de l’État a mis fin aux fonctions du ministre des Transports Aïssa Bekkai « pour avoir commis une faute grave lors de l’accomplissement de ses missions ».

Jusqu’à aujourd’hui, on ne connait pas quelle est la « faute grave » commise par AÏssa Bekkai.

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