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Djamel Belmadi, le « ministre du bonheur » que l’Algérie tient à garder

Lorsque, en août 2018, Djamel Belmadi était nommé sélectionneur national, beaucoup avaient jubilé. Non seulement parce que le Franco-Algérien avait fait ses preuves dans plusieurs clubs et la sélection du Qatar, mais à cause aussi de la situation difficile dans laquelle se trouvait l’équipe nationale et ses résultats décevants sous la conduite de Rabah Madjer et des autres entraîneurs qui l’avaient précédé.

Près de trois ans après, Belmadi a donné aux Algériens plus de joie qu’ils n’attendaient. Sous sa conduite, l’équipe a dépassé toutes les espérances, a collectionné et continue à collectionner performances et records.

Les Algériens n’ont pas tardé à trouver à l’homme le qualificatif qui lui sied le plus : ministre du bonheur. La formule est géniale. Le football marche et c’est suffisant pour que les Algériens gardent le moral et le sourire dans une conjoncture difficile sur tous les plans. Djamel Belmadi y est pour beaucoup et il mérite amplement le nouveau « statut » que ses concitoyens se sont accordés à lui octroyer.

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Son exploit est d’avoir fait d’un groupe moribond une équipe conquérante qui domine l’Afrique de la tête et des pieds. En juillet 2019, moins d’une année après son arrivée, il mène l’équipe nationale au sacre final en coupe d’Afrique des nations en terre égyptienne.

C’était seulement la deuxième fois de son histoire que l’Algérie monte sur le toit du continent. Ce n’était pas tant le titre qui a impressionné, que l’incroyable pronostic de Djamel Belmadi qui, avant le début du tournoi, avait déclaré que son équipe ira en Égypte pour chercher le trophée de la CAN.

Beaucoup avait ri sous cape, d’autres l’avaient frontalement traité de prétentieux. Lorsque l’arbitre de la finale face au Sénégal a sifflé la fin de la partie sur la victoire des Verts (1-0), une légende venait de naitre.

Le monde entier est impressionné par l’exploit et les Algériens l’étaient plus par la très forte personnalité de Belmadi. Et ce n’était que le début d’une longue période de « bonheur ». À ce jour, l’équipe d’Algérie a enregistré 27 matchs sans gouter à la défaite, battant le record africain en la matière. Sa dernière performance en date a un gout particulier : une victoire (2-0) face à la Tunisie chez elle.

« Beaucoup de pays nous l’envient »

En plus des résultats, Belmadi a su séduire aussi par son franc-parler et sa forte personnalité. Une bête médiatique qui n’hésite pas à dire le fond de sa pensée, même lorsque ça risque de faire mal. Tout le monde retient sa ferme réplique à un journaliste égyptien qui soutenait que le public du Caire avait soutenu les Algériens contre les Sénégalais. « Ce n’est pas ce que j’ai vu, je crois que je dois aller voir un opticien ».

Ses rares détracteurs rappellent souvent qu’il a un jour jeté par terre le maillot de l’équipe nationale pour protester contre son remplacement alors qu’il jouait pour les Verts. Mais c’était déjà le reflet de la personnalité de celui qui deviendra une icône auprès des Algériens. La rage de vaincre est l’un de ses traits de caractère.

Né et grandi en France, Belmadi s’est toujours montré proche de l’Algérie et des Algériens. L’histoire retiendra ce qu’il a fait au printemps 2019 lorsqu’il a pris position franchement en faveur du Hirak populaire.

Il n’hésite pas non plus à se prononcer sur des sujets plus politiques comme la corruption dans le football algérien, le racisme dont sont victimes parfois les footballeurs algériens à l’étranger, la frilosité des binationaux à jouer pour l’Algérie, les problèmes d’arbitrage en Afrique où il est allé jusqu’à dire que l’Algérie était visée, le classement FIFA…Bref, Belmadi ne s’occupe pas seulement de football, il fait de la politique aussi.

Jamais sans doute un entraîneur n’a atteint une telle popularité auprès des Algériens. Les politiques s’en sont rendu compte et c’est pourquoi toutes les précautions ont été prises lors de la dernière élection de la Fédération pour ne pas prendre le risque de perdre « le ministre du bonheur » de l’Algérie.

Djamel Belmadi a été reçu par le président de la République en personne et beaucoup prêtent au coach un rôle déterminant dans le choix du nouveau président de la Fédération. Ce qu’il a toujours nié, bien entendu. Mais il a plusieurs fois fustigé ceux qui auraient tenté d’utiliser son image et son nom pour accéder au poste de président de la Fédération.

Djamel Belmadi pèche néanmoins par son style de communication parfois brutal en conférences de presse. Un journaliste franchit le ruban mis en place comme mesure de prévention contre le Covid et le coach n’hésite pas à interrompre sa conférence de presse, sans s’excuser.

Un téléphone sonne et les journalistes ont droit à une leçon interminable. Malgré les bons résultats et son immense popularité, les relations commencent à se faire difficiles entre Belmadi et quelques journalistes, dont certains n’hésitent plus à le fustiger publiquement pour son style de communication et son prétendu rôle dans le choix du nouveau président de la Fédération. Mais le public n’en a cure. Il tient plus que jamais à son « ministre du bonheur ». « Beaucoup de pays nous l’envient ». La sentence est du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

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