Au Maroc, l’approche de libéralisation du dirham a créé un mouvement de panique chez les opérateurs économiques. Prévue progressivement à partir du deuxième semestre 2017, la libéralisation fera dépendre le taux de change de la monnaie marocaine de l’offre et de la demande. Actuellement, le dirham est fixé par les autorités monétaires marocaines sur la base d’un panier représentatif de l’euro et du dollar, à raison respectivement de 60% et 40%, rappelle Le Figaro.
Le dirham attaqué
La date de l’entrée officielle du nouveau système de change sera officiellement annoncée à la fin de ce mois de juin. Mais la perspective de la libéralisation de la monnaie a provoqué une ruée des banques et des opérateurs économiques sur le marché de devises. Les opérateurs veulent anticiper les répercussions négatives potentielles que pourrait engendrer le flottement du dirham, d’après Yabiladi.
Selon les spécialistes, l’une des conséquences de cette réforme pourrait être la dépréciation pure et simple du dirham dans un contexte économique difficile. Une dépréciation qui pourrait avoir des effets néfastes, notamment sur les banques, selon eux.
Afin de mettre fin à ce mouvement de panique, le gouverneur de la banque centrale marocaine (Bank Al Maghrib), Abdellatif Jouahri, s’est exprimé le 20 juin devant la presse. Pour lui, il ne s’agit pas d’ « une dévaluation » de la monnaie marocaine, mais plutôt « une opération de flexibilisation volontaire ». « Il n’y aura pas de dévaluation, nous ne sommes pas dans une situation de crise de changes, mais devant une opération de flexibilisation volontaire », a-t-il ajouté. « Le Fonds monétaire international (qui a accompagné les autorités monétaires du pays dans ce processus, ndlr) ne nous a rien imposés. C’est une décision volontaire », a poursuivi M. Jouahri.
Une réforme critiquée
Cette sortie du gouverneur de la banque centrale marocaine ne semble pas avoir rassuré. Selon l’économiste marocain Najib Akesbi cité par Yabiladi, le flottement du dirham est une « décision qui peut être grave et très dangereuse car les conditions objectives ne sont pas réunies ». Parmi les secteurs qui peuvent être sérieusement affectés : le commerce extérieur qui, d’après cet économiste, demeure « structurellement et lourdement déficitaire ».
S’ajoutent à cela les réserves de change marocaines, déjà bien insuffisantes, qui risqueraient très vite de s’amenuiser. « Les réserves de change sont la vraie défense et l’arsenal de protection du cours du dirham », a-t-il prévenu.
Dans ce contexte, l’exemple égyptien est sur toutes les lèvres. Poussées par le FMI à engager des réformes pour obtenir une ligne de crédit de 12 milliards de dollars, les autorités égyptiennes avaient libéralisé la livre en avril 2016. Le Caire a dû laisser dévaluer sa monnaie, la livre égyptienne, et réduire drastiquement les subventions d’État, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’alimentation, rappelle Le Monde. Résultat : l’inflation annuelle s’élève à 31,46 % en avril, selon la Banque centrale d’Égypte.