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L’affaire des étudiants arnaqués résumée en trois points

L’affaire des étudiants arnaqués résumée en trois points

L’affaire des étudiants algériens arnaqués après avoir cru en des promesses de faire des études à l’étranger continue de défrayer la chronique.

En quelques jours, cette affaire a connu une accélération jusqu’à la mise en détention provisoire de onze personnes suspectées d’être à l’origine de l’escroquerie qui a coûté des sommes importantes aux victimes.

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Parmi les suspects figurent des influenceurs célèbres comme Rifka, Stanley et Numidia Lezoul. Ce scandale a éclaté après les témoignages des étudiants arnaqués qui ont été diffusés sur les réseaux sociaux.

Eclatement du scandale

Le 15 janvier, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) annonce l’arrestation de suspects dans l’affaire d’escroquerie d’étudiants souhaitant étudier en Ukraine, en Turquie et en Russie.

Ces arrestations sont le résultat d’une enquête lancée depuis la mi-décembre 2021 par la Sûreté nationale, via son service central de lutte contre le crime organisé et en coordination avec les autorités judiciaires.

L’affaire d’escroquerie a mis en lumière 75 étudiants algériens escroqués par une société fictive, qui leur a fait miroiter la perspective de poursuivre des études à l’étranger. Au cœur de l’affaire, les influenceurs Boudjemline Farouk alias Rifka, Numidia Lezoul et Aberkane Mohamed dit Stanley, et l’influenceuse Ines Abdelli (mineure).

Tôt dans la matinée de jeudi 20 janvier, le juge d’instruction près le tribunal de Dar El Beida (Alger) a placé les trois premiers influenceurs sous mandat de dépôt, dans le cadre de l’examen de l’affaire des étudiants arnaqués. Ines Abdelli a été placée sous contrôle judiciaire.

Ce que leur reproche la justice

Les prévenus, dont le responsable de la société « Future Gate », sont poursuivis pour de lourds chefs d’inculpation : association de malfaiteurs, vol et escroquerie. Ils auraient soutiré indûment des sommes astronomiques aux victimes. Les prévenus risquent de lourdes peines de prison.

En fin d’après-midi, le juge d’instruction de ce tribunal a donné quelques détails sur cette affaire. Il a expliqué que la société fictive incriminée a « obtenu des fonds en monnaie nationale et en devise et traite avec des bureaux à l’étranger, en coordination avec des personnes de différentes nationalités supposées assurer le paiement des frais, et ce avec la participation d’influenceurs connus via les réseaux sociaux qui ont contribué dans une large mesure à faire la promotion de cette société écran en Algérie et à l’étranger ».

Il a indiqué que les prévenus sont poursuivis pour des actes à caractère « criminel et délictuel ». Il ajouté qu’il est demandé au juge d’instruction « de délivrer des commissions rogatoires nationales et internationales ainsi que des mandats d’arrêt internationaux ».

Quel est le poids des influenceurs ?

Cette affaire remet au goût d’un jour le poids et le rôle des influenceurs en Algérie. Pour le spécialiste en communication Mohand Cherif Amokrane, cette influence « n’est pas normale ».

« Normalement dans n’importe quelle situation, on s’adresse à ceux qu’on appelle les autorités cognitives. Par exemple, dans le domaine de la médecine, je dois consulter un médecin et dans le domaine universitaire je consulte un professeur ou un expert, etc. Mais je ne vais pas faire confiance au jugement d’une personne, juste parce qu’elle est célèbre ou que j’en suis fan », explique-t-il.

Mohand Cherif Amokrane relativise l’influence des acteurs du net. « Ils ont une grande influence mais pas sur tous les sujets. Par exemple, si ces influenceurs étaient ce qu’ils prétendent être, on serait prêt à leur donner des milliards pour par exemple éradiquer la drogue chez les jeunes si ces derniers sont prêts à les écouter sur ce plan. Par contre, ils peuvent les écouter sur des sujets qui ne forcent pas ces jeunes à faire un grand effort », détaille-t-il, en faisant référence à la promotion des marques.

« Ce n’est pas une décision qui pèse. Mais lorsqu’il s’agit de changements de comportements, c’est là où on peut voir la capacité d’influencer », indique le spécialiste de la communication publicitaire.

Selon Mohand Cherif Amokrane, l’influence de ces youtubeurs ou instagrameurs se matérialise surtout sur le mode de vie de leurs « followers ».

Selon lui, il y a le risque que les jeunes qui tentent de s’identifier à ces influenceurs soient déçus. « Ils sont en train de faire rêver une grande partie des jeunes. Ce qui veut dire qu’il y a une partie importante des jeunes qui sera déçue et qui aura bâti ses rêves et ses ambitions sur quelque chose qui ne se réalisera jamais. En même temps, cette jeunesse aura perdu du temps qu’elle aurait pu consacrer à des choses beaucoup plus sérieuses : apprendre, acquérir des compétences, développer ses qualités personnelles, etc. », fait observer le communicant.

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