Économie

Gaz algérien : l’approvisionnement de l’Espagne menacé

La crise entre l’Algérie et l’Espagne risque de franchir une nouvelle étape pour toucher les approvisionnements en gaz du pays du sud de l’Europe.

La crise, déclenchée le 18 mars dernier par le gouvernement de Pedro Sanchez et sa décision surprise d’appuyer les thèses marocaines sur le Sahara occidental, a réduit à sa plus simple expression la relation entre les deux pays, Alger ayant rappelé son ambassadeur à Madrid puis procédé à la suspension du traité d’amitié et au blocage du commerce avec l’Espagne.

| Lire aussi : Crise avec l’Espagne : le clin d’œil de Pedro Sanchez à l’Algérie

Concernant le gaz, dont elle fournit une partie importante des besoins espagnols, l’Algérie a donné la priorité à l’Italie dans l’augmentation des flux, mais a toujours assuré qu’elle respectera ses obligations contractuelles vis-à-vis de l’Espagne.

L’Algérie était pendant longtemps le premier fournisseur de gaz de l’Espagne. Elle a été néanmoins dépassée par les Etats-Unis début 2020, puis par la Russie en juin dernier.

La crise provoquée par le gouvernement socialiste est tombée au plus mauvais moment pour l’Espagne, c’est-à-dire dans une conjoncture de tension mondiale sur le gaz à cause de la guerre en Ukraine et alors que Sonatrach avait entamé la révision des prix sur les contrats de long terme avec les Espagnols.

C’est justement cette question de révision des prix qui fait planer une sérieuse menace sur l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien. A en croire des médias ibériques, les Espagnols traînent les pieds et les Algériens s’impatientent.

Selon le journal El Confidencial, le contrat gazier entre Sonatrach et Naturgy, la société qui gère la majeure partie des approvisionnements en Espagne, est « au point mort ».

Naturgy doit maintenant préciser si elle accepte ou non les nouvelles conditions de la partie algérienne, indique le journal, citant des sources algériennes de haut niveau, qui n’excluent pas de couper les approvisionnements en cas d’échec des approvisionnements.

« La fenêtre est encore ouverte »

« Dans les négociations sur le prix du gaz, Naturgy traîne les pieds. Elle doit répondre rapidement tant sur l’acceptation du nouveau prix que sur la durée du nouveau cahier des charges. Les Italiens (ENI) et les Français (Engie) l’ont déjà accepté. C’est maintenant que l’approvisionnement en gaz doit être assuré pour l’avenir. La fenêtre d’opportunité est encore ouverte. Mais s’il n’y a pas d’accord dans un délai raisonnable, s’il y a échec, Sonatrach sera en droit de couper les approvisionnements », ont indiqué ces sources.

La menace de fermer les vannes avait été publiquement proférée par Alger au printemps dernier pour dissuader l’Espagne d’approvisionner le Maroc en gaz algérien par l’inversement du flux du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc et ferme en novembre dernier par les autorités algériennes suite à la crise politique avec le voisin maghrébin.

L’Espagne ambitionnait de devenir de hub gazier de l’Europe grâce aux flux de GNL américain acheminé par méthaniers et au gaz algérien qui arrive par gazoduc.

Mais la crise politique a contrarié les plans de Madrid. Pour avoir mis en péril les relations avec un partenaire important, les critiques pleuvent en interne sur le gouvernement espagnol. En Allemagne, où il est allé discuter justement de la crise énergétique qui se profile en Europe, Pedro Sanchez a fait, mardi 30 août, un appel du pied en direction de l’Algérie en exprimant son désir de s’y rendre.

Les propos de Sanchez surviennent quelques jours après la visite en Algérie du président français Emmanuel Macron qui s’est soldée, entre autres, par l’engagement de discussions sur des contrats de long terme entre Sonatrach et Engie pour la fourniture de gaz. Selon des médias français, l’approvisionnement de l’hexagone en gaz algérien sera doublé.

Les plus lus