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Covid-19 en Algérie : les prévisions alarmantes des spécialistes

Covid-19 en Algérie : les prévisions alarmantes des spécialistes

La 4e vague du covid-19 s’installe progressivement en Algérie. Même si la courbe de la pandémie évolue lentement avec en moyenne 150 cas positifs par jour, les services covid de certains hôpitaux commencent à afficher complet.

Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et appellent à relancer la vaccination anti-covid qui connaît une stagnation.

Selon le président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) qui s’exprimait ce dimanche 21 novembre sur la Radio algérienne, le Pr Kamel Senhadji, l’Algérie est en effet « au début de la 4e vague » du covid-19, avec une évolution en dent de scie des contaminations recensées en 24 heures.

| Lire aussi : Vaccins contre le covid-19 : le paradoxe algérien

Le Pr Senhadji prévoit l’arrivée de cette nouvelle vague dans le pays « de manière importante » dans un horizon de 4 à 5 semaines, en prenant en compte le décalage entre la 5e vague qui sévit actuellement en Europe notamment et son apparition en Algérie.

Une perspective qui fait craindre le pire au Pr Noureddine Zidouni, pneumologue au CHU Béni-Messous (Alger). Son appréhension est d’autant accentuée que le taux de vaccination est faible et que les mesures sanitaires sont totalement abandonnées.

« Je suis très pessimiste et je m’attends à une recrudescence »

« Nous sommes à 10 % de taux de vaccination. Comment voulez-vous qu’on obtienne une protection avec un taux pareil ? Je suis très pessimiste et je m’attends à une recrudescence. J’espère que les autorités auront suffisamment de médicaments, d’oxygène et de dispositifs pour parer à ce qui s’annonce comme une vague d’une virulence, et qui sera très pénible à surmonter », s’inquiète le Pr Zidouni dans une déclaration à TSA.

« Il n’y a pas de stratégie de prévention ni de sensibilisation », ajoute le spécialiste qui recommande de faire appel à la société civile. La situation sanitaire ne surprend pas le pneumologue qui n’a pas cessé d’alerter contre toute baisse de la vigilance.

« J’ai toujours dit que nous ne sommes toujours pas sortis du tunnel. Et encore loin d’éradiquer la pandémie », martèle-t-il. Le Pr Zidouni pointe une « négligence et une insouciance collectives ».

« Dans la rue, très peu de personnes portent des masques. Les gestes sanitaires ne sont pas respectés notamment durant les meetings électoraux dans le cadre de la campagne des municipales du 27 novembre. Il n’y a plus de prise de température à l’entrée des magasins. Les magasins sont bondés de clients sans aucune protection. Les vitrines en plexiglas ont disparu des taxis, etc. », détaille-t-il.

 Face à cette situation, le spécialiste appelle les Algériens à se vacciner contre le covid-19. Pour les réticents, il lance un message. « Vous avez fait confiance aux vaccins du Programme élargi de vaccination de l’enfant. Grâce à la population qui y a adhéré massivement, il y a des maladies qui ont disparu, comme la polio. L’Algérie était un modèle de réussite de la stratégie vaccinale de l’enfant. Ce que vous avez fait pour vos enfants, faites-le pour vous », a exhorté le spécialiste.

L’action des personnes qui font circuler des fake news mettant en doute l’innocuité du vaccin anti-covid est comparée par le Pr Zidouni à l’ « intrusion intempestive d’ignorants » qui s’étaient opposés au vaccin contre la rougeole.

« On en avait payé les conséquences avec des enfants qui étaient atteints de bronchiolite sévère alors que le vaccin contre la rougeole commençait à donner ses fruits », a-t-il rappelé.

Pass vaccinal bientôt obligatoire ?

Pour amortir l’impact de la 4e vague, le Pr Noureddine Zidouni recommande de rendre obligatoire la vaccination « pour des catégories de plus en plus larges de la population ».

En ciblant en particulier « les populations qui ont un contact direct avec les citoyens » dont les personnels soignants. « Nous sommes dans une course entre la 4e vague et la vaccination », a affirmé Kamel Senhadji sur les ondes de la radio.

Pour tenter de lever les appréhensions des non vaccinés, il assure que les études scientifiques ont démontré l’innocuité du vaccin. Même s’il se dit contre l’obligation vaccinale, le président de l’ANSS a révélé que des recommandations ont été transmises aux autorités pour la mise en place d’un pass sanitaire (pass vaccinal) dans les espaces recevant du public.

Selon le Pr Senhadji, ce dispositif devra être déployé dans les universités, les salles des fêtes, les administrations publiques, dans les écoles, etc. Le pass vaccinal est déjà obligatoire dans les salles des fêtes qui viennent de rouvrir leurs portes au public, les stades, les piscines…

Le président de la Société algérienne d’infectiologie (SAI), le Dr Mohamed Yousfi, a expliqué, dans une déclaration à TSA, qu’un confinement n’était pour le moment pas nécessaire tout en se prononçant clairement en faveur de l’instauration du pass vaccinal.

« On assiste à une progression lente des chiffres (de contaminations). Ce n’est pas une augmentation exponentielle. Même si les choses peuvent changer du jour au lendemain », a indiqué le Dr Yousfi. L’infectiologue redoute une explosion des cas qui va mettre à rude épreuve un personnel soignant déjà éprouvé par deux années de lutte contre la pandémie.

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