La situation politique en Tunisie inquiète l’Algérie et l’Italie. Jeudi à Rome, les deux présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et italien Sergio Mattarella ont évoqué en conférence de presse la crise politique qui secoue la Tunisie depuis plusieurs mois, suite à la décision du président Kaïs Saeid de dissoudre le Parlement.
Soutien indéfectible de la Tunisie, Abdelmadjid Tebboune, qui a entamé mercredi une visite d’Etat de trois jours en Italie, a prononcé une petite phrase lourde de sens pour les Tunisiens.
« Il y a une convergence totale dans nos positions diplomatiques et politiques. Nous partageons les problèmes de la Tunisie. Nous sommes prêts, les deux, à aider la Tunisie à sortir de l’impasse et ce jusqu’à qu’elle retrouve la voie démocratique », a déclaré le président algérien qui a évoqué la situation en Libye, un pays en proie aux violences armées depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en octobre 2011.
الرئيس الجزائري عبد المجيد تبون خلال مؤتمر صحافي مشترك مع الرئيس الإيطالي: « مستعدون لمساعدة تونس على الخروج من المأزق الذي دخلته والرجوع إلى الطريق الديمقراطي » pic.twitter.com/8mtfCTJy5U
— Alaeddine Zaatour علاء زعتور (@alazaatour) May 26, 2022
Pour la Libye, l’Algérie et l’Italie « nous sommes prêts à aider à garantir plus de stabilité dans ce pays », a-t-il dit. Le président Tebboune a réitéré la position algérienne dans ce dossier, affirmant que le élections sont la seule solution en Libye
« Au-delà de toutes les expériences des Nations Unies, du Conseil de sécurité et des amis de la Libye, la seule solution reste les élections qui donnent la parole au peuple libyen et permettent la reconstruction de la Libye sur des bases démocratiques », a-t-il soutenu.
La presse tunisienne s’interroge
Si sur la Libye, le président Tebboune n’a rien dit de nouveau, ce n’est pas le cas pour la Tunisie. C’est la première fois que le président algérien a parlé d’ « impasse » dans ce pays confronté à une crise politique et économique de grande ampleur. En Tunisie, les déclarations de Tebboune ont suscité de nombreuses réactions dans les médias.
« Il est en bisbille avec tout le monde. Avec les Américains qui garantissent des crédits pour son gouvernement, avec les Européens qui donnent des crédits pour le budget de son État, et même avec ses voisins immédiats comme l’Algérie pourtant son principal fournisseur en carburants », a résumé le site Africanmanager pour expliquer l’isolement du président Kaïs Saïed.
Selon le journal Réalités, les déclarations de Tebboune ont été jugées « inopportunes » dans les milieux politiques tunisiens alors que le site Buniness News fait part de la gêne provoquée par les propos du président algérien.
« Si Abdelmadjid Tebboune a ainsi parlé de la Tunisie et s’est permis de « s’immiscer » dans les affaires intérieures de la Tunisie, c’est qu’il y a quelque chose qui se prépare », estime ce journal qui souligne la voie sans issue emprunté par le président Saïed depuis l’été dernier. Une voie qui a été dénoncée par les ambassadeurs à Tunis des pays du G7 (Etats-Unis, Allemagne, Italie, France, Japon, Canada et Royaume-Uni)
Le président Tebboune, qui a effectué en décembre dernier une visite d’Etat en Tunisie, a toujours apporté son soutien à ce pays. L’Algérie a aidé financièrement la Tunisie qui fait face à une crise économique sans précédent à cause de la pandémie de Covid-19, en lui octroyant un prêt de 300 millions de dollars en septembre dernier. L’Algérie a apporté aussi une aide médicale à la Tunisie dans la lutte contre la Covid-19, en lui fournissant d’importantes quantités d’oxygène médical et des vaccins anti-Covid.
