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Un clandestin algérien empêché de se marier en France

Un clandestin algérien empêché de se marier en France

La France se ferme peu à peu à l’immigration. Si la classe politique appelle dans sa majorité au réaménagement ou à la suppression du regroupement familial, certains élus de la mouvance extrémiste ne semblent pas avoir la patience d’attendre un changement de la législation.

Robert Ménard, maire de Béziers, est passé à l’acte en refusant, en toute illégalité, de marier un clandestin algérien avec une Française.

Le parcours de Robert Ménard est atypique. Journaliste, il a participé à la création de Reporters sans frontières (RSF), qu’il a présidé entre 1985 et 2008.

Pendant près d’un quart de siècle, il s’est fait connaître dans le monde entier pour l’action de son organisation en faveur de la liberté de la presse et la défense de l’intégrité des journalistes.

Mais le masque est tombé au début des années 2010, lorsque l’ancien journaliste s’est mis à afficher de plus en plus ouvertement sa sympathie pour le courant xénophobe en France, d’abord à travers le site Boulevard Voltaire qu’il a lancé en 2012, puis dans la politique à partir de 2014.

Cette année-là, il s’est fait élire maire de Béziers avec le soutien du Rassemblement national qui était encore le Front national, du Mouvement pour la République et de Debout la France.

À l’origine sympathisant de la gauche, Ménard a commencé à épouser les idées de l’extrême-droite alors qu’il présidait encore RSF.

En plus d’être atypique, son parcours est aussi controversé. Lorsqu’il a volontairement quitté RSF en 2008, c’était pour prendre la direction d’un centre pour la liberté de la Presse à Doha, au Qatar, alors que son organisation classait régulièrement l’émirat du Golfe en bas de ses classements de la liberté de la presse.

En tant qu’homme politique, il s’est affirmé peu à peu comme un anti-immigration déterminé.

En 2014, il a déclaré qu’il était « d’accord avec 80 % » des idées du Front national, « notamment celles sur l’immigration ».

Robert Ménard refuse de marier un Algérien et une Française

Robert Ménard a aussi régulièrement dérouté en se positionnant pour la peine de mort dans certains cas, ou encore pour la torture si elle permet de sauver des vies.

En 2022, il a commencé à se rapprocher d’Emmanuel Macron à travers ses déclarations publiques, mais sans rien changer de ses idées et de son discours anti-immigrés, plaidant pour la suppression du droit du sol et du regroupement familial, mais défendant toutefois le droit d’asile.

Le regroupement familial a été institué en France dans les années 1970. Il permet aux immigrés légaux de faire venir en France leur conjoint de nationalité étrangère.

Il est aujourd’hui pointé du doigt par les milieux de droite et d’extrême-droite comme la principale porte d’entrée de l’immigration légale en France sans possibilité de contrôle ou de sélection.

À la tête de la mairie de Béziers, il n’a pas attendu le réaménagement ou la suppression du dispositif pour empêcher de faire un mariage mixte, sans aucune base légale et contre l’avis de la justice.

Vendredi 7 juillet, il a refusé de marier un clandestin algérien sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français) avec sa fiancée française.

Le jeune homme de 23 ans et la femme de 29 ans se sont présentés à la Mairie et Ménard a refusé de les marier.

« Le mariage n’a pas eu lieu, je m’y suis opposé », a-t-il assuré auprès de l’AFP.

Pourtant, la veille du refus signifié par Robert Ménard, le parquet de la ville a annoncé qu’il n’a pas décelé d’incohérences et que, par conséquent, il donnait son accord à l’union

Seule l’enquête ouverte le 26 juin pourrait aboutir à l’annulation du mariage s’il est établi que celui-ci est destiné à obtenir un titre de séjour pour le jeune Algérien.

Dès la signification du refus du maire, le couple a déposé plainte dans un commissariat de police.

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