Consommation

Véhicules neufs hors de prix : les trabendistes de l’auto de retour

Le blocage des importations de véhicules fait les affaires des revendeurs et des détenteurs de la carte anciens moudjahid. Après avoir quasiment disparu ces dernières années, avec la présence en Algérie de quasiment toutes les marques de voitures, les « trabendistes » de l’automobile sont de retour.

Après deux ans de paralysie du marché du véhicule neuf, suite blocage des importations et du démantèlement des unités d’assemblage automobile, les revendeurs ont rapidement flairé la bonne affaire.

Lire aussi : L’Algérie fixe les nouvelles conditions d’importation des véhicules neufs

La décision du gouvernement de geler les importations de véhicules neufs a contraint de nombreux concessionnaires de marques automobiles à fermer, en attendant des jours meilleurs, se contentant d’assurer le service après-vente. D’autres ont carrément mis la clef sous le paillasson.

En leur lieu et place, des revendeurs de voitures neuves ou d’occasion ont aussitôt sauté sur ce filon en or. Ils ont loué des espaces, les ont aménagés en showroom et y commercialisent, essentiellement  de grosses cylindrées, des berlines, des citadines… toutes de nouvelle génération.

Mercedes GLE, Audi Q5, BMW, Golf 8 R. Line, Tiguan, Toyota Hilux, Porsch, Peugeot 3008, Peugeot 508… Il y en a pour tous les goûts, certes, mais certainement pas pour toutes les bourses.

Importés principalement d’Allemagne, avec des licences Moudjahid, ces bolides trouvent vite preneurs, en dépit de leurs prix très, très élevés.

Crise ? Quelle crise ?

C’est la grande tendance en ce moment. Les showrooms automobiles  se multiplient à Alger. Sur les réseaux sociaux, les offres de vente fleurissent. Les revendeurs publient les photos des autos sous toutes les coutures mais jamais les prix. Il faut se déplacer au showroom ou passer un coup de fil pour en savoir plus.

Kemmache Auto (Birkhadem) expose plusieurs modèles de voitures neuves dans son showroom. Nous sommes reçus par Younes, le fils du propriétaire. Plusieurs véhicules flambants neufs, sont en exposition : Seat Leon  (6,4  millions DA), Audi Q5 (14 millions de dinars),  Tiguan R Line (7,2 millions de dinars),  Golf GTI (8,2 millions DA), Skoda Fabia (4,2 millions DA).

« Celle-ci est la moins chère de nos voitures », indique Younes. Il nous montre la Mercedes A63,  qui s’affiche à (38 millions de dinars, soit 3,8 milliards de centimes).

« Il s’agit d’une série limitée. 100 modèles seulement y ont été fabriqués dans le monde, dont celle que nous vendons. C’est une pièce unique en Algérie », assure- t-il.

Dans ce showroom, toutes les voitures sont immatriculées en 2021. Le vendeur nous informe qu’il n’a aucun mal à les écouler en dépit de leur prix. «  Avec l’arrêt des importations, les clients n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers les revendeurs. Nous avons un autre showroom à Bab Ezzouar avec un plus grand choix de véhicules. Ils proviennent essentiellement d’Allemagne,  achetés avec des licences Moudjahid et acheminés par cargo jusqu’en Algérie ».

Porsche, Range Rover, BMW

Dahra Auto (Kouba) est un concessionnaire automobile qui vend des voitures neuves et d’occasion. « Les voitures immatriculées en 2021 partent comme des petits pains » nous informe le commercial.

« Les Algériens sont très intéressés par l’achat d’un véhicule neuf, notamment les SUV, Sport utility vehicule. Ils offrent une position de conduite surélevée et sont faciles à garer en ville, d’où leur succès. Fourchette des prix : entre 1 milliard et 1 milliard et demi de centimes (10 à 12 millions DA) »

Ce concessionnaire commercialise également des marque ‘’Premium’’. Des véhicules haut de gamme qui ont peu de kilomètres au compteur et qui trouvent également preneurs : BMW (8,5 millions dinars), Mercedes-Benz GLE (17 millions de dinars). D’autres véhicules à plus d’un milliard de centimes sont également mis en vente : Range Rover, Porsche…

D’autres modèles intéressent également les clients. « Les Golf, Renault Kangoo, Volkswagen  Tiguan, Seat Leon, ont le vent en poupe », liste notre interlocuteur.

« Plutôt que d’acheter un véhicule d’occasion au souk, avec tous les risques que cela comporte, les clients préfèrent s’adresser à un revendeur  professionnel, exerçant légalement avec un registre de commerce.  Les véhicules Premium que nous commercialisons rentrent en Algérie, via l’Allemagne avec des licences Moudjahidin. Ces licences ont vu leur prix grimper à cause de l’arrêt des importations de véhicules  par l’État. Il faut compter entre  350 000 et 400 000 dinars la licence. Mais,  malgré cette hausse, les clients y ont recours pour ne pas devoir payer les frais de douane, beaucoup plus onéreux ».

L’arrêt des importations des véhicules par l’Etat a donné naissance à un nouveau créneau pour des revendeurs de voitures. Ils ont ainsi su tirer leur épingle du jeu, en profitant d’une crise pour s’assurer de larges dividendes. La plupart d’entre eux ont refusé de nous transmettre la moindre information dès lors que nous déclinons notre identité en tant que journaliste. Ils préfèrent rester très discrets sur leur business.

Les plus lus