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Explosion d’Ain Oulmène (Sétif) : comment en est-on arrivé là ?

Explosion d’Ain Oulmène (Sétif) : comment en est-on arrivé là ?

Encore un drame largement évitable mais qui a endeuillé plusieurs familles. A Ain Oulmène, dans la wilaya de Sétif, une explosion dans un entrepôt de stockage de produits cosmétiques, situé au rez-de-chaussée d’une maison, a fait huit morts et près d’une quinzaine de blessés.

Les images de l’incendie qui s’est déclaré jusque dans les habitations mitoyennes de la fabrique sont impressionnantes. Elles témoignent, avec le bilan très lourd, de la violence de la déflagration.

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Si cet incendie a fait autant de victimes et de dégâts, c’est parce qu’il est survenu dans un endroit contenant des produits sensibles.

Ce qui nous rappelle que ces drames à répétition ne sont pas une fatalité mais la résultante d’une chaîne de défaillances et de laisser-aller à plusieurs niveaux.

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Il est difficile de comprendre comment dans un pays qui dispose d’un arsenal de lois et de règlements et de services administratifs pléthoriques, on puisse arriver à mettre en entrepôt de stockage de produits dangereux dans un garage au milieu d’une zone d’habitation.

Où étaient les services de contrôle, d’hygiène et de sécurité ? Où étaient la wilaya, la mairie, la daïra ? Que le propriétaire de la fabrique soit autorisé à exercer ou non, cela ne change rien à la défaillance des services de l’État et n’atténue pas leur responsabilité.

S’il dispose de papiers en règle, c’est une faute grave de ceux qui sont censés s’assurer de la conformité des installations industrielles avant de délivrer leur quitus.

Nul n’ignore que le stockage du cosmétique nécessite des conditions d’hygiène et de sécurité strictes et ne peut en aucun cas se trouver dans une zone habitée, de surcroît dans le rez-de-chaussée d’un petit immeuble d’habitation.

Informel et jungle urbaine

La présence de cet entrepôt illustre, une nouvelle fois, l’ampleur de l’informel en Algérie.

Si on parle aujourd’hui de ce qui s’est passé à Ain Oulmane, c’est parce qu’il y a eu mort d’hommes. Sinon, cette anarchie est loin d’être un cas isolé.

Dans toutes les villes et villages du pays, des fabriques, ateliers et entrepôts de stockage de toutes sortes de produits se trouvent dans des endroits où ils ne devraient pas, c’est-à-dire au milieu d’habitations, souvent dans de simples garages, sans la moindre mesure de sécurité.

Toutes ces habitations qu’on appelle faussement villas, érigées dans les villes et les quartiers périphériques, dont dotées de grands garages, où les commerçants stockent parfois des produits dangereux, à l’abri des yeux des contrôleurs.

Quand ils ne causent pas de drame, ils sont la source de désagréments quotidiens pour les habitants et l’environnement.

Cette anarchie qui s’est installée dans tous les circuits de l’économie n’est pas sans rappeler celle qui prévaut dans le secteur de la construction et qui a transformé les villes algériennes en jungles urbaines malgré l’arsenal juridique mis en place.

Il y a quelques semaines, une bâtisse en chantier a failli s’effondrer à Alger suite à de fortes pluies et personne n’a compris comment le promoteur a pu être autorisé à construire sur une falaise en tuf au cœur de la capitale.

Pour revenir à l’explosion de Sétif, il faut dire que les riverains aussi portent une part de responsabilité en laissant s’installer un entrepôt de stockage de produits dangereux dans leur quartier. A moins que l’administration ait fait la sourde oreille à leurs doléances. Les zones d’habitation ne doivent en aucun cas abriter des ateliers et des entrepôts de stockage clandestins.

Une enquête s’impose en tout cas, ainsi que des mesures fermes pour que ce genre de drame ne se reproduise plus.

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