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Accidents de la route : qui arrêtera les bus et camions de la mort ?

Accidents de la route : qui arrêtera les bus et camions de la mort ?

Le bilan des accidents de la route en Algérie passe carrément à l’hécatombe. En 24 heures, 36 personnes ont trouvé la mort, rien que dans trois accidents.

À Constantine, 18 personnes, dont plusieurs d’une même famille, ont trouvé la mort vendredi soir sur la route du retour de la plage.

Le bus qui les ramenait de Jijel a été percuté à la nuit tombante par un camion de gros tonnage roulant à vive allure. Visiblement, les freins avaient lâché. Les images du bus réduit en bouillie renseignent sur la violence du choc.

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Quelques heures plus tard, à l’autre bout du pays, un autre drame. Un véhicule de type 4×4 Toyota entre en collision avec un camion à Bordj Badji Mokhtar, dans l’extrême sud. Bilan : 9 morts.

La série noire se poursuit le lendemain, samedi, avec un autre terrible accident dans le sud du pays. Neuf autres morts et une cinquantaine de blessés à Ghardaïa. Encore un bus et un camion.

Dans la même période, c’est-à-dire le week-end qui vient de s’écouler, des dizaines d’autres accidents sont signalés aux quatre coins du pays, avec des décès et des blessés.

Trois hécatombes en 24 heures seulement, 36 morts, c’est sûrement une première même si les accidents sont fréquents et les routes algériennes sont classées parmi les plus dangereuses au monde.

On remarquera que les camions sont impliqués dans les trois accidents, les bus dans deux. Les spécialistes et observateurs ont moult fois tiré la sonnette d’alarme et réclamé des mesures pour mettre fin aux tueries que causent les poids lourds sur les routes.

Mais le problème ne semble pas avoir été pris au sérieux. Chaque année, le bilan des accidents est lourd, entre trois et quatre mille morts sur les routes, dans environ 25.000 accidents. La France enregistre à peu près le même nombre de morts avec un parc automobile 6 ou 7 fois supérieur à celui de l’Algérie.

L’Algérie a revu la législation à plusieurs reprises, renforçant les peines à l’encontre des contrevenants au code de la route, mais le problème demeure entier.

Des hécatombes à répétition

Dans leurs bilans respectifs, les différents services de sécurité et les organismes chargés de la sécurité routière mettent le doigt sur les mêmes défaillances et désignent unanimement le facteur humain comme première cause des accidents. Les plus meurtriers, on le sait, sont causés par les poids lourds, c’est-à-dire les camions de tous tonnages et les bus de transport de voyageurs.

Plus que les autres pays, l’Algérie devait se doter d’une législation spécifique pour le déplacement de ce genre de véhicules, car très fréquents sur les routes, sachant la faible part du réseau ferroviaire dans le transport de voyageurs et de marchandises.

Les poids lourds, souvent surchargés et peu entretenus, sont mis en cause même dans la dégradation des autoroutes et des grands axes routiers. Mais le problème n’est pas là. Il réside dans ces hécatombes à répétition qui appellent des mesures et des solutions immédiates.

Et les autorités ne peuvent pas soutenir qu’elles ont tout essayé. À chaque grosse hécatombe comme celles qui viennent d’avoir lieu ce week-end, on entend le même discours qui promet la fermeté à l’égard des chauffards, sans suite hélas.

Pourtant, des solutions à l’efficacité immédiate sont à portée de main et ne sont ni trop coûteuses ni compliquées à mettre en œuvre. On pense notamment au limiteur de vitesse, cette technologie simple qui garantit le respect de la limitation de vitesse en toutes circonstances.

Il est obligatoire et fixé à 90 km/h pour les poids lourds dans toute l’Union européenne depuis près de 15 ans (2007). En France, l’absence du limiteur est sévèrement punie : une amende de 30 000 euros. On ne badine pas avec la vie des gens sur les routes. Il y a aussi le chronotachygraphe, cet appareil qu’on installe sur le camion ou le bus et qui permet de retracer la vitesse effectuée par le véhicule, les temps de pause quotidiens et hebdomadaires.

Les autorités doivent s’attaquer rapidement au problème de la surcharge des poids lourds qui représentent un véritable danger pour la sécurité routière, en plus des dégâts qu’ils occasionnent au réseau routier.

Il est temps que les autorités algériennes s’attaquent frontalement à la source des hécatombes routières, qui est clairement identifiée, à savoir tous ces poids lourds et bus non conformes aux normes, ces chauffards qui roulent à tombeau ouvert avec des engins de plusieurs tonnes, qui s’amusent à faire des paris sur qui ira plus vite, qui dépassent la charge autorisée, qui ne font pas le contrôle régulier de leur véhicule et ne respectent pas les temps de pause obligatoires (les spécialistes estiment que 25 % des accidents sont dus à la somnolence).

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