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Conférence nationale et vice-président : c’était déjà en 1995

Conférence nationale et vice-président : c’était déjà en 1995

Le grand projet annoncé du 5e mandat est d’organiser une conférence nationale du consensus réunissant le pouvoir et l’opposition. Étonnant !

La « conférence nationale » a été un instrument de sortie de crise largement utilisé au début des années 1990 en Afrique. Et même en Algérie où s’est tenue fin janvier 1994 une conférence nationale du consensus qui a défini les instruments de la transition politique, après la désignation de Liamine Zeroual au poste de « président de l’Etat ».

Alors ministre de la Défense, M. Zeroual fut désigné au débotté par le Haut Conseil de Sécurité, après la défection d’Abdelaziz Bouteflika qui n’aurait pas obtenu, selon ses explications ultérieures, la satisfaction de ses conditions. C’est Youcef Khatib, président de la Commission du Dialogue National, chargé d’organiser la conférence du même nom, qui avait annoncé la défection au Palais des Nations de Club des Pins.

La première expérience de « conférence nationale », sans doute mieux aboutie, a été organisée en février 1990 au Bénin, à l’initiative du général Mathieu Kérékou qui avait pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1972. Dix-sept ans après, il devait faire face à une grave crise économique. Le général avait compris la nécessité d’élargir la base sociologique du pouvoir et de doter son pays de nouvelles institutions. Il eut l’idée d’une « conférence nationale » dont il confie l’organisation à l’avocat et homme politique Robert Dossou. La conférence est allée plus loin que son promoteur ne l’avait imaginé : elle proclame sa souveraineté, destitue le chef de l’Etat et désigne un haut fonctionnaire international au poste de Premier ministre de la Transition.

Après le Bénin, il y eut le Gabon, le Mali, le Togo, le Niger, le Zaïre (devenu RD Congo) et le Tchad.

L’Algérie a clôturé ce cycle en janvier 1995. Le Haut Comité d’Etat désigné dans la précipitation en janvier 1992, était chargé de mener à son terme (décembre 93) le mandat de Chadli Bendjedid forcé à la démission. La mise en place du HCE avait pour but de ne pas laisser prospérer l’idée d’un coup d’Etat. Et ce n’est pas par hasard qu’on en confia la présidence à l’irréductible opposant Mohamed Boudiaf, remplacé après son assassinat par Ali Kafi qui dirigeait l’Organisation nationale des Moudjahidine.

Faute de pouvoir organiser un retour aux urnes dans un contexte de violence où l’effondrement du régime faisait même l’objet de paris dans les chancelleries, le HCE avait préféré céder le pouvoir à des institutions de transition.

Une commission du dialogué avait été mise en place comprenant même des généraux. Elle était chargée de préparer une « conférence nationale du consensus ».

Très largement boycottée par l’opposition, hormis le Hamas (devenu MSP) et de petits partis, elle se termina par l’élaboration d’une « plateforme portant consensus national pour une période de transition ». Une transition « nécessaire à une sortie de crise » devant être couronnée par un « retour au processus électoral » dans un délai maximum de trois ans.

La plateforme avait défini les institutions de la transition : une présidence de l’Etat, un Conseil national de Transition de 200 membres dont 1% issus des corps de l’Etat, les autres des partis et de la société civile.

Désigné par le Haut Conseil de sécurité, le président de l’Etat à son tour « peut désigner un ou plusieurs vice-présidents ». Là encore rien de nouveau. Déjà la constitution de 1976 prévoyait le même poste. Mais les président Boumediene et Chadli ne l’ont jamais doté.

La plateforme de transition faisait obligation au président de l’Etat de faire un « message annuel sur l’Etat de la nation ». Entre autres objectifs, elle chargeait les institutions de la transition de « restaurer la paix civile, relancer l’économie nationale et renforcer la justice sociale ». Hormis la paix civile, les autres recommandations sont restées au stade de vœux.

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