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Dans les hôpitaux algériens, « l’administration a le plein pouvoir »

Dans les hôpitaux algériens, “l’administration a le plein pouvoir”

Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid a annoncé, mercredi 4 mai, avoir accordé un délai de 15 jours aux directeurs de la santé au niveau des wilayas et des établissements hospitaliers du pays pour réaménager les services des urgences.

Un défi « difficile à relever en deux semaines », estime le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).

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« Cela fait quinze ans qu’on en parle. Nous ne sommes pas au niveau requis. Ce sera difficile de relever en deux semaines ce défi », a-t-il dit dans une déclaration à TSA .

Il ajoute : « C’est un travail qui doit être fait au quotidien. C’est pour cela qu’on installe des directeurs d’établissements et des directeurs de santé de wilayas. Il y a des responsables qui sont payés pour faire ce travail et veiller à ce que les normes soient appliquées et respectées dans le secteur public et privé »

Selon le président du SNPSP,  les dernières instructions du ministre de la Santé « donnent l’impression d’ouvrir des dossiers qui n’ont jamais été ouverts jusqu’à présent ».

« Le dossier des urgences a été le dossier numéro un, ou deux, avec celui des maternités et de l’obstétrique, qui a été porté par tous les ministres qui ont défilé à la tête de ce ministère ces dernières années », a-t-il rappelé.

« L’administration a le plein pouvoir »

En Algérie, qui a le pouvoir de décider dans les hôpitaux ? Les médecins ou l’administration ? Pour le Dr Merabet, la réponse est claire : « L’administration a le plein pouvoir ».

« L’administration a le pouvoir absolu. Au niveau des CHU, c’est un peu nuancé pour certains services. Les professeurs chefs de services, au vu de leur statut et de certaines considérations qui ne sont pas réglementaires, ont plus d’attributions qu’ailleurs », a-t-il toutefois ajouté.

« Au niveau des établissements de santé de proximité, des EPH et des EHS, l’administration a le plein pouvoir », résume le président du SNPSP.

« Le corps médical est représenté au niveau de chaque établissement par un conseil médical, ou par un corps scientifique au niveau des CHU. Les membres de ces conseils sont les chefs de services, les responsables d’activités dentaires et des élus, comme les représentants du corps paramédical. Dans le décret portant sur la mise en place de ces établissements de santé publics, que ce soient les hôpitaux ou les EPSP,  il est clairement écrit que les conseils scientifiques et médicaux ont un rôle consultatif « , explique le Dr Merabet.

Il développe : « Le corps technique, au niveau d’une instance administrative rattachée à un établissement de santé, est représenté par le conseil médical ou scientifique et juste après, il y a le conseil d’administration qui, lui, valide le plan d’action proposé par les conseils médicaux. Mais généralement, le plan d’action est présenté par l’administration de l’établissement qui peut tenir compte, ou pas, des propositions des chefs de services, prétextant que dans le décret, le conseil médical n’a qu’un rôle consultatif ».

« La réglementation est conçue de cette manière. Elle est biaisée. C’est pourquoi il est tout à fait clair que l’administration a le plein pouvoir dans la gestion des établissements de santé » algériens, regrette le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique.

« Nous ne sommes pas organisés »

Services saturés, appareils en panne, insalubrité, les services d’urgences sont-ils la plaie béante des hôpitaux algériens ?

Le Dr Merabet répond : « Les retombées négatives que nous avons au niveau du fonctionnement des urgences prennent naissance au niveau de tous les dysfonctionnements qu’il y a en amont, que ce soit au niveau du suivi des maladies chroniques, de la prise en charge des malades ou encore la réalisation des programmes de prévention, etc. »

« Lorsque nous sommes dans le dysfonctionnement et l’incoordination entre les différents secteurs, les collectivités locales, la santé, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, cela produit des situations sanitaires qui aboutissent, tôt ou tard, à des dysfonctionnements au niveau des urgences », ajoute le Dr Merabet.

Il poursuit : « Lorsque nous ne sommes pas organisés, qu’on ne fait pas assez dans la prévention, qu’on n’est pas efficients et qu’on n’arrive pas à couvrir les besoins de la population, les gens se ruent sur les unités de soins d’urgence. Cela  accumule des situations qui n’ont rien à voir avec les urgences et provoque une pression terrible sur le personnel soignant et induit une surutilisation des moyens, ce qui explique que très fréquemment au niveau des urgence, il y a des appareils qui sont en panne, que ce soit pour la radiologie, l’échographie ou l’IRM ».

Enfin, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique tient à souligner : « Nous avons beaucoup de moyens dans le secteur privé qui ne sont pas utilisés. Pour essayer d’apporter d’autres solutions à cette problématique des urgences, il faudrait élargir l’étendue de notre vision sur les moyens qui ne sont pas utilisés dans le secteur privé ».

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