Société

Bac 2018, 4e jour : violences, tentatives de fraude et menaces

La ministre de l’Éducation a réagi, ce dimanche 24 juin, aux réactions de certains candidats qui se sont plaints de la fermeté « exagérée » manifestée par des surveillants dans les salles d’examen.

Nouria Benghabrit a invité les chefs de centre d’examen à prendre toutes les mesures nécessaires en cas de provocations, de menaces, ainsi que de violences verbales ou physiques de la part des candidats.

« Ils seront aussitôt exclus », a mis en garde la ministre qui encourage les enseignants chargés de la surveillance à appliquer les instructions de la tutelle avec la plus grande fermeté aussi bien en matière d’organisation que de surveillance pour éviter toute tentative de fraude.

Lors de sa dernière sortie, la première responsable du secteur a assuré, par ailleurs, n’avoir aucune intention d’organiser une deuxième session pour le baccalauréat contrairement à ce qui a été diffusé sur les réseaux sociaux.

Cette déclaration publiée sur le site officiel de l’Office national des examen et concours(ONEC) intervient après la publication du sujet d’arabe une heure après le début des épreuves mercredi dernier et le recours à un deuxième sujet de sciences naturelles pour la branche Sciences expérimentales après les rumeurs sur une éventuelle fuite de sujet.

Au quatrième jour du baccalauréat session 2018, les candidats de la filière Économie et Gestion se sont penchés ce matin sur deux sujets d’histoire et géographie au choix.

Les témoignages recueillis par des chaînes TV convergent tous pour dire que « les deux sujets étaient à la portée des candidats ». « Les sujets étaient basés à 80% sur la culture générale beaucoup plus que le « parcœurisme », ce qui nous a beaucoup aidés dans nos réponses »,a réagi un candidat de Blida.

« Le programme de ces deux matières est très long. Il est impossible de mémoriser l’ensemble des leçons. On ne peut pas aller au-delà de 50% dans nos révisions », a-t-il ajouté.

« Le premier sujet était de culture général sur la guerre froide et les pays du tiers monde. Les questions étaient simples et directes », a indiqué une autre candidate d’Alger-centre.

Un optimisme qui peine à convaincre Fouad Boughlalat enseignant d’histoire-géographie au lycée. Pour lui, « 90% des candidats sont dépourvus de méthodologie pour pouvoir disserter dans un sujet d’histoire et ne maitrisent pas bien la langue arabe. Les points sont souvent perdus dans des réponses dispersées et peu cohérentes ».

Pour cet après-midi, les candidats de 13 wilayas à travers le territoire national se sont penchés sur l’épreuve de la langue amazighe.

En attendant de connaitre les avis des uns et des autres sur cette épreuve, la violence, les bagarres et les tentatives de tricherie ont apparu dans une proportion démesurée hier lors de l’épreuve de philosophie.

Le sujet de cette matière tant appréhendée par les élèves de Terminal a suscité la colère de certains candidats. C’est le cas d’un élève de la filière Lettre et Philosophie qui, visiblement, très choqué par le thème proposé dans cette épreuve, s’est levé pour casser les vitres de la salle d’examen à El Harrach ; dans la banlieue est d’Alger.

Conduit d’urgence à l’hôpital, il s’en est sorti avec cinq points de sutures. Un enseignant a dû l’aider à écrire ses réponses après son retour de l’hôpital. Au lycée Émir Abdelkader à Alger, deux candidats ont tenté d’agresser un enseignant à la sortie du centre d’examen.

Ce dernier avait mentionné leur tentative de tricherie dans son rapport. Armé d’un couteau, un des deux élèves a tenté de poignarder l’enseignant devant les passants. Il a été sauvé in extrémis grâce à la vigilance d’un lycéen qui s’est interposé jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre.

Le journal Ennahar rapporte par ailleurs des scènes de cris et de pleur après la distribution des questions de philosophie qui étaient essentiellement puisées du programme du deuxième trimestre.

Le sujet à l’origine de cette exaspération aborde la question des « systèmes politiques ». Dans d’autres centres d’examen, les surveillant ont assisté impuissants à des bagarres qui se sont éclatées entre candidats à la sortie des salles d’examen.

La journée du samedi 23 juin a été aussi marquée par la disqualification de 35 candidats, durant les deux premiers jours de ces épreuves pour tricherie, dans la wilaya de Tébessa, six autres dans la wilaya de Mila et trois dans la wilaya de Constantine.

À Ghardaïa, deux candidats libres ont été pris en flagrant délit de diffusion des sujets sur facebook. Les deux mis en causes ont été arrêtés par le chef du centre d’examen et remis aux services de la Gendarmerie nationale qui a ouvert une enquête.
Après la polémique qui a éclaté autour du sujet d’arabe, c’est autour du sujet d’anglais soumis aux élèves de la filière Sciences expérimentales de susciter des réactions aussi bien de la part des candidats que des enseignants.

La production écrite proposée invite les élèves à rédiger un texte à adresser à un Algérien qui s’est installé à l’étranger pour le convaincre de revenir en Algérie.

« On ne peut pas faire de la sensibilisation sur la question de la fuite de cerveaux en invitant quelqu’un qui a bien réussi à l’étranger à revenir en Algérie. S’il s’est investi pour réussir à l’étranger, sa vie est dans le pays où il a réussi à se faire valoir. Les élèves ont bien remarqué la contradiction », a réagi Meziane Meriane président du Snapest, ajoutant qu’une erreur de grammaire a, aussi, été détectée dans le sujet de français destiné à la filière scientifique.

Après vérification, une erreur d’accord sujet-verbe dans la phrase « le constat que dresse les techniciens » figure en effet dans le sujet.

Les plus lus