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L’attaque du Hamas contre Israël accentue les divisions du monde

L’attaque du Hamas contre Israël accentue les divisions du monde

« Pour certains, l’Histoire ne commence que lorsque des Israéliens sont tués. » Cette phrase prononcée par le délégué de la Palestine auprès de l’ONU, Riyad Mansour, résume des décennies de deux poids, deux mesures des Occidentaux, sourds et aveugles devant les milliers d’enfants tués par les bombardements épisodiques de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza, mais prompts à condamner fermement la moindre attaque palestinienne contre Israël.

Le délégué palestinien s’exprimait à l’occasion de la tenue dimanche 8 octobre d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux événements en cours dans la bande de Gaza et en Israël.

Sans surprise, les États-Unis ont exigé des membres du Conseil une condamnation « unanime » de l’attaque du Hamas sur le sud et le centre d’Israël.

Mais le premier protecteur d’Israël depuis sa création il y a trois-quarts de siècle a essuyé un échec retentissant. Certains pays ont suivi l’injonction américaine.

Mais « évidemment pas tous », a reconnu l’ambassadeur américain Robert Woods. « Vous pouvez certainement identifier l’un d’entre eux sans que je dise quoi que ce soit », a-t-il poursuivi. L’allusion est évidemment à la Russie qui d’habitude s’abstient lors de ce genre de vote.

La Chine aussi a refusé de faire dans le deux poids, deux mesures de l’Occident et son ambassadeur Zhang Jun a condamné « toutes les attaques contre les civils », y compris donc celles de l’armée israélienne contre la bande de Gaza qui ont fait plus de 400 morts en deux jours, des civils pour la plupart.

Lorsque l’Occident s’était unanimement indigné devant l’attaque de l’Ukraine par la Russie en février 2022, de nombreuses voix avaient dénoncé une indignation sélective, rappelant le silence complice de Washington et de ses alliés devant ce qui se passe en Palestine depuis plusieurs décennies.

Avec les évènements du 7 octobre que certains considèrent comme le 11 septembre d’Israël, Paris, Londres, Washington et les autres ont confirmé que leur vision de la légalité internationale et des droits de l’Homme est à géométrie variable.

L’absence d’unanimité au Conseil de sécurité concernant la question palestinienne n’est pas nouvelle, mais dans les circonstances actuelles, elle constitue une occasion pour rappeler au monde le fond du problème en Palestine, à savoir que, ce que l’Occident qualifie de « terrorisme du Hamas » n’est que la résultante du terrorisme d’Etat que pratique le gouvernement israélien et de son refus de se soumettre à la légalité internationale.

L’ambassadeur de la Russie à l’ONU a plaidé pour « la fin immédiate des combats, un cessez-le-feu et des négociations significatives », c’est-à-dire sur le fond du problème palestinien. Pour lui, cette situation est le résultat en partie de « problèmes non résolus ».

Même en Israël, le véritable responsable de ce qui arrive est pointé du doigt

L’Occident officiel a exprimé son soutien inconditionnel à Israël par les déclarations et par les actes. Les États-Unis ont même annoncé l’envoi d’un de leurs porte-avions en Méditerranée orientale.

Mais de nombreuses voix sensées, en Europe, en Amérique et jusqu’en Israël, ont mis le doigt sur la source réelle de l’instabilité et de la violence en Palestine, en Israël et dans tout le Moyen-Orient : la politique des gouvernements israéliens successifs qui agissent « comme si les Palestiniens n’existaient pas », pour reprendre l’expression du journal israélien Haaretz.

Le gouvernement actuel, dirigé par Benyamin Netanyahou et comprenant des personnages parmi les plus extrémistes de la classe politique israélienne, est qualifié de « plus à droite de l’histoire d’Israël ».

Netanyahou est allé plus loin que ses prédécesseurs dans l’intensification de la colonisation et la spoliation des Palestiniens, tuant chaque jour un peu plus la « solution à deux Etats ». L’Occident qui feint d’œuvrer pour une telle issue, a laissé faire.

Gaza vit depuis 15 ans sous un blocus inhumain et doit épisodiquement subir les bombardements de l’aviation israélienne. Là aussi, la partie du monde qui s’indigne aujourd’hui n’a rien dit.

Le journal Haaretz a écrit dans un éditorial retentissant que l’unique responsable de ce qui arrive à Israël c’est le Premier ministre Netanyahou. Mais l’Occident aussi est responsable, ainsi que les dirigeants arabes qui lui ont offert la reconnaissance sans contrepartie.

Les langues commencent à se délier et l’attaque du Hamas pourrait faire bouger les choses dans les prochains jours.

Oubliée par la communauté internationale, presque enterrée par la vague de normalisations « gratuites« , la question palestinienne revient au-devant de la scène internationale. Plus que leurs éclats sur le terrain, c’est le plus grand succès des combattants palestiniens.

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