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Immigration en France : les mesures musclées de la droite

Immigration en France : les mesures musclées de la droite

La France s’apprête à vivre un été et un automne de tiraillements sur les questions liées à l’immigration avec des propositions musclées de la droite.

Deux projets de loi, jugés révolutionnaires, seront déposés par la droite traditionnelle qui veut définitivement fermer les portes de la France à l’immigration clandestine et à réguler très fortement les flux d’immigrants légaux. La classe politique française n’a pas fini de calquer ses positions sur celles des courants extrémistes.

Un tel passage à l’offensive était dans l’air depuis que le parti Les Républicains s’est choisi comme président, en décembre dernier, Éric Ciotti, le plus à droite de ses dirigeants.

Laminé lors de la dernière présidentielle où sa candidate Valérie Pécresse n’a pas pu obtenir 5% des voix, le parti veut se redéployer en surfant sur la rhétorique et la thématique de l’extrême-droite, qui monte en puissance de scrutin en scrutin.

Lors de la précampagne pour la dernière présidentielle, Éric Ciotti avait failli rejoindre le camp du candidat Éric Zemmour, le porte-voix du courant identitaire de l’extrême-droite française.

Pour expliquer les motivations de l’initiative des Républicains sur l’immigration, Éric Ciotti emprunte presque la formule à Zemmour. « Ce qui est en jeu, c’est la subsistance de notre nation, sa cohésion », dit-il.

L’annonce des deux propositions s’est faite simultanément par les trois principaux dirigeants du parti. Une manière de signifier que la question fait l’unanimité au sein de la formation politique.

Éric Ciotti, président du parti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, respectivement présidents des groupes LR au Sénat et à l’Assemblée nationale, ont fait savoir dans une interview commune au Journal du Dimanche (JDD) parue dimanche 21 mai, que le parti présentera un projet de réforme constitutionnelle et un projet de loi pour « changer totalement de cadre » en matière de politique migratoire.

La France risque de déchirer encore sur les questions de l’immigration

En France, les gouvernements successifs n’ont pas réussi à juguler le phénomène et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Pour les trois dirigeants de LR, le problème réside moins dans les lois que dans la Constitution qui donne la primauté aux législations européenne et internationale sur les lois nationales.

C’est pourquoi ils proposent une réforme constitutionnelle pour lever les obstacles juridiques qui empêchent l’application des lois anti-immigration.

Il s’agit de prévoir des dérogations aux lois de l’Union européenne. C’est uniquement à cette condition que pourront être mises en application les mesures concrètes prévues dans le deuxième projet de loi, explique Éric Ciotti.

Pour ses initiateurs, cette loi devrait couper les « appels d’air » et les « pompes aspirantes » qui font venir de plus en plus de migrants en France.

Ils s’opposent par exemple à l’idée de régulariser les travailleurs dans les secteurs en manque de main-d’œuvre. Ils sont 500.000 à s’installer légalement en France chaque année, selon Éric Ciotti qui invite à imaginer « les conséquences dans dix ans ».

Le texte envisage aussi de priver les migrants clandestins de tous les droits sociaux. « Ceux qui sont arrivés illégalement doivent savoir qu’ils ne seront pas bien accueillis et qu’ils n’auront aucun droit », tranche le président de LR qui soutient que le « délit de séjour illégal doit être rétabli » en France.

Ce délit, qui a été supprimé en 2003, signifie qu’un étranger peut être condamné à la prison puis expulser, pour avoir un commis un crime ou un délit.

Parmi les autres propositions du parti de droite, l’exigence de l’ « assimilation » à la communauté française comme préalable à la naturalisation, l’introduction dans la Constitution de l’interdiction des « communautarismes », l’institution de quotas d’autorisations d’entrée pour chaque pays, la levée de tous les blocages juridiques qui bloqueraient les expulsions et la réforme du droit d’asile, restreindre le droit du sol, remplacer l’aide médicale d’État par l’aide médicale d’urgence…

Les deux projets seront déposés cette semaine et devraient être à l’ordre du jour des deux chambres du parlement en automne. La France risque encore de se déchirer.

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