Société

Dr Mohamed Yousfi : « On a perdu des malades faute d’oxygène »

Le Dr Mohamed Yousfi est chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik. Il est président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP).

Dans cet entretien, il lance un pavé dans la marre en affirmant que des malades atteints du covid-19 sont morts à cause du manque de l’oxygène à l’hôpital de Boufarik. Il critique le déroulement de la campagne de vaccination et demande son accélération.

Quelle est la situation épidémique due au covid-19 en Algérie ?

La situation est très grave. La prise en charge du problème de l’oxygène est catastrophique.

La crise de l’oxygène touche tous les hôpitaux du pays. Le gouvernement accuse les réseaux sociaux d’amplifier l’ampleur de la crise. On parle de morts faute d’oxygène. Qu’en est-il réellement ?

Je ne suis pas responsable des réseaux sociaux, mais je parle en tant que spécialiste. La crise existe et elle est véritable. Nous sommes en train de la vivre sur le terrain. A l’hôpital de Boufarik, nous avons enregistré 13 morts vendredi dernier, à cause du problème d’oxygène.

Hier, notre réservoir s’est épuisé en fin de matinée, il n’y avait plus d’oxygène au niveau de la cuve. Il a fallu attendre de recevoir des bouteilles, qui sont arrivés in extremis, ce qui a provoqué une pagaille au moment de leur distribution.

Je ne parlerai pas des réseaux sociaux, mais je peux vous dire, qu’il y a un réel problème d’approvisionnement et de distribution d’oxygène.

Le Premier ministre parle même maintenant d’importation de l’oxygène, ce qui veut dire qu’il y a un réel problème de production au niveau national. Actuellement, on prend en charge des malades, que l’on stabilise, puis que l’on perd, par manque d’oxygène.

Vous avez appelé à un état d’urgence sanitaire pour faire face à la pandémie. Vous n’avez pas été entendu. Que faut-il faire ?

Nous avons appelé un état d’urgence sanitaire. Cela fait 18 mois que le secteur public est seul sur le front face à la pandémie. La situation actuelle est due au non-respect des gestes barrière, et à l’absence de contrôle des pouvoirs publics. Pour qu’il y ait un confinement total, il faudrait d’abord que le confinement partiel soit mis en application, et respecté

La campagne de vaccination anti-covid en Algérie s’est accélérée ces derniers jours, mais elle est mal organisée. Que proposez-vous pour l’améliorer ?

Il faudrait d’abord augmenter l’acquisition du nombre de doses, et lancer des campagnes massives de vaccination, en vaccinant des centaines de milliers de personnes par jour, à travers toute l’Algérie.

Je tiens à signaler que l’hôpital de Boufarik n’a, à ce jour, pas de vaccins, et que les travailleurs de l’établissement ne bénéficient pas de vaccins au sein de l’hôpital, ce qui est inacceptable.

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