Société

Le continent blanc va mal !

Contribution. Il y a quelques années de cela, j’ai séjourné dans le cadre d’une mission internationale, en tant que coordonnateur du Groupe Afrique pour les négociations sur le climat, en compagnie d’Érik Solheim, l’actuel Secrétaire exécutif du Programmes des Nations unies pour l’Environnement en Antarctique dans le Pôle Sud.

Un Algérien en Antarctique

Le gros porteur qui nous transportait sur le continent blanc a atterri en pleine mer de glaces, au milieu de nulle part, sous une température de moins 30°C.

Dans cet univers de glace s’étalant sur tout un continent, quelques courageux scientifiques (américains, russes, canadiens…), bravant l’adversité du grand froid, l’isolement, étudiaient sans répit l’évolution de l’Antarctique face aux dérèglements climatiques afin de mieux informer la communauté et l’opinion internationale.

Les signes avant-coureurs du changement étaient déjà perceptibles à l’œil nu : dérives des glaces, séparations des icebergs, élévation du niveau de  l’océan austral…

Depuis, ces tendances négatives se sont hélas accentuées et nos craintes se sont avérées justes. C’est ce qu’atteste, malheureusement, le dernier rapport de la NASA, paru dans la revue anglophone Nature…

J’ai estimé nécessaire de rapporter fidèlement pour nos amis lecteurs ces faits afin d’aider, sans verser dans la sinistrose, à l’émergence d’une prise de conscience nationale quant la question dramatique du dérèglement climatique et de ses conséquences pour nous.

Les scientifiques alertent

Recouvert par 98% de glaces permanentes, l’Antarctique, ce continent blanc appelé également « l’Inlandsis » est de nos jours un terrain de convoitise pour les grandes puissances attirées par ses richesses minières, mais pas que…

Il est également un sujet de recherche et surtout d’inquiétudes pour les experts et les scientifiques !

Une découverte récente des scientifiques de la NASA qui étudient les océans depuis quelques décennies, retentit comme une alerte forte quant à la remontée des mers et des océans et leur impact sur le changement climatique.

Ces observations méthodiques, collectées par satellites sur deux décennies, relèvent une fonte accélérée de l’Antarctique, ce continent blanc situé au Pôle Sud.

Les glaces fondent trois fois plus vite qu’avant…

Les glaces fondent à une vitesse sans équivalent, trois fois plus vite qu’avant. Jusqu’en 2012, le continent blanc perdait, par année, environ 76 milliards de tonnes de glace.

Depuis cette date, les pertes, toujours selon l’étude parue dans la revue Nature, se sont accélérées et se sont élevées considérablement pour représenter le triple, soit 220 milliards de m² par an : un rythme qui sonne comme une énorme alerte qui nous interpelle quant à l’élévation du niveau des mers et des océans.

3000 milliards de tonnes de glaces perdus en 25 ans

Près de 3000 milliards de tonnes de glaces ont fondu en un quart de siècle, et cette tendance s’est accélérée depuis 2012 de manière spectaculaire. C’est assez pour faire remonter le niveau des mers et des océans, selon 84 scientifiques, de près de 10 millimètres par an.

Ces tendances nous dressent une image saisissante, réelle de la catastrophe en marche, qui menace la planète bleue. 6500 km² sont déjà tombés dans la mer.

Une menace pour des centaines de millions de personnes

Les îles et les régions côtières sont en première ligne de cette avancée des eaux et de la remontée des mers et des océans.

Les populations qui y vivent sont aujourd’hui en situation de survie et constituent des zones de départ pour des réfugiés climatiques en puissance. Ils viendront aggraver le mouvement chaotique des populations en cours dans le monde.

L’image complète établie par les scientifiques de la « Jet Propulsion Laboratory » de la NASA est sans équivoque. Elle confirme l’inquiétude des scientifiques quant à la relation entre la fonte des glaces, la séparation des icebergs et le changement climatique. L’eau prend plus de place lorsqu’elle se réchauffe et migre plus facilement face à la dilatation thermique.

Le niveau de la mer grimperait de 60 mètres si…

L’Antarctique est en passe de devenir la principale cause de la hausse des mers, si cette tendance n’est pas infléchie.

Si toute cette masse de glaces du continent blanc – qui est la principale réserve d’eau douce de la planète – fond, le niveau des mers grimperait de 60 mètres et immergerait une grande partie de la planète.

Il y va de l’avenir de la planète…

Il n’y a plus d’incertitudes. La perte de glaces s’est accélérée et la situation s’aggrave chaque année.

Des mesures et des actions de riposte doivent être prises rapidement par la communauté internationale car l’avenir de notre planète et le futur du vivant de cette terre sont liés consubstantiellement aux dérèglements climatiques en cours dans l’Antarctique et au sein de la mer australe…

Le Pôle Nord n’est pas de reste…

Quelques temps plus tard, j’ai séjourné au Pôle Nord, toujours dans le cadre d’une mission internationale afin de constater l’évolution de l’Arctique face aux changements climatiques…

Nous y reviendrons dans un prochain article…


Une contribution de Monsieur Cherif Rahmani;

Ambassadeur des Désert et des Terres arides;

(Convention des Nations Unies pour la Lutte Contre la Désertification);

Président de la Fondation des Déserts du Monde;

Membre de l’organisation internationale « Leaders pour la Paix »;

Ancien ministre.

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