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Israël – Palestine : le difficile exercice d’équilibriste d’Emmanuel Macron

Israël – Palestine : le difficile exercice d’équilibriste d’Emmanuel Macron

« J’espère avoir convaincu chacun », a déclaré le président français Emmanuel Macron à l’issue de sa tournée au Proche-Orient qui l’a menée en Israël, dans les territoires occupés, en Jordanie et en Égypte. Emmanuel Macron s’est essayé au difficile exercice de plaire à tout le monde dans un dossier aussi complexe que sensible.

Toutefois, si son fameux « En même temps » a plus ou moins marché en France depuis six ans, il semble moins fonctionner en politique étrangère, de surcroît dans ce conflit clivant du Moyen-Orient. À Ramallah, où siège l’Autorité palestinienne, il n’a pas pu faire oublier Jacques Chirac, dont l’une des rues de la ville porte le nom. Des manifestants l’ont accueilli en brûlant son portrait.

Dans la région, Emmanuel Macron était précédé par le soutien sans faille qu’il a apporté à Israël depuis l’opération « Déluge d’Al Aqsa » déclenchée par le Hamas le 7 octobre et, plus globalement, par l’alignement de la diplomatie française sur la politique étrangère des États-Unis depuis une quinzaine d’années.

Il partait donc avec un énorme boulet et il était illusoire d’attendre de lui qu’il fasse bouger les lignes d’un conflit sur lequel bute la diplomatie mondiale depuis trois-quarts de siècle.

Et pour ne rien arranger, Emmanuel Macron s’est laissé aller à des légèretés, en improvisant notamment devant le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, cette idée de combattre le Hamas palestinien, comme le monde l’avait fait il y a quelques années avec Daech.

La « proposition » -si c’en était vraiment une- d’Emmanuel Macron est bien entendu restée sans suite. Elle a tout juste été saisie au vol par l’opposition interne, notamment de gauche, comme une preuve supplémentaire que le président mène la France sur la mauvaise voie.

Emmanuel Macron avait apporté son soutien à Israël dès les premières heures de l’attaque du Hamas, samedi 7 octobre, lui reconnaissant le « droit de se défendre » avant même le début des représailles qui causeront, 20 jours plus tard, plus de 7.000 morts, dont des milliers de femmes et d’enfants.

Israël – Palestine : Emmanuel Macron marche sur les œufs

En Israël, il a gardé sa rhétorique, ne prononçant pas une seule fois le mot désormais tabou de « cessez-le-feu ». Et cela n’a échappé à personne, encore moins aux Palestiniens qui ne perdent pas de vue non plus que c’est la France qui, avec les États-Unis, a mis son véto contre une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Le mot ici signifie cessation des bombardements de l’aviation israélienne sur la population civile de la bande de Gaza.

Il est vrai aussi que, par rapport à tout ce qu’il a pu dire et faire jusque-là, de son soutien inconditionnel à Israël à l’interdiction des marches pro-palestiniennes en France, Emmanuel Macron a tenté d’équilibrer son discours lors de sa tournée au Proche-Orient.

Il a expliqué à son vis-à-vis israélien que la riposte ne doit pas être sans limites et il a plaidé pour la relance du processus de paix, mis aux oubliettes depuis plusieurs années. Il est sans doute le premier dirigeant d’un grand pays occidental à le faire d’une manière aussi directe depuis le début des événements en cours. Sans toutefois rien suggérer de concret pour sortir de l’impasse.

Ses seules annonces concrètes portent sur la prise en charge des retombées de la guerre, comme l’envoi d’un navire-hôpital à Gaza pour soigner les blessés ou encore d’avions chargés de médicaments et d’aide humanitaire pour les rescapés des bombardements.

D’un chef d’État d’une grande puissance et du pays occidental le plus proche du monde arabe, il était attendu en pareille circonstance un plaidoyer clair et un ton ferme pour un cessez-le-feu immédiat.

Palestine – Israël : décalage entre l’Occident et le monde arabe

C’est ce qui a manqué dans son discours et c’est ce que les Palestiniens et le monde arabe retiennent en premier. Emmanuel Macron a préféré se mettre sur une ligne de crête entre l’armée israélienne qui bombarde et la population de Gaza qui meurt. Il est évident qu’une telle posture n’aide pas à « convaincre tout le monde ».

Le président Macron l’a sans doute constaté lors de sa tournée en Israël, en Jordanie et en Égypte. Le décalage entre les positions de l’occupant israélien et l’Occident et celles des pays arabes de la région. D’abord sur le deux poids, deux mesures des pays occidentaux qui condamnent les attaques du Hamas sans dénoncer les bombardements israéliens contre les civils palestiniens.

Puis, sur le fond du problème. Si pour les premiers, l’objectif est de se débarrasser du Hamas qu’ils qualifient de groupe terroriste, pour les seconds, il s’agit de régler le problème palestinien, avec la création d’un État palestinien sur les frontières de 1967 avec comme capitale Al-Qods, le troisième lieu saint de l’islam après la Mecque et Médine.

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