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Antisémitisme et antisionisme : l’amalgame dangereux qui déferle sur la France

Antisémitisme et antisionisme : l’amalgame dangereux qui déferle sur la France

En France comme en Occident, les pro-israéliens adoptent de nouveaux éléments de langage pour défendre Israël, comme les tentatives d’assimiler l’antisionisme et de l’antisémitisme.

L’objectif étant d’opposer les musulmans et les Juifs afin de faire croire que ce qui se passe en Palestine est une guerre des religions.

Les nouveaux éléments de langage sont destinés à la fois à faire taire les voix discordantes, c’est-à-dire celles qui continuent à croire qu’il y a une injustice historique en Palestine qu’il faut réparer, et à couvrir les crimes de l’armée israélienne, de plus en plus flagrants et indéniables.

Parfois, les pro-israéliens tombent dans le ridicule. Tout récemment, un hashtag appelant au boycott de l’émission « Touche pas à mon poste (TPMP) » diffusée sur C8, est apparu sur les réseaux sociaux.

Les initiateurs de cette action trouvent que la teneur des propos tenus sur le plateau de l’animateur Cyril Hanouna par les chroniqueurs et les invités ne sont ni neutres ni objectifs vis-à-vis de ce qui se passe en Palestine.

Cyril Hanouna s’en est plaint dans plusieurs médias français, allant jusqu’à qualifier l’appel au boycott de son émission d’acte d’ « antisémitisme ».

Sans doute, Cyril Hanouna n’a pas fait cette conclusion parce qu’il est lui-même juif. Il s’agit plutôt d’un élément de langage de plus en plus usité par les soutiens d’Israël, qui est d’assimiler toute critique du gouvernement d’extrême-droite israélien de Benyamin Netanyahou, de politique, et même de ses crimes à de l’antisémitisme.

L’accusation a d’ailleurs directement ciblé Jean-Luc Mélenchon et tous les cadres de La France Insoumise (LFI) dès le premier jour de l’opération déclenchée par le Hamas le 7 octobre, lorsqu’ils ont tenu à se solidariser avec toutes les victimes « d’où qu’elles soient » et à remettre sur la table la véritable cause qui a amené à cette situation, soit la politique de colonisation des gouvernements israéliens successifs, particulièrement l’actuel et le silence complice de l’Occident.

Mélenchon a fait cette remarque inspirée que ce sont les antisémites qui l’accusent d’antisémitisme, en référence au lourd passif de l’extrême-droite dans la haine des Juifs.

Si la France s’est dotée d’un arsenal juridique contre l’antisémitisme et la dénégation des crimes contre l’humanité, c’est en partie à cause des dérapages sur la question de certains personnages de l’extrême-droite, dont Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national devenu (après ce qu’ils appellent la dédiabolisation) le Rassemblement national dont les dirigeants distribuent aujourd’hui les bons et mauvais points de la tolérance envers les juifs dans le pays.

Assimiler l’antisionisme à de l’antisémitisme sur les plateaux télé ou les colonnes des journaux ne semble toutefois pas suffire pour faire taire les critiques envers Israël. Certains en France veulent aller plus loin et pénaliser l’antisionisme.

France : un projet de loi pour pénaliser l’antisionisme

Stéphane le Rudulier, sénateur de Les Républicains, a déposé avec 16 de ses collègues une proposition de loi dans ce sens. « L’explosion de l’antisémitisme se nourrit de la haine d’Israël, faux nez de la haine des juifs », écrit-il sur l’ex-Twitter. Les peines que propose son projet sont très lourdes : jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Bien entendu, il n’explique pas où va se situer la frontière entre l’antisionisme à réprimer et la critique de la politique de l’État d’Israël. À moins que son objectif soit de mettre ce pays et ses dirigeants au-dessus de toute remise en cause de la politique belliqueuse des gouvernements israéliens. Pour le moment, le projet ne suscite que des railleries sur les réseaux sociaux.

En France et dans de nombreux pays de l’Occident, un autre élément de langage est apparu dans les débats depuis le 7 octobre.

Beaucoup d’intervenants invitent à faire la distinction entre les enfants qui meurent dans le conflit, selon qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens.

Les images horribles qui arrivent de la bande Gaza mettent à mal la ligne de défense des pro-israéliens. Depuis le 7 octobre, les bombardements de l’armée israélienne ont fait plus de 8.500 morts, dont 3.500 enfants.

Selon l’UNICEF, 420 enfants sont tués ou blessés chaque jour dans l’enclave palestinienne. C’est inacceptable « mais c’est le Hamas qui a commencé », entend-on souvent sur les plateaux des télés françaises.

Ou encore qu’il faille distinguer entre les enfants tués intentionnellement (entendre par le Hamas) et ceux qui meurent en « victimes collatérales » des bombes que l’armée israélienne largue sur des bâtiments habités.

Cette ligne de défense est inspirée par Benyamin Netanyahou avant d’être reprise par les pro-israéliens en France.

Face à l’ampleur de la solidarité internationale avec les Palestiniens en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique, les partisans de Benyamin Netanyahou tentent de trouver la parade à chaque fois, pour éviter de débattre sur les vraies raisons des attaques du Hamas et de la guerre permanente que mène Israël contre les Palestiniens, à savoir la colonisation et la répression.

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