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Accord Arabie saoudite – Iran : Israël et le Maroc, les grands perdants

Accord Arabie saoudite – Iran : Israël et le Maroc, les grands perdants

L’onde de choc de l’accord conclu entre l’Arabie saoudite et l’Iran a bouleversé le voisin israélien et atteint même le lointain Maroc, pris de court par la tournure des événements.

Sous l’égide de la Chine, la monarchie sunnite du Golfe et la République islamique ont annoncé vendredi 10 mars la conclusion d’un accord pour le rétablissement de leurs relations diplomatiques rompues depuis 7 ans, résultats de quatre jours de négociations secrètes à Pékin.

Qu’ils en soient informés ou pas de l’initiative, comme le soutiennent des avis contradictoires, les États-Unis auront perdu des points face à la Chine que personne n’attendait sur ce dossier et qui signe ainsi un succès diplomatique retentissant en réussissant à réconcilier les deux grandes puissances ennemies du monde musulman.

Des sources médiatiques américaines ont fait état de négociations parallèles entre l’Arabie saoudite et Israël pour normaliser leurs relations, chapeautées par les États-Unis, mais aucune source officielle ne les a confirmées.

Pour de nombreux observateurs, de tels pourparlers, s’ils ont réellement lieu, ont très peu de chances d’aboutir à des accords de normalisation à cause de la situation en Israël et dans les territoires occupés, de surcroît maintenant que l’équation de la géopolitique régionale est complètement chamboulée par la réconciliation entre Riyad et Téhéran.

Clairement, un éventuel rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël était destiné à contrer l’ennemi commun iranien et a donc désormais moins de raisons pour se concrétiser. Sous cet angle, Israël est le premier perdant de l’accord conclu à Pékin entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Après la normalisation de ses relations en 2020 avec quatre pays arabes (Emirats, Bahreïn, Maroc et Soudan), la prochaine cible pour Israël était l’Arabie saoudite, le véritable verrou qui lui ouvrira les portes des autres pays arabes.

Benyamin Netanyahou l’a dit sans ambages dès son retour au pouvoir en novembre dernier. Le Premier ministre israélien a indiqué que la priorité de son gouvernement est d’arriver à une normalisation avec l’Arabie saoudite, ce qui, selon lui, ouvrirait la voie au règlement de la question palestinienne.

Dans une interview à un journal italien parue au moment même où Saoudiens et Iraniens discutaient à Pékin, Netanyahou a réitéré le même objectif. C’est dire si la nouvelle est complètement inattendue pour lui.

En Israël, on tente de dédramatiser en rappelant que ce qui compte face à la « menace iranienne » c’est la fermeté de l’Occident.

Arabie saoudite – Iran : le Maroc pris à contre-pied

Mais le poids de l’Arabie saoudite dans le monde arabe et musulman est indéniable. Sa réconciliation avec  l’Iran rebat les cartes dans la région et constitue un coup d’arrêt au moins momentané à la vague de normalisation entamée en 2020.

Un observateur algérien contacté par TSA estime que, désormais, « l’Arabie saoudite sera l’interlocuteur privilégié de l’Iran ».

Cette réconciliation « réduit les Accords d’Abraham à néant » et aura comme conséquence la remise sur la table du plan de paix saoudien de 2002, « la terre contre la paix », analyse-t-il.

L’autre pays que prend à contre-pied le rapprochement irano-saoudien, c’est le Maroc. Contrairement à l’Algérie qui a adopté une position de neutralité, le pays maghrébin a clairement choisi son camp ces dernières années en normalisant avec Israël en 2020, deux ans après avoir rompu ses relations avec l’Iran.

Dans sa stratégie pour imposer sa colonisation du Sahara occidental, le Maroc a joué sur les tensions des pays du Golfe, Israël et les Occidentaux d’un côté, et l’Iran de l’autre.

Il a tout fait pour impliquer l’Iran dans le conflit en l’accusant d’armer et d’entraîner les combattants du Front Polisario avec l’aide de l’Algérie et en lui prêtant des velléités d’hégémonie en Afrique du Nord.

Avec son nouvel allié israélien, le Maroc a bâti sa stratégie sur cette contre-vérité. En visite au Maroc en août 2021, Yair Lapid, alors chef de la diplomatie d’Israël, avait proféré des menaces à peine voilées à l’égard de l’Algérie en exprimant des inquiétudes partagées avec le Maroc devant ce qu’il a qualifié de « rapprochement » entre Alger et Téhéran.

« Le lien Polisario-Iran est farfelu mais il a été utilisé par le Maroc pour les diaboliser et isoler l’Algérie », indique le même observateur algérien. « Le Maroc a toujours bénéficié de la diabolisation de l’Iran par les pays du Golfe qui se sont mis sous le parapluie d’Israël », poursuit-il.

Avec la réconciliation de l’Arabie saoudite et de l’Iran, c’est toute la stratégie du Maroc et sa propagande sur le Polisario et l’Algérie qui tombe à l’eau. Surtout, elle révèle toutes les limites de son influence auprès de ses prétendus alliés du Golfe.

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