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Abandon des poursuites judiciaires et crédits non remboursés : le pouvoir courtise les jeunes

Abandon des poursuites judiciaires et crédits non remboursés : le pouvoir courtise les jeunes

Un mois après l’organisation d’une conférence nationale sur le phénomène de l’émigration clandestine, le gouvernement Ouyahia, qui prépare l’élection présidentielle, multiplie les gestes de bonne volonté envers les jeunes.

Cet intérêt du gouvernement à la jeunesse, même s’il heurte de plein fouet toute logique économique et commerciale dans un contexte de crise économique et financière, est directement focalisé sur la plus importante frange de la population, qui sera appelée à aller voter lors du scrutin du 19 avril prochain.

Dimanche, le ministre du Commerce Said Djellab a annnoncé aux porteurs de projets et jeunes entrepreneurs que le verrou de la domiciliation pour l’obtention du registre de commerce a sauté.

Le ministre a expliqué que les jeunes porteurs de projets voulant lancer une activité, en particulier dans les nouvelles technologies, n’ont pas besoin de local de domiciliation pour obtenir un registre de commerce. Il a détaillé au cours d’une journée d’information sur le »génie algérien", que les jeunes porteurs de projets pourraient domicilier leur siège social auprès d’un commissaire aux comptes, d’un expert-comptable, d’un avocat ou d’un notaire, ou encore dans la résidence du représentant légal de la société pour une durée maximale de deux années renouvelables une fois. Cette mesure est contenue dans la loi relative à l’exercice des activités commerciales depuis 2013.

Jeudi à Tizi Ouzou, son collègue, le ministre du Travail Mourad Zemali, avait rassuré les jeunes entrepreneurs qui n’ont pu rembourser leurs crédits dans le cadre des dispositifs Ansej et Cnac, qu’ils ne seront pas poursuivis en justice.

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Des crédits qui tombent du ciel

»Aucune poursuite judiciaire ne sera engagée » contre les jeunes promoteurs », a-t-il déclaré à la clôture de la première édition du Salon national du jeune investisseur.

Pour expliquer comment cette mansuétude soudaine de l’État va se concrétiser, M. Zemali a indiqué que »le fonds de garantie des crédits aux PME (FGAR) a été spécialement créé pour ce genre de situation afin de prendre en charge le remboursement du crédit contracté auprès de la banque ».

Cependant, »cette mesure ne concerne pas ceux qui ont fait appel aux dispositifs d’aide à la création d’emploi et qui ont ensuite détourné les financements obtenus vers d’autre activités », a tempéré le ministre.

Selon lui, le taux d’échec des petites entreprises créées dans le cadre de l’ANSEJ et CNAC ne dépasse pas 3,5 %, alors que le taux de recouvrement des crédits contractés par les bénéficiaires dépasse les 70 %. L’explication du représentant du gouvernement est simple : »ces jeunes ont pris des initiatives pour créer de l’emploi et de la richesse même si certains d’entre eux ont échoué. Ils ont le mérite d’avoir eu l’esprit d’initiative et acquis une expérience ».

Mieux, le ministre a assuré qu »’un accompagnement sera également assuré par la CNAC et l’ANSEJ, aux promoteurs en difficulté, en vue de les aider à trouver des solutions aux contraintes et assurer la viabilité de leurs projets ». Et pour encourager les jeunes à créer des projets, il a révélé que des instructions ont été données aux 48 walis pour appliquer la décision portant réservation de 20 % de la commande publique à ce type d’entité économiques afin de leur assurer un plan de charge et leur permettre de créer de l’emploi. Une sorte de sponsoring étatique, qui ‘’tombe du ciel’’.

Ces dispositions s’ajoutent par ailleurs à celles déjà décidées fin 2018 par la direction de l’ANSEJ d’accorder des facilités et des échéanciers de remboursement des dettes des jeunes promoteurs en difficultés financières.

La »harga », hantise du pouvoir

Le 19 janvier dernier, le ministère de l’Intérieur organisait de son côté pour la première fois une conférence nationale sur le phénomène de l’émigration clandestine, avec la participation d’experts et de chercheurs sur ce phénomène.

Au centre des travaux de cette rencontre nationale, »l’avenir de nos jeunes, une responsabilité commune ». Le plan d’action concocté après deux jours de travaux n’a pas emballé les experts, encore moins eu un impact sur les jeunes candidats à l’émigration clandestine. Durant le mois de janvier dernier, plusieurs dizaines de tentatives d’émigration clandestines avaient été enregistrées, avec au moins une dizaine de morts, des disparus en mer et des manifestations des parents des disparus.

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Pour le chef du RND et Premier ministre Ahmed Ouyahia, »cette situation fait vraiment mal », même si le phénomène n’est pas »l’apanage de l’Algérie ». Dénonçant à sa manière ce phénomène, qui ne touche plus seulement les jeunes, Ouyahia a avancé que »90 % des jeunes qui traversent illégalement (la Méditerranée) travaillent dans des champs de tomates et d’oranges alors que plusieurs secteurs en Algérie ne trouvent pas de main d’œuvre ». Il a dénoncé en outre à l’issue des travaux de la 6e session du Conseil national de son parti les »basses manœuvres politiques », qui font »des enfants de l’Algérie un fonds de commerce ».

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