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Crise de l’huile et du pain : le silence du Parlement et des partis

Crise de l’huile et du pain : le silence du Parlement et des partis

L’Algérie vit des crises et tensions successives sur plusieurs produits de première nécessité. Curieusement, la situation ne suscite pas de débats au niveau de la classe politique, notamment les partis majoritaires dans les assemblées élues, et du Parlement avec ses deux chambres.

Ce silence est d’autant plus incompréhensible que les hausses des prix et les pénuries surviennent dans un contexte de forte dégradation du pouvoir d’achat, avec une inflation presque à deux chiffres.

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En ce moment, c’est l’huile de table, et accessoirement le pain, qui font l’actualité. L’huile de soja subventionnée est introuvable sur les étals pour la deuxième fois en moins d’une année.

La production nationale étant largement suffisante pour couvrir la demande interne, les autorités ont pointé du doigt la spéculation, notamment par la voix du ministre du Commerce. Le président de la République est allé plus loin en dénonçant des « complots ».

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« Pleinement conscients des défis actuels, complexes et difficiles, et des complots de déstabilisation, y compris les tentatives visant à créer la pénurie dans les produits de base, nous puisons ensemble, à cette occasion, la force de déjouer les tentatives de démoralisation », a indiqué Abdelmadjid Tebboune dans son message de vœux de fin  d’année.

Le prix de la baguette de pain subventionné, qui est fixé depuis 25 ans à 7,50 Da, est aussi remis en cause par les boulangers qui souhaitent le voir augmenté à un seuil qui leur assure une rentabilité.

La question du pain est en effet très complexe. Même vendu à 10 Da la baguette depuis plusieurs années, le pain subventionné cause des pertes aux Boulangers car seul le prix de la farine est soutenu, sans les autres intrants. D’un autre côté, les mêmes boulangers font des bénéfices substantiels dans d’autres produits fabriqués à base de farine et de sucre subventionnée mais dont les prix sont libres (viennoiseries, pâtisseries…).

La question mérite un large débat, au niveau des spécialistes mais aussi des politiques. Pour le moment, seuls certains professionnels s’expriment dans les colonnes de la presse.

Une situation complexe qui appelle à un profond débat

Du côté des partis politiques, que ce soit ceux de l’opposition ou de la majorité, les pénuries et les hausses des prix constituent un non-événement. Seules quelques formations les abordent. Comme le Parti des travailleurs (PT) qui évoque la question dans ses évaluations périodiques de la situation économique et sociale dont il dresse régulièrement un tableau noir.

Aussi, les députés et les sénateurs ne sortent presque jamais de l’ordre du jour des plénières. Mardi 4 janvier, l’événement a été l’annonce prochaine d’une chaîne de télévision parlementaire, en décalage avec la situation sociale, principale préoccupation des Algériens.

Les présidents et les membres de l’APN et du Conseil de la Nation ont soigneusement éludé la situation difficile du front social. Pourtant, elle appelle à un débat profond et urgent.

La dépréciation continue du dinar et la hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux ont généré une très forte inflation, estimée par le gouverneur de la Banque d’Algérie à 9,2 %.

Du fait que la hausse des prix a touché essentiellement les produits alimentaires, ce sont les couches les plus vulnérables qui en sont le plus affectées. Le pouvoir d’achat s’est fortement détérioré et l’investissement productif peine à démarrer.

Curieusement, même lorsque la révision du système des subventions généralisées était proposée par le gouvernement, le débat ne s’est pas emballé. La disposition contenue dans le projet de Loi de finances pour 2022 n’a pas donné lieu à de fortes contestations ou à des débats houleux.

Outre les facteurs objectifs et peut-être aussi la spéculation et même la volonté délibérée de créer des situations compliquées, les pénuries et tensions actuelles sont aussi la résultante de décisions prises sans de profondes consultations préalables. Le gouvernement Benabderrahmane est souvent critiqué pour le peu d’intérêt qu’il accorde au dialogue social sur les questions économiques vitales.

L’imposition dans la LF 2022 de la TVA à taux réduit (9 %) sur les sucres est susceptible de créer une ruée sur ce produit de crainte de voir les prix augmentés.

Pour l’huile de table, le décret exécutif du 5 octobre 2021 a porté le prix plafond pour le bidon de 5 litres à (650 Da) et maintenu celui des bouteilles de 1 et 2 litres à 125 et 250 Da respectivement.

Le prix du bidon de 10 litres, qui était destiné aux professionnels, n’est pas plafonné donc non concerné par la compensation. Or, le même texte stipule que « les quantités d’huile alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc destinées aux industriels et aux professionnels font l’objet, obligatoirement, d’un emballage spécifique de 10 kgs au minimum pour ce qui est du sucre blanc et d’un conditionnement de 10 litres minimum pour ce qui est de l’huile alimentaire raffinée ordinaire ».

Selon des spécialistes, la pénurie actuelle pourrait être causée aussi par la ruée de ces catégories sur le bidon de 5 litres, sachant qu’il est très difficile pour les services concernés d’exercer un contrôle minutieux pour débusquer les contrevenants.

Il est illusoire en effet de chercher à réguler le marché en utilisant des emballages, à moins de déployer des contrôleurs, pour vérifier les restaurants, pizzerias, et autres fabricants de confiserie et autres gâteaux orientaux qui utilisent d’importantes quantités de sucre et d’huile de table.

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