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Guerre contre Gaza : Israël a perdu la bataille des opinions

Guerre contre Gaza : Israël a perdu la bataille des opinions

À Gaza, Israël accumule les défaites militaires et morales. En bombardant intensément l’enclave palestinienne, il a vu le soutien d’une partie de l’opinion occidentale après les attaques du Hamas le 7 octobre dernier s’éroder.

Dans le même temps, le soutien à la cause palestinienne n’a pas cessé de prendre de l’ampleur partout dans le monde.

Le soutien des pays occidentaux à Israël s’érode à mesure que grossit le bilan des bombardements aveugles de son armée sur la bande de Gaza.

Depuis le 7 octobre dernier, l’armée israélienne a largué des milliers de tonnes de bombes sur le minuscule territoire palestinien, tuant 18 000 personnes, des femmes et des enfants pour la plupart.

A mesure que le chiffre macabre augmente, celui des pays qui croient encore qu’Israël est en train de combattre « le terrorisme » à Gaza, au contraire, se réduit jour après jour.

Lors du vote d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU appelant à une trêve humanitaire, mardi 12 décembre, seule une dizaine d’Etats, menés par les États-Unis, ont voté contre. 153 pays dont la France ont voté pour la résolution, autant dire presque toute la planète.

En un mois et demi, soit depuis fin octobre, plus de trente pays ont changé de position. Le 27 octobre, une résolution similaire avait recueilli 120 votes pour.

Pour rester dans la comparaison, la Russie était moins isolée sur la crise ukrainienne que ne le sont les États-Unis dans cette guerre israélienne contre Gaza. En mars 2022, une résolution de l’Assemblée générale appelant la Russie à se retirer d’Ukraine avait été votée par 141 pays.

Les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU ne sont pas contraignantes juridiquement, mais politiquement, il s’agit d’une lourde défaite pour Israël et les États-Unis.

L’isolement des États-Unis est encore plus marqué au Conseil de sécurité. Vendredi 8 décembre, ils étaient seuls à voter contre une résolution appelant à un cessez-le-feu. Même le Royaume-Uni s’est abstenu, tandis que la France a voté pour.

Les observateurs et même les responsables des deux pays ont vu venir une telle situation. A la mi-novembre, le ministre des Affaires étrangères d’Israël, Eli Cohen, admettait publiquement que son pays avait encore « une fenêtre diplomatique » de deux à trois semaines avant de voir la pression internationale devenir intenable.

Mardi 12 décembre, le président américain Joe Biden a mis en garde Israël contre l’érosion du soutien international – comprendre occidental- , à cause de ce qu’il a qualifié, pour la première fois, de « bombardements aveugles » sur la bande de Gaza.

Entre-temps, plusieurs dirigeants occidentaux, jusque-là soutiens indéfectibles d’Israël, ont exprimé leur exaspération de ce que fait l’armée israélienne à la population civile palestinienne. En plus du retournement des opinions publiques de leurs pays en faveur des Palestiniens, ces dirigeants ne veulent pas être accusés de complicité de génocide à Gaza.

Mardi, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), a déclaré qu’un « génocide était un cours » à Gaza, et accusé les Etats-Unis d’être « complices ».

Les Etats-Unis sont les principaux soutiens d’Israël dans la guerre contre les Palestiniens, en leur fournissant les armes, et en mettant systématiquement leur véto au Conseil de sécurité pour bloquer des résolutions contre Israël.

Plusieurs gouvernements occidentaux critiquent ouvertement Israël

Le président français Emmanuel Macron est le premier dirigeant d’un grand pays occidental à appeler ouvertement à un cessez-le-feu. C’était le 9 novembre. Dans le même temps, il a appelé Israël à cesser de « tuer des femmes et des bébés ».

Le 24 novembre, des propos tenus par les Premiers ministres espagnol et belge au passage de Rafah, à la frontière entre l’Égypte et Gaza, ont déclenché une crise avec Tel-Aviv. Pedro Sanchez s’est même dit prêt à reconnaître unilatéralement un État palestinien, contre l’avis de l’Union européenne.

Ce revirement des gouvernements occidentaux fait suite à celui des opinions publiques qui, dès les premières semaines de la guerre, ont pris le parti du peuple palestinien, comme l’ont montré les marches imposantes organisées dans les rues des grandes villes occidentales, à Washington et Londres notamment.

Il y a aussi tous ces sondages qui font ressortir un fort soutien des populations, notamment des jeunes, à la cause palestinienne. Un dernier sondage réalisé aux États-Unis fait état de l’opposition de 67% des jeunes américains à l’agression israélienne.

Selon un sondage publié vendredi par The Economist, 20 % des Américains âgés 18-29 ans sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle la Shoah est un « mythe ».

Selon la même enquête, 27 % des Américains âgés de 18 ans et plus sont convaincus qu’« Israël essaie délibérément d’exterminer la population palestinienne ».

Le retournement de l’opinion publique américaine sur la guerre à Gaza est impressionnant. Un sondage Reuters-Ipsos effectué la mi-novembre a montré l’érosion du soutien des Américains à Israël. Quelque 32% des personnes interrogées lors de ce sondage ont apporté leur soutien à la politique pro-Israël du président Biden, contre 41% dans un autre sondage de la mi-octobre.

Aux Etats-Unis, la jeunesse démocrate conteste la politique pro-israélienne du président Joe Biden.

Si l’unanimité occidentale autour du « droit d’Israël à se défendre » a fini par voler en éclats, c’est à cause principalement des crimes injustifiables commis quotidiennement par son armée.

En deux mois de guerre, Israël a lâché sur le petit territoire surpeuplé plus de bombes que l’armée russe a largué sur toute l’Ukraine en près de deux ans.

L’effet des bombardements aveugles et indiscriminés s’est conjugué à celui des révélations de la presse occidentale sur les gros mensonges entretenus à propos de l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas.

L’opinion publique mondiale sait aujourd’hui que les combattants du Hamas n’ont pas massacré et encore moins décapité des bébés, ni violé des femmes.

Et pour ne rien arranger pour le gouvernement extrémiste de Tel-Aviv, mêmes ses alliés sont désormais exaspérés par la présence en son sein de ministres religieux, suprématistes et belliqueux.

Dans sa dernière sortie, Joe Biden les a pris à partie publiquement et nommément.

« C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël. Itamar Ben-Gvir et compagnie ne veulent rien qui s’approche de près ou de loin d’une solution à deux États », a déclaré mardi le président américain.

Si les Palestiniens de Gaza continuent de payer le prix cher face à Israël, ils ont marqué des points importants au niveau international où leur cause est soutenue par la majorité des pays de la planète. Seuls les Etats-Unis et certains de ses alliés continuent de soutenir sans condition l’Etat hébreu.

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