Société

Flambée des prix : « seuls les riches peuvent remplir leur couffin »

Le scénario est inédit. Habituellement, les prix des fruits et légumes en Algérie prennent leur envol au début du Ramadan puis reviennent à des valeurs plus raisonnables après la première semaine.

Pour ce Ramadan 2021, la tendance haussière s’est maintenue. Dans les marchés de la capitale où nous nous sommes rendus ce mercredi, les prix ne reculent pas. Ils frisent parfois l’indécence.

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Des cerises au prix d’or

Les fruits sont intouchables : Les cerises fraîchement débarquées sur les étals se vendent à de 2500 DA à 5.000 DA le kg. Les pommes locales s’affichent à 900 DA, les pêches à 750 DA, les nectarines à 850 DA, les bananes à 300 DA…

Les légumes ne sont pas donnés non plus, navets, aubergines, carottes (100 da),  les haricots rouges : 650 da, les poivrons rouges : 180 DA.

Les citoyens que nous avons rencontrés ne savent plus où se donner de la tête. « Malgré toutes les garanties données par le gouvernement, les prix n’ont jamais atteint ce degré de folie, s’écrie une sexagénaire. Regardez !  Il y a de tout, mais seuls les riches peuvent remplir leur couffin. Les bourses modestes crèvent de faim. Aucune pitié pour nous, même durant le mois sacré ! Je m’en remets à Dieu, c’est tout » !

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Salade de fruits, dites-vous ?

À l’entrée du marché Ali Mellah (Place du 1 er Mai), un étal de fortune est dressé devant le portail. Il est orné de melons, cerises, nectarines, pêches et ananas.

« Les cerises viennent de Médéa, c’est 1500 da le kilo ‘bark’ » (c’est tout) s’égosille le vendeur pour attirer la clientèle. Un chaland, visiblement agacé par le mot ‘bark’ le repend   sur un ton ironique « Oui, mon fils, c’est vraiment donné, la salade de fruit ! ». Il y a aussi un cageot de petites pommes fripées et avariées, pompeusement estampillées ‘Golden’. Prix : 450 DA et des pêches ‘maigrelettes’ à 500 DA. Du jamais vu !

À l’intérieur du marché, c’est le feu. Grande disponibilité des fruits et légumes, mais inaccessibles pour des couches entières de la population : carottes, navets, betteraves, fenouils : 100 DA ; tomates, artichaut et laitue 120 da ; poivrons : 160 DA ; oignons : 70 da ; pommes de terre  et courgettes : 80 da…

La fraise (fruit de saison) est vendue entre 250 et 350 da le kilo. De nombreux commerçants proposent de la pastèque du sud à 100 da le kilo. Des tranches  sont préalablement coupées et emballées dans du film plastique mais le prix reste trop élevé. « Ces pastèques proviennent de la région de Meneâa nous dit un commerçant. Elles sont hyper sucrées. H’lawa sou’kaar ».

Nous avons aussi vu des tomates cerises (600 da), des kiwis (1200 da)… « Ce sont les étrangers qui achètent ces produits » nous lance un vendeur. « Ils ont un plus grand pouvoir d’achat ».

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Il y a de tout, mais juste pour les yeux

Au marché Ferhat Boussaa (Ex- Meissonnier), les étals sont également bien achalandés. Certains vendeurs n’ont pas osé afficher les prix tellement ils donnent le vertige : haricots verts : 300 da ; haricots rouges : 650 da, haricots blancs : 500 da, poivrons rouges : 180 da, nèfles : 300 da, melon : 220 da, orange Thomson : 320 da, poires : 680 DA.

Les cerises se vendent entre 2000 et 2500 da le kilo « C’est parce que ce sont des primeurs », tente de justifier le commerçant.

Les nectarines sont vendues entre 650 et 850 da le kilo, les pêches : 750 da.

Même les mini-pommes à moitié pourries sont exposées dans des cagettes  par certains commerçants qui les vendent jusqu’à 500 da, avons-nous constaté sur place.

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Les fruits : un luxe

La détresse se lit dans les yeux de beaucoup de citoyens qui font le tour travées, achetant par petites quantités. « Avant il n’y avait que la viande qui coûtait trop cher. À présent, nous n’arrivons même pas à remplir notre panier de légumes, lâche un père de famille. Quant aux fruits, même ceux qu’on appelle de saison sont devenus un luxe ».

Une dame qui a entendu notre échange, se joint à nous et abonde dans le même sens. « De quels fruits parlez-vous ? La banane qui vient d’Équateur est au même prix qu’un kilo de nèfle produit dans notre pays. C’est à n’y rien comprendre ! Pour moi, la limonade a depuis longtemps remplacé le dessert. Quand j’ai la chance de me débrouiller avec un sachet de lait à 25 DA, je prépare un flan pour mes enfants. C’est déjà ça ».

Depuis plusieurs mois déjà les prix de tous les produits de consommation ont accusé une importante inflation. Le Ramadan a porté le coup de grâce aux  couches moyennes de la population avec une flambée des prix sans précédent.

Devant l’absence de contrôle, les commerçants s’adonnent à une spéculation effrénée et imposent leur diktat. Ces prix de folie connaîtront-ils une accalmie après l’Aïd ? C’est ce qu’espèrent les citoyens  dont le pouvoir d’achat est à l’agonie.

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