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Football algérien : Mohamed Raouraoua, l’homme qui ne reviendra pas

Football algérien : Mohamed Raouraoua, l’homme qui ne reviendra pas

Lors de l’assemblée générale de la Fédération algérienne de football (FAF), le 16 juin dernier, il était l’homme le plus courtisé.

Si tout le monde voulait s’afficher avec Mohamed Raouraoua ce n’est pas seulement à cause de son statut d’ancien président de la FAF et de l’aura qu’il dégage.

Depuis l’annonce de la démission de Charaf-Eddine Amara, fin mars, le nom de Raouraoua est cité avec insistance pour revenir aux affaires, après deux passages à la tête de la fédération entre 2001 et 2017, avec les succès qu’on connaît.

À tort ou à raison, l’ « adoubement » de Mohamed Raouraoua par les autorités politiques est répercuté dans certains médias et sur les réseaux sociaux, et cela est suffisant pour faire de lui l’homme dont tout le milieu du football recherche la compagnie. C’est ainsi que le football algérien fonctionne et pas autrement.

En avril 2021, Charaf Eddine Amara s’est retrouvé sans concurrent dès que tout le monde a compris qu’il a les faveurs en haut lieu. Son prédécesseur, Kheireddine Zetchi, s’était retrouvé en 2017 dans la même situation pour la même raison. Et avant eux, Mohamed Raouraoua.

Mais cette fois, celui-ci a faussé tous les calculs. Lorsque la FAF a rendu publics les noms des candidats retenus pour l’assemblée élective du 7 juillet, celui de l’ancien patron de la fédération n’y figure pas. Et la liste est définitive. Elle comporte deux candidats : Djahid Zefzaf, manager général de l’équipe nationale, et Abdelhakim Serrar, ancien international et dirigeant de l’Entente de Sétif. 

C’est l’un de ces deux hommes qui présidera aux destinées du football algérien pendant les trois prochaines années (jusqu’en 2025). Ils ont tous les deux leurs atouts et partent à chances égales.

Serrar est un ancien footballeur qui n’est plus à présenter, étant notamment champion d’Afrique avec l’Entente en 1988 et surtout avec l’équipe nationale en 1990. Il a aussi présidé pendant de longues années le club sétifien avec lequel il a enchaîné les titres nationaux et internationaux.

Dans sa liste figurent également de grands noms du football, dont Lakhdar Belloumi, considéré  meilleur footballeur algérien de tous les temps, et Tedj Bensaoula, buteur de la fameuse équipe nationale de 1982.

Zefzef n’a pas un tel vécu, mais il peut se prévaloir de sa grande connaissance des arcanes de la Fédération algérienne de football et de l’équipe nationale dont il a été plusieurs fois le manager.

Pour la première fois depuis longtemps, l’assemblée élective de la FAF va se tenir sans l’ombre pesante des vrais ou faux « candidats du pouvoir ».  Zefzef et Serrar ont tous les deux des chances d’être élus, du moins suivant ce qui se dit dans les milieux footballistiques. Jusque-là, ni l’un ni l’autre ne revendique des soutiens autres que ceux du milieu sportif.

Ce qui peut expliquer son retrait

Il y a pourtant deux semaines, ils ne s’imaginaient pas si près de la ligne d’arrivée avec l’éventualité de la candidature du mastodonte Mohamed Raouraoua.

Ancien haut cadre de l’Etat autodidacte, Raouraoua a dirigé la fédération algérienne de football à deux reprises, entre 2001 et 2005, puis de 2009 à 2017. Lors de son deuxième passage, il a donné à l’équipe nationale d’Algérie une autre dimension, avec notamment deux qualifications consécutives au mondial (2010 et 2014), avec une qualification historique aux 8e de finale lors de la Coupe du monde au Brésil (2014).

Il est surtout un homme de réseaux et de coulisses, siégeant entre autres  dans les commissions de la FIFA et au comité exécutif de la Confédération africaine.

On lui attribue notamment la paternité de la loi dite « Bahamas » qui permet aux jeunes joueurs de changer de nationalité sportive et grâce à laquelle de nombreux franco-algériens ont pu jouer pour l’équipe d’Algére après avoir été sélectionnés chez les Bleus en jeunes est catégories.

Avec sa démarche lente, ses costards et lunettes noires, il renvoie l’image d’un parrain auquel rien n’échappe. Toute l’Algérie se souvient de son rôle lors de la crise du barrage contre l’Égypte en éliminatoires du mondial 2010. C’est aussi lui qui a lancé en interne le chantier du professionnalisme, avec toutefois moins de succès. Dans les caisses de la Fédération algérienne de football, il se dit qu’il a laissé une cagnotte de 7 milliards de dinars.

Si on a songé à lui suite à la crise née de l’élimination de l’Algérie de la course au mondial qatari, ce n’est pas pour rien. Mais finalement, il ne reviendra pas. Raouraoua a 75 ans, mais il semble que ce n’est pas là la raison de son refus de reprendre du service. Son homologue de la fédération française par exemple a 82 ans.

Dans les rédactions sportives algéroises on préfère spéculer sur d’autres considérations. Déjà, nul ne sait d’où est sortie l’histoire de son adoubement par les autorités.

Il se peut même que la leçon de 2021 avec le parachutage de Charaf-Eddine Amara ait été retenue et qu’on ait décidé cette fois de laisser l’assemblée générale assumer ses pleines responsabilités.

Si tel est le cas, le retrait de Mohamed Raouraoua trouverait son explication, lui qui sait que rien ne peut se faire sans un soutien franc du pouvoir politique. Lorsque, en 2017, on lui a signifié qu’on ne voulait plus de lui, il s’est retiré sans faire de bruit.

C’est peu probable mais ce n’est pas à exclure, il se peut aussi qu’il a compris que sa présence à la tête de la FAF était de nouveau indésirable.

D’autres cherchent les raisons du renoncement de Raouraoua dans la position du sélectionneur national Djamel Belmadi. Même si celui-ci s’est toujours gardé de s’immiscer dans le choix du président de la fédération algérienne de football, il demeure certain que Mohamed Raouraoua, s’il revient aux affaires, c’est pour être le patron, le seul, du football algérien. Vu sous cet angle, sa personnalité et celle de Belmadi peuvent bien en effet être incompatibles.

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