Économie

Les producteurs algériens de tomate voient rouge

En Algérie, les conserveries de tomate annoncent l’ouverture de la campagne de récolte. Malgré des opérations de repiquage de plants entamées dès mars, les superficies ont diminué. La cause ?

Une augmentation du prix des engrais, des phytosanitaires et un manque d’eau. Sans compter des retards de paiement de la part de certaines conserveries. Les producteurs algériens de tomate voient rouge.

Selon l’agence officielle APS, ces dernières années, la production nationale de concentré de tomate n’a cessé de progresser et à partir de 2020 a permis l’arrêt des importations. L’économie annuelle réalisée par l’Algérie se monte à 40 millions de dollars. Cette production assure le revenu de nombreuses exploitations agricoles.

Plus 50 % sur le prix des produits phytosanitaires

Rencontrés à l’époque cruciale du repiquage, de nombreux producteurs de la wilaya de Tarf ne cachaient pas leurs inquiétudes.

Ainsi, Azzeddine Berkane, président de la filière tomate, confiait à Ennahar TV : « Le prix des engrais azotés est passé de 8.000 DA le quintal à 15.000, le mono-ammonium de phosphore (MAP) est passé de 15.000 à 18.000 dinars. Le prix des produits phytosanitaires a augmenté en moyenne de 40 à 50%. »

Le producteur Mohamed Ayeb ajoute : « On ne s’en sort plus avec les prix d’achat actuels des tomates dont les 4 DA pour chaque kilo produit et les 12 DA/kg versés par les conserveries. Sans compter le manque d’eau. »

Il craint le pire en matière de superficie. Elles seraient passées de 5 000 ha à 2 500 ha. Le producteur Abdelhamid Kraimiya voit une autre cause à la diminution des superficies. Sur la chaîne Hippone News TV, il confiait fin mars : « A cette date, des producteurs n’ont pas été payés pour leur récolte de 2021. Ils n’ont reçu ni les 4 DA/ha, ni les 12 DA/ha des conserveries. »

Atteindre 600 qx/ha pour rentrer dans nos frais

Pour sa part, Azzeddine Berkane, président de la filière tomate, estime à 3 000 ha les superficies pour cette campagne. Avec un sens de la formule, il confie à Ennahar TV : « Avec un rendement de 600 qx/ha on arrive à couvrir nos frais, à partir de 700 qx, on travaille pour l’emblème national et au-delà de 700 qx on gagne de l’argent. » Il précise ne pas parler en son nom mais au nom des agriculteurs.

Dans la parcelle d’Azzeddine Berkane, une vingtaine d’ouvriers, dont beaucoup de jeunes, repiquent à intervalle régulier les plants de tomates le long des gaines d’arrosage par goutte à goutte déjà disposées au sol. Un plantoir dans la main, ils avancent courbés en enfonçant le bout de bois dans la terre meuble, y déposent un jeune plant de tomate et resserrent la terre tout autour.

La mécanisation comme moyen de réduction des charges

Dans l’exploitation voisine, le repiquage est mécanisé. La repiqueuse est attelée à un tracteur. Tournant le dos au chauffeur, trois jeunes sont assis sur la repiqueuse et disposent les plants dans les loges d’un cylindre qui tourne en même temps que le tracteur avance. Un par un, les plants glissent alors le long d’un rail et arrivent dans un sillon avant que deux roues ne rabattent délicatement la terre. Avant que le plant n’arrive au sol, un tuyau délivre une dose calibrée d’engrais.

Quota d’eau insuffisant, manifestation des producteurs

Début juin, durant deux jours à Bouchegouf (Guelma), des producteurs de tomate ont manifesté leur mécontentement. Selon le quotidien El Watan, « ils dénonçaient le manque d’eau d’irrigation en provenance du barrage de Hammam Debagh. »

L’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) avait dû procéder à des lâchers supplémentaires d’eau afin de « sauver la campagne agricole. » Depuis plusieurs années, les services agricoles de la wilaya de Guelma encouragent l’utilisation de la technique d’irrigation par goutte à goutte. Ainsi, en 2016 ce sont 228 hectares qui ont été ainsi irrigués, contre 105 lors de  la campagne précédente.

Mécanisation du repiquage, localisation des engrais sur le rang, irrigation par goutte à goutte, certaines exploitations se sont modernisées et ont nettement réduit leurs charges. Sera-t-il possible de leur demander plus en matière d’économies ?

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