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Algérie –  France : Lamamra répond à Macron

Algérie –  France : Lamamra répond à Macron

Les propos d’Emmanuel Macron sur l’Algérie et la colonisation continuent de susciter des réactions de la part des autorités algériennes.

Après la présidence de la République samedi et le premier ministre Aïmene Benabderrahmane lundi, en attendant une éventuelle réaction du président Abdelmadjid Tebboune, c’est au tour de Ramtane Lamamra de répondre au président français.

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En visite officielle hier mardi à Bamako pour « témoigner la solidarité agissante » de l’Algérie à l’égard du peuple et du gouvernement maliens, le chef de la diplomatie algérienne s’est longuement exprimé sur le sujet. Il a appelé à la décolonisation des esprits en France et la « faillite mémorielle » que représentent les propos de Macron sur l’Algérie, le Mali et la colonisation.

« Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire », a estimé Lamamra. Et d’ajouter : « Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, comportements et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident ».

Cette « prétendue mission civilisatrice » a été la « couverture idéologique pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qui a été la colonisation de l’Algérie, du Mali et de tant de peuples africains », a encore rappelé Lamamra.

Le ministre des Affaires étrangères a jugé « prioritaire » cette décolonisation qui « doit s’opérer aujourd’hui ». Les propos de Macron « trahissent » une « faillite mémorielle », a-t-il dit. « Cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés », a regretté le chef de la diplomatie algérienne.

« Faillite mémorielle intergénérationnelle »

Cette « faillite mémorielle » pousse les relations de la « France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », a regretté encore Lamamra qui donne sa vision de la relation franco-algérienne, et au-delà des rapports que la France doit entretenir avec ses ex-colonies africaines.

Ramtane Lamamra a estimé que « l’assainissement » des relations avec la France passe par un « respect mutuel inconditionnel, un respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision », de « l’acceptation d’un partenariat sur une base de stricte égalité ».

Le ministre des Affaires étrangères a souligné la base sur laquelle les relations franco-algériennes doivent être construites. « Nous savons que dans les relations avec le partenaire français, il y a une logique de donner et de recevoir, il n’y a pas de cadeaux, il n’y a pas d’offrandes à sens unique, ce qu’il y a, ce sont des intérêts stratégiques et économiques qui ne peuvent durer et être promus que dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts », a développé Ramtane Lamamra.

Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé au président français et à ceux qui veulent « entendre la voix de la raison », que l’Afrique est non seulement le berceau de l’humanité, mais elle est « également le tombeau du colonialisme et du racisme. »

« La lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire, et nous sommes très fiers de cette contribution à l’émancipation des peuples africains. Le destin de l’Algérie et le destin du Mali sont étroitement liés », a encore souligné Lamamra, qui a appelé la France à « décoloniser » sa « propre histoire ».

Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé la contribution du Mali à l’indépendance de l’Algérie, et souligné le « destin commun » des peuples algérien et malien.

« Les algériens lisent dans leurs livres d’histoire la contribution inestimable du Mali à l’indépendance de l’Algérie, à travers la décision du président Modibo Keita en 1960, d’ouvrir sa frontière à l’ALN pour lancer un front contre le colonialisme, pour que la libération de l’Algérie qui était inévitable en 1960, se fasse dans le respect de son intégrité territoriale », a rappelé M. Lamamra pour rappeler que les deux pays voisins partagent une lutte commune contre le colonialisme français.

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