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France : Jean-Luc Mélenchon va-t-il prendre sa revanche sur 2012 ?

À moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, 65 ans, candidat de « La France insoumise » gagne en popularité. Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria Cevipof pour Le Monde et la Fondation Jean Jaurès publié mardi 4 avril, le candidat serait quatrième du premier tour, avec 15% d’intentions de votes, soit une hausse de 3,5 points. Un scénario qui ressemble fortement à celui de 2012.

Le 18 mars 2012, Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du « Front de gauche » était parvenu à attirer les foules place de la Bastille dans le cadre de sa grande journée pour la VIe République. Il était alors crédité de la meilleure dynamique de campagne par TNS Sofres et de 12 et 15% d’intentions de votes.

Mais, au premier tour, le candidat à l’Élysée ne gagnera pas son pari. Il ne devance pas la candidate de l’extrême-droite Marine Le Pen, et se retrouve avec 11% des voix, en quatrième position derrière le Front national.

Mélenchon devance Hamon 

Cinq ans plus tard, l’édition 2017 de sa « marche des insoumis » entre Bastille et République a connu le même succès. Selon son équipe, le candidat a réussi à mobiliser 130.000 personnes le 18 mars. Depuis cette date, Jean-Luc Mélenchon, qui était alors crédité de 11% dans les sondages, grimpe dans les intentions de votes. « Vous sentez bien les amis que la vague se lève », a-t-il dit dimanche 2 avril en meeting à Châteauroux devant 3000 personnes. Il dépasse désormais le candidat socialiste Benoît Hamon qui tombe à 10%.

Le dernier temps de la campagne est donc déterminant pour que la dynamique amorcée ces derniers jours ne s’essouffle pas pendant le sprint final. Si Jean-Luc Mélenchon a, selon plusieurs observateurs, réussi l’exercice du débat télévisé avec les quatre autres principaux candidats à la présidentielle le 20 mars, il devra ce mardi soir, s’imposer dans un débat télévisé qui réunit tous les candidats à la présidentielle. Les présidentiables seront interrogés sur trois thèmes : l’emploi, la sécurité et le modèle social français.

Le « bruit et la fureur » de 2012, c’est fini 

Mais, pendant cette campagne, le personnage exploite désormais une nouvelle image. Il dit avoir évolué en cinq ans, s’être assagi. Il est devenu une force tranquille. « Aujourd’hui, le “bruit et la fureur”, ce n’est plus l’attente de la société », a-t-il confié dimanche 2 avril dans une interview au Journal du dimanche. Et dans le contexte d’une élection qui ne ressemble à aucune autre, Mélenchon pense qu’Il peut tirer son épingle du jeu. « Je deviens une figure rassurante. Je pense que les gens ont soif d’humanité ! », a-t-il ajouté lors de cet entretien.

Il admet aussi être moins vindicatif. « Je suis plus philosophe que jamais et moins impétueux. La conflictualité a montré ses limites. Ma relation aux médias, par exemple, a évolué. Plutôt que de les affronter, je les contourne avec ma chaîne YouTube. Je peux donc choisir les médias où parler ».

Jean-Luc Mélenchon a également opté pour des positions plus nuancées, sur l’immigration par exemple. Certes, il est le seul candidat à rappeler que « les gens ne partent pas en immigration par plaisir », et qu’elle est un « exil forcé », mais on ne l’entend plus dire haut et fort qu’il faut accueillir tout le monde sur le territoire français.

Si les propositions de 2012 demeurent en 2017 (refonte du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, régularisation des sans-papiers, dépénalisation du séjour irrégulier), il dit désormais vouloir s’attaquer aux causes de l’immigration, et vouloir adopter des politiques responsables. « Il faut permettre à chacun de vivre chez soi », explique t-il. « Les États membres de l’UE doivent sortir de cette logique sécuritaire, primo en agissant sur les causes des migrations et secondo en mettant en place un véritable dispositif d’accueil et d’accompagnement des migrants », détaille son programme.

Ode au métissage en 2012

Le 14 avril 2012, soit huit jours avant le premier tour des élections, le candidat à la présidentielle avait tenu son dernier grand meeting à Marseille sur les plages du Prado. À cette occasion, ce natif de Tanger déclare sa flamme à une France métissée, qualifiant la cité phocéenne comme « la plus française des villes de la République ». « Écoutez Marseille qui vous parle, Marseille vous dit que notre chance c’est le métissage et depuis 2600 ans nous sommes du parti qui se dit content d’être mélangé », avait-il alors lancé. Une provocation adressée à Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy dont les campagnes respectives étaient dominées par les thèmes de l’immigration et de l’identité nationale.

Cinq ans plus tard, le 9 avril, Jean-Luc Mélenchon doit tenir un de ses derniers grands meetings de campagne à Marseille. Sera-t-il aussi lyrique à deux semaines du premier tour ?

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