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Cour d’Alger : Hamel règle ses comptes avec Belkecir et Saïd Bouteflika

Cour d’Alger : Hamel règle ses comptes avec Belkecir et Saïd Bouteflika

Devant la Cour d’Alger, l’ancien patron de la police Abdelghani Hamel tente, depuis hier mercredi 29 juillet, de convaincre de son innocence. Le grand déballage politique n’a pas eu lieu, mais l’ex-DGSN en profite pour régler ses comptes avec le général Ghali Belkecir, ex-patron de la gendarmerie, et Said Bouteflika.

Avec une étonnante stratégie de défense qui consiste à occulter l’essentiel, pour mettre ses déboires sur le compte d’un complot ourdi par ses adversaires.

A la bonne heure, car Hamel était un moment considéré comme un potentiel successeur au président Bouteflika. Mais ceux qui s’attendaient au grand déballage politique seront déçus.

Au sommet de l’Etat dans les dernières années du long règne de Bouteflika, il y avait certes des divergences et une lutte de clans pour peser sur la succession qui se rapprochait inexorablement, mais surtout des commérages.

Des commérages qui ont mal tourné. Voici le nœud de l’intrigue et ce que révèle Hamel sur les raisons de sa déchéance : le général Ghali Belkecir, qui deviendra plus tard patron de la gendarmerie, voulait marier son fils à un membre de la famille Bouteflika et cela devait passer par une sorte d’enquête « d’habilitation » confiée à la police.

« Je paie aujourd’hui le prix de cette enquête demandée par la Présidence », dit-il devant la Cour. « Je suis victime d’une lutte de clans à laquelle je suis étranger, de jalousie… Ce que le terrorisme ne m’a pas fait, Belkecir l’a fait. Aujourd’hui, il mène la belle vie en Espagne où il a demandé l’asile politique et moi et mes enfants, nous payons », dit-il après avoir rappelé son parcours et sa longue carrière militaire entamée en 1973 et au cours de laquelle il a occupé de hauts postes de responsabilité dont ceux de chef des Gardes- frontières, commandant de la Garde républicaine et directeur général de la police.

Quelques jours avant sa nomination à la DGSN en 2010, il a été promu général-major, à l’époque le deuxième plus haut grade de la hiérarchie militaire.

Comme lui, le général Belkecir avait gravi les échelons au sein de la gendarmerie, jusqu’à en devenir le premier responsable en juillet 2018, une semaine après l’éviction de Hamel de la tête de la police. Un poste qu’il occupera jusqu’en juillet 2019, avant d’être à son tour limogé.

A l’époque des faits cités par l’accusé, Belkecir était chef d’état-major de la gendarmerie. Mais il n’y a pas que lui, semble-t-il, qui a décidé d’empoisonner la vie à Hamel. Toute la « issaba » en fait. Du moins, c’est ainsi que l’ex-DGSN désigne ces parties qui lui auraient demandé « des choses graves », qu’il se gardera toutefois de préciser.

« Saïd Bouteflika ne m’aimait pas »

A défaut de révélations croustillantes sur les forces en présence ou les plans de l’ex-clan présidentiel dans la conjoncture cruciale que traversait le pays, Hamel confirmera ce que tout le monde ne savait que trop : le président était trop malade pour prendre le téléphone et lui signifier sa fin de mission le 26 juin 2018 et c’est donc son frère Saïd, qui le « détestait » finalement, qui l’a fait.

Ce jour-là, celui qui était encore tout puissant chef de la police avait dénoncé dans une déclaration publique des « dépassements » dans l’enquête menée par la gendarmerie sur l’affaire des sept quintaux de cocaïne saisis au large d’Oran un mois plus tôt et asséné que « pour lutter contre la corruption, il faut être soi-même propre ».

Ça aussi, on le savait. Abdelghani Hamel a raconté tout cela sans qu’il soit interrompu. Mais il faut bien qu’il s’explique sur les dizaines de biens immobiliers et comptes bancaires inscrits au nom des membres de sa famille. Et c’est ce que le juge finit par lui demander, après l’avoir laissé, dit-il, « vider son cœur ».

Sans donner le bon compte, il affirme que le chiffre de 168 comptes bancaires est exagéré. La suite est une succession de dénégations de Hamel lui-même, de ses enfants et de son épouse.

Et une dernière pique à Ghali Belkecir et ses délations : c’est encore lui qui aurait mis la puce à l’oreille du secrétariat général de la présidence qui, par la suite, annulera l’attribution d’une parcelle à Tipaza à l’un des enfants Hamel.

La Cour doit maintenant déterminer si l’ancien DGSN, sa famille et tous les cadres impliqués, dont quatre anciens walis, ont été convaincants et si le tribunal de Sidi M’hamed a eu la main lourde en les condamnant le 1er avril dernier à des peines comprises entre deux et quinze ans de prison ferme.

| Lire aussi : Hamel et Berrachdi condamnés à 4 ans de prison ferme

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