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Agressions sexuelles en Algérie : des chiffres choquants

Agressions sexuelles en Algérie : des chiffres choquants

Le Pr Rachid Belhadj, le chef de service de médecine légale au niveau du CHU Mustapha Bacha à Alger, a dévoilé un chiffre terrifiant sur les agressions sexuelles en Algérie.

Depuis le premier janvier 2023, le service de médecine légale au CHU Mustapha Bacha a recensé pas moins de 189 cas d’agressions sexuelles qui ont touché des victimes âgées entre 4 et 22 ans.

Dans une déclaration au média spécialisé Esseha début septembre, le Pr Belhadj a évoqué la prise en charge médicale et psychologique des victimes au niveau du service de médecine légale au niveau du CHU Mustapha Bacha d’Alger.

Le Pr Belhadj a indiqué qu’une partie des agressions sexuelles provenait du milieu familial et du voisinage. Il a lancé un appel aux parents pour surveiller leurs enfants, notamment ceux qui utilisent les smartphones, afin de les protéger contre « les prédateurs sexuels ».

 

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Le chiffre terrifiant de 189 cas d’agressions sexuelles concerne uniquement les cas signalés au niveau du service de médecine légale du CHU Mustapha Bacha à Alger. Le chiffre au niveau national devrait être autrement plus important.

La lutte contre les agressions sexuelles notamment celles touchant les enfants est difficile devant le manque de signalement. Au sein de la société algérienne, les agressions sexuelles sont un sujet tabou. Les victimes hésitent à dénoncer leurs bourreaux surtout que bon nombre des agressions ont lieu dans le milieu familial.

Me Fouad Ghelamallah, avocat et membre du réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (NADA), parle justement des difficultés de lutter contre le fléau des agressions sexuelles en l’absence de signalement.

« Depuis 2015, l’arsenal juridique a été considérablement renforcé pour lutter contre ce fléau mais on se heurte toujours au manque de signalements. Quand un cas est signalé, il est pris en charge mais quand il n’y a pas de dépôt de plainte, on ne peut pas agir contre ça », explique Me Fouad Ghelamallah.

L’avocat et membre du réseau Nada a insisté sur l’importance de la sensibilisation de la société algérienne face au fléau des agressions sexuelles. Il cite en exemple la rentrée scolaire qui vient de s’effectuer qui aurait pu être une bonne occasion pour aborder ce sujet et inciter les victimes à parler de leurs cas. Les médias notamment les chaînes de télévision ont eux aussi leur rôle à jouer dans la lutte contre le fléau, ajoute l’avocat.

Agressions sexuelles : des conséquences importantes sur les victimes

Selon le professeur Mostefa Khiati, médecin chercheur, les estimations sur l’ensemble du territoire national font état d’environ 2.000 cas d’agressions sexuelles chaque année, notamment contre des enfants dont 90% sont des cas d’inceste.

Le Pr Khiati aborde les retombées négatives sur les victimes d’agressions sexuelles. « Les conséquences sont désastreuses. Psychologiquement, les victimes vivent avec un traumatisme. Des plaies qui restent ouvertes et accompagnent les victimes durant toute leur vie. Drogues, violences, maladies psychiques, difficultés à trouver le sommeil, les effets sont divers et variés », détaille-t-il.

Face à l’omerta qui règne concernant ce fléau, il faut une mobilisation à tous les niveaux pour l’endiguer, recommande le Pr. Khiati.

« Il est important de former les personnels éducatifs, ceux du secteur de la santé afin de leur donner les moyens de détecter les signes notamment chez les enfants qui peuvent se manifester par des troubles comportementaux entre autres », poursuit le Pr Khiati qui pointe également la lenteur des procédures judiciaires quand les victimes sont des enfants dont les parents sont divorcés.

« Il faudrait agir dans l’immédiat et ne pas attendre que les deux parents soient présents et acceptent de poursuivre les procédures », suggère-t-il.

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