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Après l’investissement, la santé : l’Algérie malade de son administration

Après l’investissement, la santé : l’Algérie malade de son administration

Une administration censée être au service du pays mais qui se comporte comme un frein qui annihile les efforts consentis et les sommes dépensées pour le bien être du citoyen.

En deux semaines seulement, de hauts responsables algériens sont montés au créneau pour pointer du doigt de graves blocages bureaucratiques lourds de conséquences.

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Samedi 4 décembre, le président de la République dénonçait à l’ouverture des assises nationales sur l’industrie la non-application par l’administration centrale et locale de ses directives concernant l’encouragement de l’investissement productif et la levée des entraves bureaucratiques devant les opérateurs économiques.

Le 20 décembre, le ministre de la Santé fait de graves révélations sur ce qui s’est passé pendant la troisième vague de la pandémie de covid-19, l’été dernier.

 Selon Abderrahmane Benbouzid, des directeurs d’établissements hospitaliers ont refusé d’hospitaliser des malades de covid alors que des places étaient disponibles dans les hôpitaux. Ils auraient fait de faux comptes rendus sur le taux d’occupation des lits.

Le 4 décembre, ce n’était pas la première fois que le chef de l’Etat faisait état de blocages qui empêchent l’économie de décoller, dans une conjoncture sociale difficile faite d’inflation et de fort taux de chômage.

Il l’avait fait lors de ses différentes rencontres avec les walis ou les opérateurs économiques et dans ses multiples rencontres télévisées avec la presse.

Deux ans après son élection à la tête du pays en décembre 2019, il ne pouvait admettre que des instructions, d’une vitalité pour l’Algérie et émanant d’un si haut niveau de responsabilité, soient si peu prises en considération.

Il a alors laissé éclater sa colère dénonçant « un crime contre l’économie » et une « déchéance » et lâchant cette phrase lourde de sens : « Tout marche avec la corruption ».

Abdelmadjid Tebboune avait pourtant donné des garanties lors d’une de ses précédentes interventions pour la dépénalisation de l’acte de gestion, assurant que seuls les actes avérés de corruption seront passibles de poursuites.

Mais l’administration n’a pas suivi au niveau de tous les démembrements de l’Etat. Les chiffres de projets bloqués, dévoilés par son Premier ministre, sont ahurissants.

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2500 projets de plus de 5 milliards de dinars chacun attendent l’aval du Conseil national de l’investissement (CNI) et les usines prêtes, mais à l’arrêt faute de l’autorisation de l’administration pour entrer en production, sont susceptibles de créer 75 000 emplois dans l’immédiat.

Le président de la République a évoqué des fonctionnaires corrompus, d’autres qui refusent de signer par peur de poursuites judiciaires et enfin ceux qui agissent à dessein au profit de « cercles occultes » afin d’entraver l’action du président et du gouvernement.

« C’est une entrave claire à la relance économique pour créer le maximum de problèmes et faire sortir les gens dans la rue », a dénoncé Abdelmadjid Tebboune.

Pas de noms ni sanctions

Mais pour le cas des directeurs d’hôpitaux qui refusent d’accueillir des malades, de covid de surcroît, il est difficile d’avancer une explication.

Le ministre Benbouzid lui-même, lorsqu’il a fait ses graves révélations, n’a pas tenté d’expliquer l’attitude de ses subordonnés. Les propos du ministre sont très clairs. Il ne s’agit pas d’un refus d’hospitalisation faute de place.

Dans une conjoncture d’urgence nationale, alors que tous les moyens de l’Etat étaient mobilisés pour faire face à la pandémie dévastatrice, des directeurs d’hôpitaux dont la mission première et unique est de soigner les gens, ont refusé de le faire, pour on ne sait quelle raison.

Laisser des gens mourir -car ne l’oublions pas, il s’agit d’un virus mortel- alors que l’Etat a dépensé d’importantes sommes d’argent pour mettre à leur disposition infrastructures, équipements, médicaments et personnel de santé, cela n’a pas de nom. C’est pourtant bien ça qu’a dénoncé le ministre de la Santé.

Si, dans le cas des bureaucrates qui entravent l’économie, il est difficile de les épingler tant ils se cachent derrière des lois souvent ambiguës et la paranoïa qui s’est emparée de la sphère managériale publique ces deux dernières années, aucun impératif ne peut expliquer, encore moins justifier ce qu’ont fait certains directeurs d’hôpitaux.

Hélas, le ministre de la Santé n’a pas livré de noms et n’a pas fait état de sanctions. L’impunité est une autre marque de fabrique de l’administration algérienne.

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