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Inondations en Algérie : « Ça ira de mal en pis »

Inondations en Algérie : « Ça ira de mal en pis »

Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le nord de l’Algérie samedi ont provoqué la mort de trois personnes et des dégâts matériels importants à Alger.

La Protection civile a fait état, dimanche, de 300 interventions dans dix wilayas, dans leur écrasante majorité à cause des inondations provoquées par les pluies. Des routes ont été inondées et des dizaines de domiciles ont été infiltrées par les eaux, ce qui a nécessité l’évacuation des résidents.

| Lire aussi : Inondations en Algérie : le prix de l’incurie et de l’incivisme

Des scènes qui se répètent à chaque saison des pluies sans que des solutions définitives soient trouvées.

« Rien ne se fait sur le terrain »

Au grand dam des populations et des experts qui n’ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme, en particulier depuis les inondations meurtrières de Bab El Oued de novembre 2011. Depuis, les inondations se suivent cycliquement dès les premières pluies d’automne.

Le changement climatique et les fortes précipitations n’expliquent pas tout. Un autre facteur est pointé par les experts : l’urbanisation sauvage qui défigure la capitale et les villes algériennes en général.

« Depuis les inondations de Bab El Oued, nous n’avons pas cessé de rappeler, de conseiller et de recommander. Nous avons même organisé, il y a à peine 6 mois de cela, une conférence nationale avec les différents départements ministériels et nous avons présenté des recommandations pour le court, moyen et le long terme mais, malheureusement, rien ne se fait sur le terrain », déplore le Pr Abdelkrim Chelghoum, directeur de Recherche à l’université de l’USTHB et membre du Club algérien des risques majeurs, contacté par TSA.

Pour ce spécialiste, la récurrence des inondations ne va pas s’estomper. « Ça ira de mal en pis à cause du changement climatique, l’aménagement aléatoire et l’urbanisation débridée », met en garde le Pr Chelghoum qui met en cause les constructions dans des oueds et dans des zones inondables.

Le spécialiste se dit désolé par les images des inondations qui ont touché samedi la capitale, « le miroir » du pays. « Tout était paralysé. Les routes se sont transformées en oueds, et les automobilistes ont été bloqués pendants des heures », ajoute Chelghoum.

Constructions érigées dans des lits de oueds

Les trémies inondées sont un autre point noir dans la capitale. « Les trémies sont construites pour éviter les risques. Elles sont devenues le risque », remarque le spécialiste des risques majeurs.

Le Pr Chelghoum propose quelques pistes pour limiter autant que faire se peut les conséquences dramatiques des inondations. « Il faut d’abord cartographier toutes les communes d’Alger et les risques éventuels. On connait les zones sismiques qui les traversent, les zones inondables et liquéfiables, etc. Il faut une superposition des risques avec les infrastructures et les populations », recommande l’expert.

Dans la deuxième étape, le Pr Chelghoum propose de prévoir les aménagements et les écoulements des eaux, tout en fustigeant le « trompe-l’œil » que sont les avaloirs souvent pointés comme le facteur aggravant des inondations.

« On implante 4 000 logements dans un lit d’oueds. À Chéraga, il y a 5 oueds sur lesquels des logements ont été érigés ; même chose  à Ouled Fayet et au Val d’Hydra. Le quartier de Sidi Yahia est un oued dangereux devenu les « Champs Élysées » (d’Alger) », liste Abdelkrim Chelghoum.  « Ce n’est pas normal tout cela », estime-t-il.

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