Économie

Gaz algérien : interrogations sur le financement du Galsi

La relance du deuxième gazoduc entre l’Algérie et l’Italie, le Galsi, a été actée politiquement lors de la visite à Alger le 23 janvier de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni.

Des interrogations subsistent toutefois quant à la durée de réalisation du projet et surtout à son financement alors que l’Algérie a toujours conditionné la hausse de ses exportations de gaz vers l’Europe par l’engagement de cette dernière à consentir des investissements dans son secteur des hydrocarbures pour augmenter la production et partager les risques.

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Le projet Galsi (gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie) remonte aux années 2000. Il devait renforcer les capacités de transport de gaz algérien vers l’Italie et s’ajouter au Transmed (rebaptisé gazoduc Enrico Mattei), mis en service en 1983.

Outre l’Italie continentale, le Galsi était aussi destiné à alimenter la Sardaigne et la Corse. Il devait être achevé en 2014, mais le projet a été abandonné avant même son lancement à cause de facteurs liés à la carte énergétique de l’époque, notamment la concurrence du gaz russe et la tendance mondiale à rediriger les investissements vers les énergies renouvelables.

La guerre en Ukraine a rebattu les cartes et le gaz algérien est devenu la première alternative pour l’Europe qui cherche à s’affranchir des hydrocarbures russes.

Les capacités du Transmed ne suffisant pas, le projet du Galsi a été déterré. Sa relance a été officialisée politiquement lors de la visite en Algérie de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni (22-23 janvier).

Les compagnies énergétiques des deux pays, Sonatrach et ENI, ont signé un accord pour la réalisation d’un deuxième gazoduc, complètement différent de celui initialement prévu. En plus du gaz, il transportera aussi de l’hydrogène et de l’ammoniac. La pose d’un câble pour le transport de l’électricité est aussi annoncée.

Galsi : le financement « loin d’être acquis »

Il s’agit d’un projet d’envergure qui fera de l’Italie « un hub pour la distribution de ces énergies » pour le reste de l’Europe, a indiqué le président Abdelmadjid Tebboune à l’issue de la cérémonie de signature.

Dans le projet des années 2000, le tracé devait inclure la Corse. À l’île française, on en parle naturellement depuis quelques jours, mais avec un certain scepticisme, à cause notamment des délais de réalisation et des financements du mégaprojet.

« C’est loin d’être acquis », tempère le député européen de l’île, François Alfonsi, cité par France-TV-Info. Il met d’abord en avant le temps qu’il faudra attendre pour voir le gaz algérien arriver en Corse. « Il faudra au moins 10 ans » et la situation d’urgence actuelle « ne permet pas de se mettre derrière un projet aussi lointain », estime-t-il.

Interrogé sur ce point précis lors de la visite de Mme Meloni, le président Tebboune n’a avancé aucune estimation, disant préférer laisser la réponse « aux spécialistes ».

Pas plus de données ont été fournies sur les montants nécessaires pour sa réalisation ni sur le mode de financement.

Pour le député corse, le Galsi n’est pas seulement « lointain », mais il est aussi « tout à fait incertain car les financements sont loin d’être acquis ». « En l’état actuel des règlements qui ont été adoptés, validés et effectivement entérinés par les instances européennes, il n’y aurait pas de financement pour un tel projet », tranche François Alfonsi.

Le coût du projet initial du Galsi était estimé à 3 milliards d’euros. L’Union européenne avait consenti de participer au financement à hauteur de 120 millions d’euros.

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