Société

Covid-19 : Omicron va-t-il immuniser les Algériens ?

Après le record historique de 2 521 nouveaux cas de Covid-19 qui a été enregistré mardi 25 janvier en Algérie, la courbe des contaminations a amorcé depuis une décrue : 2 162 cas mercredi 26 janvier, 2 130 cas jeudi 27 janvier et 1870 cas enregistrés vendredi 28 janvier. Une tendance confirmée par les spécialistes.

Ça fluctue, il faut attendre encore une semaine pour voir si on est dans une tendance baissière. Moi j’avais dit en janvier que le pic sera atteint à la fin du mois de janvier début février et par la suite on aura une décrue », explique à TSA, le Pr Salah Lellou, pneumologue à l’EHU d’Oran.

Si ça se confirme que l’Omicron est moins dangereux que le Delta même au sein de notre population peu vaccinée, on atteindra une immunité collective sans trop de dégâts et on verra le bout du tunnel de la pandémie », ajoute-t-il.

Le Pr Lellou affirme que les hôpitaux « restent saturés » et le corps de la santé est durement touché « de 30 à 50 % sont atteints ce qui confirme la propagation rapide de ce variant Omicron qui certainement est plus répandu que le delta ». Mais tout ceci ne nous dispense pas des gestes barrières et de vaccination, met-il en avant.

« Je pense qu’on assiste à une légère décrue du nombre global des cas surtout les cas bénins. Mais la demande des hospitalisations reste élevée », relève néanmoins le Dr Adel Boudahdir, médecin-réanimateur au CHU Frantz-Fanon de Blida.

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« La question fondamentale pour laquelle personne ne répond est : “Est ce qu’on est en face d’une maladie immunisante” ?  C’est-à-dire que le niveau de l’immunité acquis suite à l’infection induit-il une protection durable et efficace chez la majorité de la population contaminée ? », se demande le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).

« Si c’est le cas, l’option de l’immunité collective devient stratégique dans la lutte contre la pandémie covid-19 et elle peut rapidement se réaliser chez nous à la faveur d’une large diffusion de la contamination par le variant Omicron caractérisé par son niveau de contagiosité très élevé », a-t-il poursuivi.

« Dans les pays qui ont réussi le pari de la vaccination (pays de l’UE, Royaume-Uni, la Suisse, le Canada, les États-Unis, l’Australie, etc.), cette situation a été réalisée grâce à l’immunité induite et renforcée par plusieurs doses de vaccins reçues et c’est une preuve que l’immunité acquise naturellement par l’infection n’était pas suffisamment efficace », a-t-il fait observer.

« C’est trop tôt pour se prononcer »

Le Dr Adel Boudahdir abonde dans le même sens. « C’est trop tôt pour se prononcer sur ce point (maladie immunisante) surtout avec ce variant Omicron, mais on a vu que les pays occidentaux notent qu’il y a eu des cas de réinfection à l’Omicron. Et après tout ce recul qu’on a sur ce variant, je pense que si on n’a pas d’autres variants virulents qui donnent des vagues ça va devenir une pathologie qui demande une vaccination périodique jusqu’à l’extinction totale », résume le médecin-réanimateur.

« Il y a pour moi une différence entre deux approches : la contamination collective et celle de l’immunité collective », complète Lyes Merabet. « On ne parle de l’immunité collective que lorsqu’on a la preuve clinique et immunologique que l’infection naturelle provoquerait une protection efficace et durable », explique-t-il.

Mais rien n’a été prouvé. « Malheureusement, cela n’a pas été prouvé chez nous et ailleurs jusqu’à présent », ajoute le Dr Merabet. En revanche, signale le praticien, des études publiées dans beaucoup de pays ont démontré « l’intérêt de l’immunité induite par la vaccination et la protection qu’elle confère contre les complications du covid 19 ».

Rappelons que deux variants du virus originel du covid-19 sont en circulation en Algérie. Il s’agit du Delta à l’origine d’une 3e vague meurtrière à l’été dernier et l’Omicron qui a été détecté pour la première fois en Algérie le 14 décembre dernier.

Devant la progression de l’Omicron, bien que moins létal que le Delta et plus contagieux, la vaccination demeure l’un des outils, pour ne pas dire le seul, pour diminuer l’impact épidémique.

Les spécialistes recommandent que la vaccination doit être largement utilisée et encouragée, et accompagnée des mesures barrières qui permettent de réduire les contaminations.

Or, en Algérie, le constat sur le terrain est tout le contraire de ces recommandations. La vaccination se maintient à des niveaux très faibles et les mesures barrières non respectées. Le gouvernement et les spécialistes font le pari de la généralisation du pass vaccinal pour amener la population à se vacciner. Une deuxième campagne de vaccination anti-covid vient d’être lancée par le ministère de la Santé.

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