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Guerre contre Gaza : Kamel Daoud, Sansal, Sifaoui vus d’Algérie

Guerre contre Gaza : Kamel Daoud, Sansal, Sifaoui vus d’Algérie

Le conflit en cours en Palestine est présenté par de nombreuses voix en Occident comme une guerre contre l’islamisme, voire un conflit de civilisations.

Il se trouve même des voix issues du monde musulman qui défendent une telle vision, avec un atout que n’ont pas les Occidentaux eux-mêmes : ils peuvent pousser leur lecture jusqu’à l’outrance sans être accusés de racisme.

Ils s’appellent Kamel Daoud, Boualem Sansal ou Mohamed Sifaoui. Ils viennent d’Algérie, mais sur les plateaux des chaînes de télé ou dans les colonnes des journaux français, ils développent un discours qui est loin d’être partagé dans leur pays d’origine où la cause palestinienne est soutenue jusqu’à la sacralisation.

Ils s’adressent certes à un public français, donc occidental, mais ils ne laissent pas indifférent en Algérie. Sur les réseaux sociaux, chacune de leur sortie est suivie d’une avalanche de commentaires, souvent désapprobateurs.

Les trois écrivains ont des idées tranchées sur l’islamisme qu’ils expriment avec beaucoup de clarté depuis plusieurs années. Leurs positions, affichées vis-à-vis de ce qui se passe en Palestine, s’inscrivent dans le prolongement du combat qu’ils livrent à cette idéologie, ce que beaucoup considèrent comme une grosse erreur.

La dimension décolonisatrice du combat du peuple palestinien est complètement tue dans les chroniques de Kamel Daoud dans Le Point, les interventions télévisées de Boualem Sansal et les postes de Mohamed Sifaoui sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un énième épisode de la guerre déclarée par les islamistes au monde libre et il n’y a pas lieu de la soutenir.

La dernière chronique de Kamel Daoud est une diatribe contre Jean-Luc Mélenchon, déjà fortement attaqué par ses adversaires en France pour sa position qui tranche avec l’unanimisme ambiant dans le soutien à Israël et « son droit à se défendre ».

Guerre contre Gaza : Kamel Daoud suscite des critiques en Algérie

Elle est intitulée « La dernière erreur de ‘cheikh’ Mélenchon ». Kamel Daoud accuse ouvertement le leader de La France Insoumise (LFI) de s’adonner à une vulgaire opération de manipulation pour récupérer le vote de la communauté musulmane.

Or, écrit l’écrivain franco-algérien qui vient d’être chargé par le président Emmanuel Macron de « multiplier les traductions » et « rendre accessibles » les livres en langue française aux locuteurs d’autres langues, « aucun stratège occidental n’a gagné en dealant avec l’islamisme ».

Boualem Sansal s’est exprimé dans Atlantico pour, lui aussi, tirer sur Mélenchon qui « déteste la France, méprise tout le monde et n’a d’yeux que pour lui-même et de rêve que celui d’exploser la France ».

Boualem Sansal n’hésite pas à reprendre mot à mot les idées d’Éric Zemmour, et vice-versa. Sur le site Front populaire, il a déclaré que l’Occident était en train de périr et sur Europe 1, il a soutenu que l’islamisme, c’est l’islam lui-même.

Éric Zemmour a même affublé l’écrivain algérien du qualificatif d’ « esprit libre », reprenant sa célèbre sentence, « l’Islam est incompatible avec la République ».

Sur la guerre en cours en Palestine, Mohamed Sifaoui, journaliste algérien établi en France, a pris position dès le début et n’hésite pas à l’exprimer dans chacun de ses tweets : le Hamas est une organisation terroriste. Il n’hésite pas aussi à voler au secours de l’Imam Chalghoumi, raillé sur les réseaux sociaux et menacé.

Mais comment tout cela est perçu à partir de l’Algérie ? Avec surtout beaucoup d’incompréhension, parfois des railleries. Commentant une vidéo dans laquelle l’imam Hassen Chalghoumi fait les éloges des États-Unis, Abdallah Benadouda évoque une course à la palme de la « flagornerie ».

« Chalghoumi qui fait un grand pas vers la victoire finale en utilisant la carte américaine. Je me demande bien comment Kamel Daoud et Med Sifaoui vont s’y prendre pour le rattraper », ironise Abdallah Benadouda sur l’ex-Twitter.

« À quelques semaines de la cérémonie de remise du prix, Kamel Daoud tente de rafler la mise […] accuse Mélenchon d’être antisémite », écrit le même internaute dans un autre tweet.

« Kamel Daoud jette toutes ses forces dans la dernière ligne droite, mais Chalghoumi et Sifaoui sont tellement devant », commente un certain Nass-Ime sur Facebook.

« N’y a-t-il pas une âme charitable pour relever ce […] type de sa prosternation ? », s’interroge sur Facebook Djawad Rostom Touati en partageant le lien d’un article intitulé « Lettre à un Israélien inconnu de la part de Kamel Daoud ».

Parmi les réactions des internautes algériens, il y a aussi de nombreux messages de soutien à Jean-Luc Mélenchon.

« Voilà qu’un Algérien rajoute une couche au dénigrement du Chef de la France insoumise », dénonce Zehira Houfani Berfas.

Toujours en réponse à la chronique de Kamel Daoud, Yacine Saadi prend aussi la défense du leader de LFI. « Oui, Melenchon est un « Cheikh », il est un homme d’honneur, un homme libre et un homme de principes », écrit-il.

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