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Algérie-Maroc : la dangereuse escalade en trois actes

Algérie-Maroc : la dangereuse escalade en trois actes

Nouveau cran dans les tensions entre l’Algérie et le Maroc. À l’occasion d’une réunion « exceptionnelle » tenue ce mercredi 18 août, le Haut conseil de sécurité (HCS) a réagi après une série d’ « actes hostiles » du Maroc à l’égard de l’Algérie.

« Les actes hostiles répétés du Maroc à l’égard de l’Algérie ont amené à reconsidérer les relations entre les deux pays et à intensifier la surveillance sécuritaire sur les frontières ouest », a indiqué la présidence de la République dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.

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Soutien du Maroc au Mak

Dans le même texte, il est reproché au royaume son « soutien et aide » apportés au Mouvement de l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé par les autorités algériennes comme « organisation terroriste » et qui a fait l’objet de plusieurs décisions au cours de la même réunion de ce mercredi.

Le MAK est directement accusé, avec le mouvement islamiste Rachad, d’être derrière les derniers incendies qui ont embrasé plusieurs wilayas d’Algérie, notamment celles de Kabylie, et l’assassinat du jeune Djamel Bensmaïl qui a ému tout le pays.

« Les actes hostiles du Maroc et de son allié l’entité sioniste contre l’Algérie », sont l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la réunion exceptionnelle de ce mercredi 18 août.

Les accusations de l’Algérie ne sont pas une vue de l’esprit. On n’est loin des vagues griefs d’encouragement du trafic de drogue en direction de l’Algérie et autres reproches.

Le Maroc a multiplié ces derniers mois les initiatives qui peuvent bien rentrer dans la case des actes hostiles. Depuis la mi-juillet, plusieurs actions qu’Alger ne pouvait accepter ont émané du voisin de l’Ouest.

Le 14 juillet, l’ambassadeur du Maroc à l’Onu, Omar Hilale, a remis aux États membres du Mouvement des non-alignés une note dans laquelle il proclamait le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du « vaillant peuple Kabyle ».

L’Algérie a fermement réagi, dénoncé une « dérive dangereuse », rappelé son ambassadeur à Rabat et menacé d’aller loin.

Espionnage

Deux jours après, de grands journaux internationaux révèlent l’implication du Maroc dans une vaste opération d’espionnage de personnalités publiques et de citoyens via un logiciel espion israélien.

Il s’est avéré que l’Algérie était le pays le plus visé par le Maroc à travers le logiciel Pegasus, avec plus de 6 000 téléphones ciblés, dont beaucoup appartenaient à de hauts responsables civils et militaires de l’État.

L’Algérie a de nouveau réagi avec fermeté, se réservant le droit « de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes ».

« Prétendue main tendue » de Mohamed VI

Cette série d’attaques est interrompue par la « main tendue » du roi Mohamed VI à l’occasion d’un discours prononcé pour la fête du trône, le 31 juillet. Le roi avait appelé le président algérien à « œuvrer de concert » avec l’Algérie et « sans conditions » à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage.

La réponse de l’Algérie est d’abord tombée par le biais d’un commentaire contenu dans la revue officielle de l’armée, qui a égrené une série de griefs contre le Maroc.

Le 8 août, c’est le président Abdelmadjid Tebboune qui est interrogé sur la question au cours d’une rencontre avec la presse. Sa réponse est sans équivoque : « Un diplomate marocain a fait des déclarations graves, suite à quoi nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat pour consultation, et avons avisé d’aller plus loin, mais aucune réaction n’a émané du Maroc ».

Une manière pour Tebboune de mettre en avant un manque de sérieux dans l’initiative royale que le ministère des Affaires étrangères qualifie plus tard de « prétendue main tendue ».

Attenter à l’unité nationale est en effet un acte grave qui appelait au moins une explication du Maroc. Mais c’est un autre pas non moins grave que le royaume franchira le 12 août.

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C’est à partir de son territoire que, pour la première fois, un Premier ministre israélien a évoqué l’Algérie comme une source d’ « inquiétudes » pour son pays.

Israël et le Maroc expriment leurs « inquiétudes »

Yaïr Lapid a confié avoir évoqué avec son homologue marocain leurs « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ».

Le Maroc a sans doute franchi le pas de trop aux yeux d’Alger et c’est le sens que l’on peut donner à la réaction, très ferme, du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier accuse le royaume de vouloir entraîner Israël « dans une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie » et dénonce « un aventurisme dangereux qui parie sur le pire (qui) constitue un démenti formel ».

Sans grande surprise, le Haut conseil de sécurité a annoncé ce mercredi 18 août que les relations entre les deux pays seront reconsidérées. Reste à savoir quelle forme prendra cette reconsidération.

Selon nos sources, et étant donné que l’ambassadeur d’Algérie au Maroc est rappelé depuis un mois, la réduction de la représentation réciproque au niveau des chargés d’affaires pourrait être la prochaine étape dans l’escalade. En attendant le prochain acte hostile…

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