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Guerre contre Gaza : Israël englué dans le piège du Hamas

Guerre contre Gaza : Israël englué dans le piège du Hamas

Après une quasi-unanimité en Occident quant à son « droit à se défendre », Israël voit le soutien de ses alliés s’effriter peu à peu à mesure que les massacres commis par son armée à Gaza deviennent indéfendables.

Le piège du Hamas commence à refermer sur Israël qui est face à un dilemme : poursuivre sa guerre sanglante contre Gaza ou se retirer et accepter de négocier.

Après un mois de bombardements intensifs et quotidiens sur l’enclave palestinienne, l’armée israélienne a commis un véritable massacre parmi la population civile : plus de 10 000 morts et de 25 000 blessés, en majorité des enfants et des femmes.

Au lendemain du déclenchement de l’opération « Déluge d’Al Aqsa » par le Hamas, qui a fait 1400 morts israéliens et plus de 230 otages, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis d’éradiquer le mouvement palestinien de la bande de Gaza.

Benjamin Netanyahou, tenu pour responsable de la débâcle de son armée et de ses services de sécurité le 7 octobre dernier, se devait de promettre, pour sa survie politique, une riposte à la hauteur de l’affront subi. Mais il semble qu’il a placé la barre trop haut.

Dès les premiers jours de la guerre, des analystes ont mis en garde le gouvernement israélien que le temps ne joue pas en sa faveur.

S’il veut gagner la guerre contre le Hamas, il doit le faire très vite, car l’opinion publique en Occident finira par se retourner contre lui en cas de pertes trop importantes parmi la population civile de Gaza. Ce qui était inévitable au vu de la configuration du conflit.

L’armée israélienne a entrepris d’éliminer des milliers de résistants armés et retranchés dans un vaste réseau de souterrains, en bombardant une zone urbaine qui compte l’une des plus fortes densités démographiques au monde.

Les 7 octobre et pendant les jours suivants, la propagande israélienne et les soutiens du gouvernement de Benyamin Netanyahou en Occident ont joué sur l’émotion suscitée par les images (vraies ou supposées) des victimes civiles de l’attaque du Hamas dans les localités et kibboutz israéliens périphériques de la bande de Gaza.

Le soutien à Israël a été sans équivoque chez les gouvernements et une partie des opinions publiques en Occident. Les voix discordantes, généralement des milieux de gauche, ont été ostracisées et accusées d’antisémitisme par les pro-Israéliens, un grief qui accable depuis toujours les critiques d’Israël.

Mais le conflit qui s’éternise et le bilan des morts palestiniens qui monte vertigineusement a fini par renforcer le camp des soutiens du peuple palestinien en Occident. On parle de plus de victimes civiles que dans la guerre en Ukraine.

Les premiers prémices de ce retournement sont apparus avec la forte mobilisation au cours des manifestations pro-palestiniennes dans les grandes villes occidentales, à Washington, Paris et surtout à Londres où des centaines de milliers de manifestants ont marché le 21 octobre contre les crimes d’Israël à Gaza.

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Des crimes insoutenables et surtout indéniables. Le 17 octobre, le bombardement d’un hôpital a fait plus de 500 morts. C’était peut-être le tournant de la bataille de l’opinion et de l’image dans le conflit.

Les premières réactions radicales ont commencé à fuser avec la décision de la Bolivie de rompre ses relations avec Israël ou encore celle de la Colombie qui a prié l’ambassadeur israélien de partir.

Les principales organisations internationales ne pouvaient pas rester sans réaction face au génocide auquel assiste le monde entier.

L’Unicef a déploré que 400 enfants sont tués ou blessés chaque jour à Gaza. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié l’enclave palestinienne de « cimetière d’enfants », suscitant l’ire d’Israël qui a réclamé sa démission.

Les critiques sont aussi venues de certaines grandes puissances, comme la Russie ou la Chine.

Puis c’est au tour des alliés d’Israël, dans le monde arabe et en Occident, de montrer leur impatience. La Jordanie et Bahreïn, deux Etats arabes qui ont normalisé leurs relations avec l’État hébreu, ont rappelé leurs ambassadeurs à Tel-Aviv. La Turquie et l’Afrique ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël.

En Espagne, une ministre en exercice a appelé à traduire les responsables israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI).

En France, de plus en plus de voix s’élèvent, comme celle de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, pour signifier au gouvernement israélien que le « droit de se défendre » ne doit pas donner lieu à une « revanche indiscriminée ».

Le président Emmanuel Macron, qui s’est déplacé en Israël pour exprimer le soutien de la France à ce pays, ne s’est pas empêché de plaider même timidement pour la protection de la population civile et pour la relance du processus de paix.

La Norvège a été l’un des premiers pays occidentaux à trouver la riposte d’Israël « disproportionnée ». La semaine passée, ce pays nordique a refusé de donner son quitus à la nouvelle « stratégie européenne contre l’antisémitisme », provoquant une mini-crise avec Israël.

Le mécontentement a atteint même les Etats-Unis, soutien historique et inconditionnel de l’État hébreu. Le 18 octobre, un haut fonctionnaire du département d’Etat a démissionné avec fracas pour contester la gestion du conflit par Washington.

Tour à tour, le secrétaire d’État Antony Blinken puis le président Joe Biden ont été interrompus lors d’un discours public par des membres du parti démocrate qui ne supportent plus l’horreur qui se déroule à Gaza.

Les analystes relèvent que c’est la première fois en deux ans que le parti est divisé et n’est plus uni derrière le président. L’alignement total de Joe Biden derrière le gouvernement israélien d’extrême-droite est ouvertement contesté par l’aile progressiste du parti, dont un sondage révélait en mars dernier (déjà) que 49 % des sympathisants avaient des affinités pro-palestiniennes contre seulement 38 % en faveur d’Israël.

Cette levée de boucliers au sein du parti démocrate explique en partie le changement de ton de la Maison Blanche qui a fait part lundi de sa « détermination » à négocier avec Israël pour « une trêve humanitaire ».

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