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L’écrivain Yasmina Khadra attire la grande foule en Algérie

L’écrivain Yasmina Khadra attire la grande foule en Algérie

L’écrivain algérien Yasmina Khadra, connu dans le monde entier, a achevé une tournée de promotion de son dernier roman « Les Vertueux » qui sortira le 24 août.

Sur six dates retenues initialement, Mohamed Mouleshoul n’en a retenu que trois, en raison d’une tendinite au bras. Le 14 juillet sur sa page Facebook, Yasmina Khadra s’excusait auprès de ses lecteurs algériens.

« J’aurais aimé faire plus, mais je suis en rééducation et redoute une aggravation de mon mal, raison pour laquelle j’avais annulé tous les salons 2021-2022 en France. Toutes mes excuses à ma fratrie de Bejaïa, de Skikda et de Miliana pour l’annulation de dernière minute ».

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Après le Théâtre régional d’Oran le 16 juillet, l’écrivain était à la Bibliothèque nationale d’Alger, lundi 18 juillet, et a rencontré un public venu très nombreux. La salle était comble.

« Un immense moment de bonheur », décrira Yasmina Khadra en s’adressant à l’audience. « Toutes les générations sont venues. Merci à toutes et à tous, merci aux ambassadeurs, aux journalistes, aux étudiants et aux nombreuses lectrices et aux nombreux lecteurs venus partager avec moi deux heures inoubliables. Le livre ne mourra jamais et il retrouvera la place qu’il mérite en Algérie », écrira-t-il après la conférence sur son compte Facebook.

Lors de cette rencontre avec son public, l’auteur de « Ce que le jour doit à la nuit » ou encore « Les Hirondelles de Kaboul », entre autres œuvres, a exprimé sa joie de voir qu’un écrivain peut intéresser un très large public.

« C’est la preuve que nous continuons de vivre, d’espérer et de rêver. Parce que si on adhère à un livre, on adhère tout simplement à la connaissance, à l’émancipation et surtout à l’estime de soi », a-t-il dit en guise de préambule avant de faire l’éloge de la lecture.

« Quelqu’un qui lit c’est quelqu’un qui se respecte, qui s’intéresse à lui-même. Si nous sommes les amis du livre, nous sommes obligatoirement les amis de l’avenir », a-t-il lancé.

À Tizi Ouzou, mardi 19 juillet, Yasmina Khadra lui-même a fait part de la présence de « plus d’un millier de personnes » dans la salle de la Maison de la Culture Mouloud Mammeri.

Yasmina Khadra a d’ailleurs fait part de son bonheur « d’être parmi les siens ». « Magique, Magique, Magique. Tous les autres mots en deviennent dérisoires », s’est-il ému.

À la maison de la culture de la ville qui porte le nom d’un autre illustre écrivain algérien Mouloud Mammeri, les présents étaient tellement nombreux que l’écrivain s’est excusé de devoir écourter la séance de dédicaces.

« C’était plus fort que moi. Et vous étiez un millier. Une nuit n’aurait pas suffi et mon bras n’aurait pas tenu. Mais je promets de me rattraper la prochaine fois. Un million d’excuses », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Yamina Khadra critique les parlementaires

En marge de la conférence à Tizi-Ouzou, Yasmina Khadra, s’est exprimé devant la presse. Il a commencé par rendre hommage au public venu nombreux l’écouter et échanger avec lui. « Cela ne m’étonne pas du tout, j’ai toujours été très bien accueilli à Tizi-Ouzou. Ici on lit beaucoup, on est très ouvert sur les livres. J’espère avoir proposé à mon lectorat ce que j’estime être le meilleur de moi-même », a-t-il dit.

L’écrivain, traduit dans plusieurs langues et invité dans le monde entier, reconnaît que rencontrer son public algérien revêt un cachet particulier pour lui.

« Je suis très content parce que je suis reconnu par les miens. Je suis doublement fier, parce qu’ailleurs aussi dans toutes les salles où je vais, les salles sont archi-combles. Mais quand c’est chez moi, ça me renforce dans mes convictions », a-t-il affirmé.

Dans la foulée, il répond à ses contempteurs. « Je sais que je ne suis pas en train de perdre mon temps et que contrairement à ce que disent certains, je n’écris pas exclusivement pour les autres. J’ai aussi mon lectorat ici (en Algérie) et il me comprend mieux que n’importe quelle autre nation », a-t-il précisé.

Mais Yasmina Khadra nourrit quelques regrets. Il s’est attristé d’une certaine presse qui, selon lui, ne fait pas suffisamment l’écho de ce qui se produit en littérature.

Cela ne l’empêche pas de se réjouir que le livre soit « en train de retrouver sa place qu’il mérite au sein de la société » algérienne. « Cela ne suffit pas », a-t-il néanmoins noté, exhortant la presse autant que l’école algérienne à s’impliquer dans la promotion de la littérature et la mise en avant des écrivains.

« Il faut que les professeurs programment des ouvrages d’écrivains algériens et (les) inviter.  Il faut que les élèves rencontrent physiquement les gens qui leur racontent des histoires et leur expliquent le monde », a proposé Yasmina Khadra.

Un journaliste l’interroge sur l’absence de chaîne de télévision dédiée à la littérature, Yasmina Khadra s’en est violemment pris aux parlementaires.

« Il faut d’abord que les députés sachent lire. C’est au niveau des Assemblées nationales que les lois se font. Si la littérature n’a pas sa place c’est parce que les gens censés être derrière elle, ne lisent pas. Et c’est tant pis pour eux ! », a lancé le romancier.

Malgré son succès mondial, Khadra laisse transparaître une certaine frustration. Dans une interview à la chaîne Al Hayat, Yasmina Khadra a déploré que la presse arabophone l’ostracise.

Concernant son tout dernier roman « Les vertueux » pour lequel il assure la promotion, Yasmina Khadra dira : « J’ai mis 40 ans pour aboutir à une œuvre pareille. Je veux que les Algériens se l’approprient ».

Cette tournée algérienne de Yasmina Khadra n’est pas passée sans déclarations polémiques. Le célèbre écrivain a affirmé par exemple à la chaîne Al Hayat, que c’est lui qui a « ouvert les portes du monde à la littérature algérienne », ce qui a suscité des réactions mitigées sur les réseaux sociaux. « Depuis quand, les écrivains algériens étaient connus à l’étranger ? » a-t-il interrogé, en indiquant que ses livres sont présents dans 58 pays et traduits dans 53 langues.

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