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Au pays du mouton, les éleveurs sont soulagés par la réouverture des marchés aux bestiaux

Au pays du mouton, les éleveurs sont soulagés par la réouverture des marchés aux bestiaux

En Algérie, c’est avec soulagement que les éleveurs ont accueilli la réouverture lundi 29 janvier des marchés aux bestiaux qui étaient fermés depuis fin décembre suite à la découverte de nombreux cas de fièvre aphteuse.

Le ministère de l’Agriculture et du développement rural a lancé par la suite une vaste campagne nationale de vaccination. C’est le taux élevé de vaccination obtenu qui a rendu possible cette réouverture.

Dans un communiqué publié lundi 29 janvier, le ministère de l’Agriculture indiqué « avoir enregistré un taux élevé de vaccination contre la fièvre aphteuse au niveau national et qui a dépassé 91% ».

C’est ce qui a permis la réouverture « progressive » des marchés à bestiaux, tout en « maintenant le dispositif de surveillance, de prévention et de lutte contre cette pathologie ». L’évaluation en temps réelle de la situation par les inspections vétérinaires des wilayas permettra aux walis de décider de rouvrir les marchés à bestiaux.

Dans la mesure où les germes infectieux liés à la fièvre aphteuse peuvent être présents au sol dans les lieux où stationnent les troupeaux de moutons, le ministère demande aux équipes vétérinaires de terrain de prendre toutes les mesures qu’elles jugeront nécessaires pour des opérations de désinfection.

Ces mesures concernent les marchés à bestiaux ainsi que les véhicules servant au transport des animaux avant et après leur sortie de ces enceintes. Par ailleurs, des commissions de wilaya sont chargées de détecter et de mettre en œuvre les moyens permettant de lutter contre la fièvre aphteuse.

Dans plusieurs wilayas, les autorités ont levé l’interdiction qui frappait la tenue des marchés hebdomadaires aux bestiaux. Samedi dernier, sur le marché aux bestiaux d’El Bayadh, il y avait la foule des grands jours. Cela faisait un mois que ce marché était fermé.

De nombreux éleveurs ont fait part de leur satisfaction. « Vendre, nous permet de rembourser nos dettes », confiait à Ennahar TV un éleveur. Exhibant une liasse de feuilles, un éleveur a déclaré qu’il « possède un nombre important d’animaux » et qu’il détenait « toutes les attestations nécessaires ».

Un autre témoigne de tout l’intérêt de cette décision : « Cette réouverture est une bonne chose, s’il n’y a pas de ventes, il n’y a pas d’achats. Tout s’arrête ».

Reconnaissables à leur blouse blanche parmi les kachabiyas de couleur marron des éleveurs, deux vétérinaires vérifient les attestations de vaccination que doivent posséder les éleveurs. Deux mondes se côtoient : des éleveurs aux techniques d’élevage le plus souvent rudimentaires et des diplômés maîtrisant les techniques les plus modernes.

Le vétérinaire inspecteur Abdelkader Belganadil confie : « Pour tout déplacement, les éleveurs de moutons doivent détenir une attestation sanitaire délivrée par les services vétérinaires. »

Le ministère de l’Agriculture et du développement rural a mis en place un dispositif de surveillance du transport des animaux qui repose sur un certificat de vaccination contre la fièvre aphteuse et d’un certificat sanitaire indispensable pour le déplacement des animaux et leur entrée des animaux au niveau des marchés.

Une question reste posée quant aux animaux non identifiés par une boucle à l’oreille : comment s’assurer qu’il s’agit bien de ceux qui ont été vaccinés et non ceux d’un voisin ?

Des vaccinations contre la fièvre aphteuse réalisées durant une campagne menée tambour battant par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Pour l’occasion, les vétérinaires privés et ceux officiant dans des organismes publics avaient été mobilisés.

L’Algérie rouvre les marchés aux bestiaux

La même animation régnait dimanche dernier sur le marché de Djelfa où Ennahar Tv était également présente. Signe du niveau d’affluence, le nombre de camions présents ; des véhicules aménagés pour le transport des animaux.

Il y avait foule autour des moutons présentés à la vente, les uns attachés aux autres au niveau du cou en deux rangées se faisant face et d’autres parqués dans des enclos grillagés.

Si cette réouverture a été plébiscitée par les éleveurs, c’est que ces marchés ne sont pas de simples lieux de vente d’animaux. Ils sont le siège d’une vie sociale nécessaire au monde rural comme en témoignent ces tentes montées pour l’occasion et où les discussions vont bon train autour d’une tasse de café ou un verre de thé.

Belgacem Debssi ne cachait pas sa joie à la réouverture du marché de Djelfa : « C’est une bonne mesure, il n’y a pas de maladie chez les moutons. Les vétérinaires ont surtout vacciné les vaches mais cette fermeture nous a beaucoup impactés. »

Zoubir Boucheriet, un maquignon venu de Guelma témoignait de ses déboires suite à la fermeture des marchés : « On a beaucoup souffert de cette mesure. J’ai des contrats à assumer auprès de sociétés pour lesquelles je dois livrer de la viande mais je ne trouvais pas d’animaux ».

Durant la matinée, entre éleveurs et acheteurs, les liasses de billets passent de mains en mains. Chacune est soigneusement recomptée.

Abdelkader Mokhtari a accouru dès la réouverture du marché. En tant qu’éleveur, il tient à souligner l’importance de cette réouverture : « Sur ce marché, on vend également des légumes, des vêtements, de l’orge, de la paille. Nous n’avons pas d’autre revenu que nos moutons. Ces camions que vous voyez dépendent tous de ce marché et viennent de toutes les wilayas ».

Safir Toumi confirme ces propos et prend à témoin son interlocuteur : « Éleveurs et acheteurs, on commerce entre nous. S’il n’y avait plus ces moutons, nous n’aurions plus rien. C’est de cette activité que nous tirons notre revenu et faisons vivre nos familles. Si nous n’amenons pas les animaux au marché, où pourrait-on les vendre ? »

À travers leur présence à travers les opérations de contrôle et de désinfection sur les marchés, les équipes vétérinaires innovent. Cette présence leur permet de s’adresser à l’ensemble des éleveurs. À travers leur grande fréquentation, les marchés hebdomadaires s’avèrent être un carrefour idéal pour des actions de sensibilisation.

Actuellement une grande partie des éleveurs algériens reste en dehors du progrès technique que ce soit concernant les aspects sanitaires, la sélection génétique ou en matière d’adaptation des rations alimentaires aux besoins des animaux.

Des moyens simples telle la pesée des agneaux ou le regroupement des naissances peut permettre d’améliorer la croissance des animaux tout en économisant les ressources alimentaires.

À côté de ces actions de sensibilisation sur les marchés, le développement d’associations d’éleveurs recrutant leurs propres techniciens peut permettre de démultiplier les efforts des services vétérinaires et ceux de l’élevage.

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