Économie

« L’arrêt des importations a boosté les plantations d’arbres fruitiers en Algérie »

S’il y a bien un produit qui ne passe pas inaperçu au stand Algérie du Salon international de l’agriculture à Paris (24 février – 3 mars) à Paris, ce sont bien les clémentines exposées par la Compagnie algérienne trading Mitidja (CATM).

Une entreprise fondée en 1993 qui revendique aujourd’hui la plantation d’arbres fruitiers sur 2.000 hectares en Algérie.

Ces plantations sont réalisées sur des terres privées ou en partenariat avec des fermes d’État dans plusieurs régions du pays : Boufarik, Sidi Bel Abbès, Chlef ou Aïn Defla. Chacune d’elle apportant saveur de terroir ou précocité.

Essor de la plantation d’arbres fruitiers en Algérie

À Aïn Defla, 90 % des surfaces sont plantées de jeunes arbres. « Cette année, elles ont commencé à donner », confie à TSA Taher Tahar, le représentant de l’entreprise au Salon de l’agriculture Paris 2024.

Tout en gardant un œil sur les produits exposés sur le stand, il poursuit : « Ce sont 600 hectares d’agrumes de différentes espèces ainsi que 100 autres hectares de pêchers et de nectarines qui dans 3 à 4 ans donneront un maximum de production. »

À Sidi Bel-Abbès, ce sont 20 variétés différentes de raisin qui ont été plantées sur 300 hectares. La plantation s’est faite selon le mode Pergola, à près de 2 mètres de hauteur. Parmi les variétés, il en est une particulière qui permet de produire du raisin sec. Un produit auparavant importé des États-Unis et qui présent sur le stand Catm dans des caissettes de 5 kg.

À ses débuts, la CATM a fait appel à des ingénieurs venus d’Afrique du Sud, d’Espagne et de France. Parmi leur cahier des charges, le suivi des plantations, mais également la formation du personnel aux nouvelles techniques.

L’ensemble du verger Catm permet aujourd’hui un échelonnement des productions tout au long de l’année de janvier à décembre. Ainsi se succèdent pommes, agrumes, pêches, nectarines, abricots, prunes, cerises, pommes puis raisin.

Un échelonnement qui permet d’approvisionner durant toute l’année l’unité de conditionnement de l’entreprise de Tessala El Merdja (Alger).

Sur 11.000 mètres carrés installés sur deux niveaux, deux machines importées, l’une de France et l’autre des Pays-Bas, permettent de laver, trier, calibrer et mettre en caisse l’ensemble des fruits qu’un ballet de camions ramène depuis les différents vergers.

La CATM ne vend pas ses produits au détail, mais à des grossistes qui assurent à leur tour l’approvisionnement des magasins de détail en Algérie. Le sigle de la CATM est devenu une référence. Les acheteurs ont l’assurance que, dans une caisse de fruits, ceux du fond sont aussi présentables que ceux du dessus.

Irriguer des milliers d’arbres dans un environnement méditerranéen demande d’énormes quantités d’eau. Aussi CATM a-t-elle fait le choix de l’irrigation localisée par goutte à goutte.

Afin de parer à toute rupture d’approvisionnement en eau, les multiples forages dont sont dotés les différents vergers de cette entreprise permettent de remplir plusieurs grands bassins aux parois recouvertes de géo-membranes imperméables à l’eau.

Des vidéos de l’entreprise montrent l’ampleur des travaux réalisés lors de la construction de ces bassins. Sur une surface équivalente à plusieurs stades de football, des engins de terrassement creusent une immense fosse destinée à devenir le réservoir d’eau. Des travaux qui permettent aujourd’hui à l’entreprise de disposer d’une capacité de stockage d’un million de m3 d’eau.

L’arrêt des importations des fruits a profité à la production locale

Questionné à propos de l’actuelle abondance d’agrumes sur le marché algérien, le représentant de Catm a expliqué que « c’est l’arrêt des importations en 2016 de toute catégorie de fruits qui a suscité le goût à l’investissement dans le domaine de l’arboriculture » en Algérie.

Signe de cette confiance, l’entreprise possède sa propre pépinière. Sur les 4 hectares dédiés à cette activité, jusqu’à 60.000 plants sont produits annuellement.

Une activité qui a permis de passer d’une couverture de 30 % à une quasi autosuffisance si ce n’est le cas des plants importés lors de l’introduction de nouvelles variétés. Entre production de jeunes plants et de fruits, conditionnement et commercialisation, la CATM développe un nouveau mode d’intégration.

Dans ses activités, l’entreprise revendique sur son site Internet une « responsabilité sociale ». Ainsi, avec ses investissements à Aïn-Defla, la CATM indique avoir contribué au développement de l’arboriculture et à la création « d’un cluster spécialisé dans le fruit précoce ».

Ce qui a permis de contribuer « activement dans le développement régional et à résoudre en partie les problèmes dû au chômage. »

L’apparition de grands investisseurs dans le domaine agricole est relativement récente en Algérie. Une évolution que note l’agro-économiste, Omar Bessaoud, dans un récent numéro de la revue Insaniyat.

À propos des changements opérés ces dernières années, il relate l’apparition d’un « modèle concessionnaire ». L’universitaire s’interroge sur ces nouveaux acteurs sociaux et notamment concernant le risque « d’une surexploitation de l’eau d’irrigation confiées à des investisseurs privés ».

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