Société

Exode des médecins : combien touche un maître-assistant en Algérie ?

L’exode des médecins algériens vers l’étranger est le sujet brûlant du moment en Algérie. “1.200 médecins s’apprêtent à quitter le pays pour aller exercer en France”.

Cette information révélée le 5 février dernier par le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a créé une véritable polémique. Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, le sujet enflamme les réseaux sociaux.

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Le ministre de la Santé, des spécialistes… Chacun tente d’expliquer les raisons de cet exode. Pour le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, ce phénomène « ne concerne pas uniquement l’Algérie ». Selon lui, “dans les hôpitaux, de nombreux médecins ont dépassé l’âge de la retraite et ils sont toujours en poste. Ils ne permettent pas à la nouvelle génération de les remplacer. C’est ce qui fait que nous n’avons pas de postes pour les jeunes médecins”.

Certains spécialistes, à l’instar du Pr Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, (FOREM), mettent en avant, entre autres, “la qualité de la formation”. “L’école algérienne, quoique l’on dise, reste une bonne école”, a-t-il déclaré dans un entretien à TSA publié lundi 7 février.

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Réponse des réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, les internautes algériens, qu’ils soient médecins, étudiants en médecine ou de simples citoyens, ne semblent pas convaincus par les explications fournies.

Pour eux, les raisons de l’exode sont autres. Ils avancent principalement trois arguments : les conditions de travail difficiles, les salaires bas et le chômage. Pour beaucoup, ce sont incontestablement ces trois facteurs qui poussent les médecins algériens à vouloir s’installer à l’étranger.

Les publications diffusées sur le compte Facebook de la faculté de médecine de Ben Aknoun d’Alger et reprenant l’information révélée par le Dr Merabet ainsi que la dernière déclaration du ministre de la Santé, ont généré ces derniers jours des milliers de commentaires.

“Les médecins algériens sont maltraités en Algérie, alors ils vont chercher où briller”, peut-on lire notamment sous l’un des posts en question. Ou encore : “Pourquoi voulez-vous qu’ils restent alors qu’ils sont très mal payés et que les conditions de travail sont plus que défavorables?”. ” Au lieu de parler de réformes à long terme qui ne verront peut-être jamais le jour, le ministre (de la Santé) devrait adopter des mesures urgentes pour stopper cette hémorragie”, a suggéré un autre internaute.

En Algérie, pour devenir médecin, il faut compter sept ans d’études pour les généralistes et 12 ans pour les spécialistes. Ces derniers doivent, par ailleurs, obligatoirement effectuer un service civil, dont la durée varie entre une année (pour les wilayas du Sud) et quatre ans (pour les grandes villes du Nord du pays) avant de pouvoir obtenir définitivement leur diplôme.

Après plus de douze ans d’études, un service civil obligatoire, et après avoir passé un énième examen, le DEMS (diplôme d’études médicales spécialisées), en passant le concours de maîtrise, le médecin spécialiste praticien de la santé publique devient maître-assistant.

Un poste rémunéré à hauteur d’un peu plus de 45.000 DA net par mois. C’est ce que révèle ce mardi le Dr Salim Benkhedda, maître-assistant dans un hôpital public à Alger. Il a posté sur ses réseaux sociaux une copie de la fiche de paie d’un maître-assistant en Algérie. Un message qui n’a pas manqué de faire réagir les internautes.

“45.000 DA…c’est grave”, a commenté un internaute. “Un pays qui insulte ses professeurs, méprise ses médecins et ne respecte pas ses savants”, a déploré un autre.

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