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Ballon d’or : quelque chose de politique dans le sacre de Benzema

Karim Benzema est enfin sacré au Ballon d’or. Lundi soir, l’attaquant franco-algérien du Real Madrid a reçu le trophée individuel le plus prestigieux du monde du football des mains de son doublement compatriote, Zinedine Zidane.

Une victoire d’autant plus méritoire qu’elle a été obtenue à près de 35 ans. Le détail a échappé aux commentateurs, mais il mérite d’être souligné : Benzema est le joueur le plus âgé à soulever le Ballon d’or depuis la toute première édition qui a distingué en 1956 l’Anglais Stanley Matthews, à 41 ans.

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La plupart des 45 lauréats des 66 éditions ont été sacrés avant la trentaine, la tranche 26 à 29 ans étant la force de l’âge pour un footballeur. Le Franco-algérien a attendu le crépuscule de sa carrière pour éclabousser le monde de son talent.

Ce qui révèle un caractère de battant qui ne lâche rien, et peut-être aussi une envie de revanche. Cette distinction tardive rappelle qu’on n’a pas toujours été juste avec le joueur.

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Pour une bourde extra-sportive, Karim Benzema a été privé de sélection nationale pendant six longues années, qui se trouvent être celles où il pouvait donner le meilleur de lui-même. Il a notamment raté deux tournois majeurs qui pouvaient lui valoir un Ballon d’or bien plus tôt, l’Euro 2016 et la Coupe du monde 2018 qui ont vu l’équipe de France atteindre la finale et remporter le trophée, respectivement.

Mais comme s’il était écrit qu’il entrera au panthéon du football mondial, Benzema a fini par imposer son retour chez les Bleus, par ses prestations et ses titres avec le meilleur club du monde, le Real Madrid, avec lequel il a remporté 5 Ligues des champions, dont trois d’affilée sous la coupe de son ami Zinedine Zidane, entre 2016 et 2018. Depuis quelques années, le joueur enchaîne prestations de premier ordre, statistiques stratosphériques et titres.

Ce qu’il a fait la saison dernière a fini par lui valoir la reconnaissance unanime du monde du football, en gagnant tous les titres majeurs possibles : champion d’Espagne et d’Europe avec le Real, vainqueur de la Ligue des nations avec la France.

Le Ballon d’or du peuple

Côté statistiques, ce qu’a fait Benzema est exceptionnel, terminant meilleur buteur de la Liga (27 réalisations) et de la Ligue des champions (15 buts, égalant le record de Cristiano Ronaldo). Au total, Benzema a marqué à 44 reprises, toutes compétitions confondues.

Si, dans ce registre, Robert Lewandowski a fait mieux avec ses 50 buts, le parcours de Karim Benzema lors de la phase à élimination directe de la LDC, est unique : 10 buts marqués en huitième, en quart et en demi-finale aux meilleures défenses du moment (Paris-Saint-Germain, Chelsea et Manchester City), à coup de triplés et de doublés. Une performance qu’on ne retrouve pas dans le palmarès de Lionel Messi ou de Cristiano Ronaldo dans leurs meilleures années.

C’est sans doute ce parcours qui a tué la concurrence pour le Ballon d’or. Avec Benzema, le Real a remporté sa 14e Ligue des champions et vient d’égaler son frère ennemi du Barça au palmarès du Ballon d’or, avec 12 consécrations pour chaque club. La France aussi, avec sept trophées remportés par cinq joueurs, rejoint les deux autres grandes nations du football européen, l’Italie et l’Allemagne.

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En recevant son trophée, Karim Benzema a eu cette phrase très commentée : « C’est le Ballon d’or du peuple ».

« Il n’y a rien de politique, c’est juste une référence par rapport à d’où je viens », a-t-il expliqué plus tard aux médias. Néanmoins, il y a bien quelque chose de politique, et dans la déclaration et dans le sacre lui-même.

La distinction est aussi une réponse à ceux qui s’entêtent à voir dans l’immigration la source des maux de la France. Les chiffres sont en effet implacables : la France compte cinq joueurs Ballon d’Or et quatre ont des origines immigrées (Raymond Kopa, Michel Platini, Zinedine Zidane et Karim Benzema). L’immigration algérienne, la plus stigmatisée du moment, est justement la plus représentée.

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