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L’Algérie est-elle assez armée pour lutter contre les incendies ?

L’Algérie est-elle assez armée pour lutter contre les incendies ?

L’Algérie a été endeuillée en ce début de semaine par des incendies qui ont fait au moins 34 morts et des dizaines de blessés.

La wilaya de Béjaïa est la plus touchée avec 22 morts, dont dix militaires, et 194 blessés selon un bilan de la direction de la santé dévoilé par Radio Soummam lundi. Au niveau national, le dernier bilan du ministère de l’intérieur fait état de 34 décès.

Ce mardi, le ministère de l’Intérieur a annoncé que 80 % des incendies ont été éteints.

Ces dernières années, l’Algérie a connu plusieurs séries d’incendies qui ont causé des pertes humaines et matérielles considérables. Qu’est ce qui rend les forêts algériennes si vulnérables aux incendies qui provoquent un nombre important de décès ?

Contacté par TSA ce mardi, le conservateur principal du Parc national du Djurdjura, Ahmed Alileche pointe des « déficiences » dans les dispositifs de lutte contre les incendies mais aussi « un manque de moyens humains et matériels ».

« Il n’y a pas une stratégie pertinente de lutte contre les feux de forêts. Il y a les volets prévention et intervention. Quand on parle de prévention, il faut mettre les moyens humains et matériels et d’aménagements des forêts. Une fois le feu déclenché, il faut maîtriser les techniques de lutte. La végétation dans nos forêts est pyrophile à l’image du chêne vert, le liège, le pin d’Alep. Il faut une volonté politique réelle de se doter d’un dispositif efficace de prévention contre les incendies », explique Ahmed Alileche.

Il ne faut pas attendre que des drames surviennent pour intervenir, selon le conservateur principal du Parc national du Djurdjura qui préconise d’investir en amont pour réduire les risques et lutter contre les facteurs qui favorisent les départs de feu dans les forêts.

Les moyens humains et matériels manquent terriblement ce qui entrave la mise en place d’un dispositif de lutte convenable face aux incendies, ajoute-t-il.

Feux de forêts en Algérie : les dispositifs de prévention et d’intervention sont à revoir

« Nous n’avons pas assez d’effectifs pour couvrir toutes les forêts et effectuer une surveillance efficace. Nous n’avons plus de saisonniers et les départs à la retraite ne sont pas remplacés. Le parc roulant est ancien. Les moyens matériels ne sont pas à la hauteur », regrette Ahmed Alileche.

Le constat est posé. L’Algérie n’est pas armée de la meilleure des manières pour lutter contre les incendies auxquels elle est exposée comme l’ensemble de la région méditerranéenne en été avec les vagues de grosses chaleurs et la sécheresse.

Du point de vue de l’aménagement, des travaux de construction de bande de débroussaillement de sécurité dans les axes routiers et des pistes agricoles sont effectués mais restent insuffisants selon Ahmed Alileche.

Les raisons des départs de feu sont diverses, selon le conservateur principal du Parc national du Djurdjura. « Cela va du simple mégot de cigarette, au barbecue mal éteint. Il y a aussi à un degré moindre les bouteilles en verre jetées de manière anarchique. À ce sujet, les autorités locales doivent sévir. Par exemple, à Bouira et Tizi Ouzou, les walis ont pris une décision d’interdire les campings en forêts entre le 1er mai et le 31 octobre, c’est positif mais ce n’est pas suffisant », détaille-t-il.

Incendies en Algérie : le rôle des autorités et des citoyens

Ahmed Alileche pointe également l’absence de débroussaillement devant les zones habitables. Selon lui, les autorités doivent obliger les ménages et les commerces à débroussailler pour empêcher la propagation des flammes en cas de départ d’incendie.

Il existe des techniques de lutte contre les incendies comme les tranchées pare-feu, la construction de pistes pour permettre aux véhicules de manœuvrer dans les zones forestières, la plantation d’arbres qui empêchent la propagation des flammes comme le figuier de barbarie, qui doivent être renforcés selon Ahmed Alileche.

Le conservateur principal du parc national de Djurdjura recommande de construire des points de rétention d’eau dans les forêts pour faciliter l’intervention des équipes en cas d’incendies ainsi que la mise en place de miradors un peu partout pour surveiller de manière efficace les départs de feu « car les premières minutes sont très importantes ».

La sensibilisation des populations contre les incendies doit être accentuée selon Ahmed Alileche qui accorde beaucoup d’importance à ce volet. « Tout le monde est concerné. C’est une lutte qui doit se faire chaque jour. Il ne faut pas attendre les drames pour agir », a-t-il conclu.

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