Politique

Acquittement des Quatre : ce qu’a dit Saïd Bouteflika devant la cour militaire de Blida

Saïd Bouteflika, les généraux Toufik et Tartag et Louisa Hanoune ont été acquittés hier, samedi 2 janvier par la Cour d’appel militaire de Blida, de l’accusation de « complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat ».

Devant le juge de la Cour militaire de Blida le frère de l’ancien président de la République a parlé pour la première fois de Abdelaziz Bouteflika, dont il était également le conseiller.

C’est du reste la première fois que Saïd prend la parole publiquement. Ses propos ont été rapportés par les quotidiens El Watan et El Khabar, seuls médias autorisés à couvrir le procès.

Saïd a au passage levé le voile sur la situation de son frère depuis qu’il a quitté le pouvoir le 2 avril 2019, sous la pression des manifestations populaires pacifiques qui avaient démarré le 22 février. D’après lui, Abdelaziz Bouteflika est assigné à résidence.

Abdelaziz Bouteflika « assigné à résidence »

« Il y a un seul responsable, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika qui a consacré sa vie pour son pays sans rechigner, n’hésitant pas à sacrifier sa santé pour le bien de son peuple. Il ne connait ni la haine ni la rancune ni la vengeance, il a toujours été indulgent et compréhensif  (…) Il se retrouve à la fin en résidence surveillée et son frère en prison. Je répète, en résidence surveillée et son frère en prison », déclare Saïd Bouteflika, selon le compte rendu de la journaliste d’El Khabar qui a assisté au procès.

Abdelaziz Bouteflika n’a pas fait d’apparition publique et n’a pas parlé depuis son départ du pouvoir. Pas même lorsque son jeune frère est arrêté et emprisonné en mai 2019.

Des informations jamais démenties ont régulièrement fait état qu’il se trouverait toujours à la résidence présidentielle de Zéralda dans l’ouest d’Alger, qu’il avait occupée tout au long de ses dernières années au pouvoir.

La question de son statut juridique après sa démission n’a en revanche jamais été évoquée. Des voix s’étaient élevées dans le sillage des grands procès anti-corruption pour réclamer son jugement, mais il n’y a rien eu dans ce sens. L’éventualité a même été exclue par le président Abdelmadjid Tebboune en juillet dernier. « Pour le moment, il n’en est pas question », avait-il déclaré sur France 24.

« Mon frère n’a jamais parlé (…) Je me retrouve avec une lourde accusation de complot, d’avoir usurpé les fonctions de mon frère, utilisé son cachet et pris des décisions à sa place. Abdelaziz Bouteflika est toujours vivant », a en outre déclaré Saïd Bouteflika devant le tribunal, selon el Watan.

Le frère et conseiller du chef de l’État a nié en bloc les accusations portées contre lui dans l’affaire pour laquelle il est jugé, mais aussi tout ce qu’on lui prête comme pouvoir parallèle et influence durant la présidence de son frère. Il a refusé néanmoins d’évoquer les détails de l’affaire de la réunion, disant préférer les laisser « pour l’Histoire ».

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« Je ne vais pas parler pour ne pas blesser »

« Je vous prie de m’épargner les questions, pour ne pas blesser avec mes réponses. (Les accusations) je les rejette toutes. Je suis innocent. Je n’ai pas peur des questions, mais je ne veux pas blesser », a-t-il dit au juge qui, après cette réponse, ne lui posera pas d’autres questions, selon el Khabar.

Condamné à 15 ans de prison ferme en première instance et en appel, Saïd Bouteflika a été acquitté, ainsi que les autres accusés, à l’issue de ce troisième procès ordonné par la Cour suprême après pourvoi en cassation.

Mais il ne quittera pas la prison, car faisant l’objet d’un mandat de dépôt pour son rôle présumé dans l’affaire de la chaîne Istimraria TV, destinée à faire la promotion du cinquième mandat de son frère.

« Ce sont des faits qui ont acquis l’autorité de la chose jugée, c’est-à-dire qu’ils ont été traités et jugés dans le cadre d’une autre affaire, celle du financement de la campagne présidentielle. Ce mandat de dépôt vise à le maintenir en prison dans la perspective de l’acquittement des autres accusés », avait déclaré la semaine passée à TSA son avocat Khaled Bourayou. Saïd Bouteflika est aussi inculpé dans l’affaire de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh.

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